Crise Anglophone : Ayuk Tabe exige la libération des leaders anglophones

Ayuk Tabe

Mon, 12 Dec 2022 Source: Le Jour N°3812

Le président de l'Etat imaginaire de l'Amazonie estime que le gouvernement a l'obligation de respecter la décision prise en novembre 2022 par un groupe d'experts de l'Onu qui demandent aux autorités camerounaises de libérer les leaders incarcérés détenus de manière « arbitraire »

De sa cellule à la prison principale où il est incarcéré depuis le 22 novembre 2018, Ayuk Tabe vient de réagir suite aux conclusions prises le 15 novembre 2022 par un groupe technique des Nations unies sur la détention arbitraire. Ce leader de la crise anglophone, condamné en août 2019 à la prison à vie pour les faits de complicité d'actes de terrorisme souhaite que les autorités camerounaises procèdent à sa libération et celle de ses neuf coaccusés conformément aux conclusions de ce groupe d'experts onusiens. Il demande aux autorités camerounaises de réparer le préjudice qu'ils subissent depuis janvier 2018 date de leur « enlèvement » dans un hôtel nigérian. « Nous avons été enlevés de manière arbitraire en violation des conventions internationales ratifiées par le Cameroun et le Nigeria. Nous demandons aux autorités camerounaises de procéder à notre libération et de réparer le préjudice subi. Nous avons été traités comme des terroristes, nous continuons d'être stigmatisés.» Les dix leaders de la crise anglophone ont été condamnés à la prison à vie par le tribunal militaire de Yaoundé pour les faits de complicité d'actes de terrorisme.

Dans l'entretien accordé au quotidien Le Jour le 30 novembre 2022, Ayuk Tabe se dit satisfait des recommandations des Nations-Unies qui qualifient sa détention et celle de ses coaccusés « d'arbitraires »:

« Nous continuons d'être traités comme des terroristes même si nos conditions de vie en prison se sont nettement améliorées, il reste à déplorer que nous sommes maintenus en prison suite à une décision prise par un tribunal non indé-pendant. C'est déplorable de voir que plus de cinq ans après le déclenchement de la crise anglophone, les personnes d'expression anglaise continuent d'être jugés par les magistrats d'expression francophone. Cette pratique viole les principes de la Constitution camerounaise qui stipule que l'anglais et le français sont deux langues d'égale valeur. Le Cameroun a ratifié les instruments internationaux en matière des droits de l'homme et nous demandons au pays de respecter la déclaration universelle des droits de l'homme qui stipule en son article 9 que : Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé» , a affirmé le leader anglophone.

Le silence du gouvernement

Les autorités camerounaises n'ont toujours pas réagi depuis les conclusions des experts onusiens des droits de l'homme sur la situation des leaders an-glophones.

Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, avait affirmé en août 2019 dans un tweet suite à la condamnation d'Ayuk Tabe et de ses coaccusés que : « la Justice de la République, souveraine et indépendante, s'est prononcée. Le gouvernement en prend acte » .

Ayuk Tabe réitère ses propositions pour un cessez le feu dans les deux régions en crise.

Ce cessez le feu passe par la libération de tous les prisonniers incarcérés, la démilitarisation des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l'amnistie pour les compatriotes exilés. Le leader de la crise soutient que si cette crise a pris des tournures inquiétantes, c'est parce que le gouvernement a préféré faire usage de la violence. Pour Ayuk Tabe, l'organisation du Grand Dialogue national qui avait pour obiectif de résoudre la crise anglophone n'a été qu'une parodie.

Selon Me Amungwa, l'arrestation arbitraire des leaders anglophones au Nigeria et leur déportation vers le Cameroun viole les Conventions internationales sur la protection des réfugiés et des demandeurs d'asile.

L'avocat estime que les dix leaders anglophones ont été victimes d'un kidnapping. « C'est pour cette raison que les experts de l'Onu sur les droits de l'homme exigent que nos clients soient remis en liberté » , précise-t-il.

Source: Le Jour N°3812