Crise anglophone: Ahidjo et Biya les deux seuls responsables

Paul Biya Ahidjo La crise anglophone dure et continue de faire des victimes

Sun, 18 Feb 2018 Source: hurinews.com

La crise anglophone actuelle a pour principaux responsables deux hommes : Amadou Ahidjo et Paul Biya. Il s’agit des deux seuls présidents de la République que le Cameroun ait connus depuis près de 60 ans d’indépendance. Ce sont eux qui, pour combler la soif de pétrole de leurs maîtres français qui les ont placés au pouvoir, sont à l’origine de l’assimilation du peuple anglophone du Cameroun et de l’annexion du Southern Cameroon en violation des accords internationaux et même des lois nationales.

S’agissant d’Amadou Ahidjo, ce dernier a été élu président de la République en mai 1960 après avoir été Premier Ministre dès février1958 après avoir poussé à la démission André Marie Mbida. Dès l’accession de l’ex-Cameroun oriental français à l’indépendance, Ahidjo entretenait déjà le dessein diabolique d’intégrer le Cameroun encore sous tutelle de l’ONU assurée par l’Angleterre dans le bloc du Cameroun français.

C’est ainsi que le 20 janvier 1960, Ahidjo a saisi par correspondance l’ONU afin que les deux Camerouns (et non la République du Cameroun, ex-Cameroun oriental français) acquièrent la souveraineté internationale. Dans la tête d’Amadou Ahidjo, le Cameroun était un bloc unique comme au temps de la colonisation allemande.

Ce qu’Ahidjo semblait oublier est qu’il ne pouvait plus se prévaloir de la colonisation allemande pour prétendre à une unité du « Kamerun » à partir du moment où l’Allemagne, en signant le traité de Versailles en 1919, reconnaissait la frontière qui séparait le Cameroun anglais du Cameroun français après les accords Simon-Milner signés en 1917 et abandonnait le « Kamerun » à la France et à l’Angleterre.

Mais le 20 septembre 1960, seule la République du Cameroun sera admise à l’ONU comme membre. En tant que tel, le Cameroun a voté le 19 avril 1961 contre la résolution 1608 qui accordait au Southern Cameroon (actuel région du Cameroun) son indépendance à travers le rattachement à la République du Cameroun par un accord en vue de la création d’un Etat fédéral.

D’après certains historiens, Amadou Ahidjo ne fut pas content des résultats de ce plébiscite. Non pas parce que l’idée du plébiscite allait à l’encontre de l’article 76 (1) de la Charte des Nations Unies qui prescrit que le régime de tutelle conduise les territoires sous tutelle de l’ONU vers l’autodétermination ou l’indépendance, pas vers l’« indépendance en se joignant à… », mais parce qu’il voulait faire du Southern Cameroon, une région du Cameroun. D’où le vote du Cameroun contre l’indépendance du Southern Cameroon dans une union fédéraliste avec la République du Cameroun.

Mais Ahidjo ne va pas s’arrêter là. Lors de la conférence constitutionnelle du 17 au 21 juillet 1961 à Foumban, sous la dictée de conseillers juridiques français, il impose un semblant de constitution fédérale aux représentants du Southern Cameroon. Cette constitution permettait au pouvoir central de s’arroger toutes les compétences au détriment des Etats fédérés.

Au lieu de soumettre ce projet constitutionnel au parlement du Southern Cameroon, Ahidjo fait passer les dispositions de cette « constitution fédérale » à l’Assemblée nationale de la République du Cameroun comme des amendements à la constitution de mars 1960. Celle en vigueur dans l’ex-Cameroun oriental français.

Rappelons que la conférence de Foumban s’est tenue en violation de la résolution 1608 de l’ONU du 21 avril 1961 qui prescrivait que l’Angleterre, « autorité administrante » , prenne part aux travaux. Un traité international entre la République du Cameroun et le Southern Cameroon devait être signé et déposé au secrétariat des Nations Unies en vertu de l’article 102 de la Charte des Nations Unies. Rien de tout ceci n’a été respecté.

Le coup de grâce a été asséné par Ahidjo en mai 1972 lorsqu’il a organisé un référendum sur le passage de l’Etat fédéral à l’Etat unitaire. En violation de l’article 47 (1) de la constitution fédérale du 1er septembre 1961 qui interdisait toute révision de la constitution portant sur la forme fédéraliste de l’Etat. Ce référendum était non seulement illégal mais aussi vicié parce que seuls les Anglophones qui ont accepté le rattachement à la République du Cameroun auraient dû décider d’accepter ou non l’Etat unitaire. Ahidjo le savait. Mais sachant que les populations anglophones n’allaient pas accepter cela et sans consulter le parlement du Southern Cameroon, il a organisé un référendum sur tout le territoire camerounais. Le OUI l’a bien évidemment remporté, les Francophones étant majoritaires.

Le 6 novembre 1982 Paul Biya succède à Amadou Ahidjo. En janvier 1984, Paul Biya, pour accentuer l’illégalité entamé par son prédecesseur, a changé à nouveau la forme de l’Etat. On est passé de République unie du Cameroun à République du Cameroun. L’ancienne appellation du Cameroun français avant la Réunification. Le processus d’annexion du Southern Cameroon s’est donc poursuivi sous Paul Biya. En violation de la résolution 1608, en violation de l’article 47 de la constitution fédérale du Cameroun, l’acte constitutif de l’Etat du Cameroun en tant qu’entité qui intègre les communautés anglophones et les francophones.

Voilà donc comment pour permettre à la France d’avoir la mainmise sur le pétrole qui git dans la zone anglophone, Ahidjo et Biya, de véritables « terroristes institutionnels » et hors-la-loi, ont piétiné les lois nationales et internationales en imposant à la minorité anglophone une unité qui en réalité est une forme d’annexion, d’assimilation en vue d’exploiter les ressources de ce territoire pour engraisser l’élite politique vivant à Yaoundé.

Depuis le déclenchement de la crise anglophone, le dictateur camerounais Paul Biya a déployé ses escadrons de la mort (BIR) dans le Southern Cameroon pour y semer la terreur et imposer une unité et une indivisibilité dans le cadre d’un Etat unitaire complètement illégal : ils torturent, ils brûlent les cases et les plantations des villageois, ils tuent, ils contraignent d’autres populations à l’exil au Nigéria voisin.

Exaspérés par autant de crimes crapuleux, des jeunes anglophones ont décidé de se venger en intégrant des bandes armées qui sévissent dans cette zone. Voilà à quoi le banditisme politique de deux individus assoiffés de pouvoir nous a conduit.

Source: hurinews.com