D’après le porte-parole du Gouvernement camerounais, le dialogue est le maître mot que le Chef de l’État a instruit à son gouvernement et à l’ensemble de l’État.
Le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary était l’invité Afrique de Radio France International (RFI) le 25 janvier 2017.
RFI: Ça fait deux mois que la crise dure et la contestation ne s’éteint pas. Quel est le message du Gouvernement?
Issa Tchiroma Bakary: Le gouvernement privilégie le dialogue comme toujours. Deux commissions: L’une en charge de rencontrer les syndicats des enseignants et puis l’autre, celui des avocats. Ces deux commissions ont été mises en place, ont travaillé sans relâche avec les uns et les autres. Malheureusement, chaque fois qu’on est arrivé à une solution, il y a toujours eu certaines personnes qui se sont retirées, pour faire de la surenchère verbale, et présenter de nouvelles revendications dont les dernières en date sont le fédéralisme et la sécession. Mais le Gouvernement reste ouvert. Et le dialogue c’est le maître mot que le chef de l’État a instruit à son Gouvernement et à l’ensemble de l’État.
Le consortium de la société civile des anglophones est interdit, son leader est arrêté, internet est coupé, les médias sont menacés de fermeture, le gouvernement choisit tout de même la voie de la répression?
La responsabilité de tout Gouvernement dans le monde et en particulier celui du Cameroun est de préserver l’ordre public. Lorsqu’une poignée d’individus, par la violence, par l’insurrection, par la menace, prend toute une région en otage, il va sans dire que cela est inacceptable pour tout État de droit qui se respecte.
Combien de personnes ont été arrêtées ?
Je ne saurais vous dire le nombre de personnes arrêtées, mais toute personne qui participe aux villes mortes et à l’insurrection doit s’attendre à répondre à la rigueur et aux exigences des Lois de la République.
Le déploiement des forces de défense et de sécurité dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest semble impressionnant. Est-ce que cette manière forte ne risque pas de radicaliser plutôt les sentiments?
Cela donne plutôt de l’assurance aux populations. Par exemple au commerçant qui se trouve dans la violence et qui est obligé de fermer boutique. Aux parents d’élèves qui se trouvent dans l’obligation de garder leurs enfants à la maison. Tous ceux-là apprécient les efforts du Gouvernement. Vous n’avez peut-être pas vu les images où on moleste les élèves qui veulent aller à l’école. On entre dans les salles de classe avec des barres de fer et des gourdins pour obliger les étudiants et les élèves à sortir des salles de classe.
On voit aussi des images de la répression des manifestants.
Ce n’est pas de la répression Madame. Que voulez-vous lorsque vous avez en face de vous des gens qui incitent à la haine et à la violence? Notre constitution fait du Cameroun un État uni, fraternel, bilingue et démocratique. Je dis donc que quiconque se met au travers de ce principe devient manifestement un hors-la-loi
Vous dites ni fédéralisme ni sécession ?
J’ajoute toujours au nom de la loi.
Mais un homme comme le cardinal Christian Tumi explique que le fédéralisme ce n’est pas la division. Pourquoi ne pas discuter de ces thèmes-là?
Nous disons que le fédéralisme est un rétropédalage. Et c’est le peuple camerounais dans son ensemble en 1972 qui a voulu qu’on passe de la fédération à l’unité. C’est pour cette raison que nous célébrons le 20 mai [Fête de l’unité nationale].
Est-ce pour cette raison qu’on arrive aujourd’hui à cette situation d’incompréhension?
Non. Lorsque vous avez à faire à des extrémistes violents qui refusent de regarder les lois de la République, il va sans dire qu’il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Nous disons donc, dans le cadre de la décentralisation, dans le cadre de l’application intégrale du bilinguisme, il n’y a pas de problème qui ne trouve pas de solution.