Invitée du magazine dominical « Dimanche Midi » de la radio publique CRTV le 29 octobre 2017, le Dr Viviane Madeleine Ondoua Biwole a présenté les résultats d’une étude sur la décentralisation qu’elle vient de réaliser.
Même si nuance-t-elle, l’échantillon de l’étude est peu représentatif, il révèle tout de même des indicateurs importants. Depuis la promulgation de la loi sur la décentralisation en 2004 et le transfert effectif des compétences qui en est suivi en 2010, 92% de textes (compétences) ont été transférés aux communes. Un taux jugé satisfaisant par l’universitaire.
Sauf qu’entre temps, déplore-t-elle, l’un des freins majeurs reste le transfert des ressources financières et la création sur le plan juridique des régions. Actuellement, « la dotation générale de la décentralisation est de 0,28% des recettes de l’Etat et lorsqu’on ajoute la dotation des ministères, on est à moins de 1% », révèle Dr Ondoua Biwole. Une dotation très loin de celle des autres pays africains de même niveau de développement tels le Benin où elle se situe à 4% du budget, 3,8% en Ouganda, 3,7% au Burkina-Faso, 3,3 % au Sénégal ou 0,81% au Gabon.
Pour l’universitaire, il faut accélérer le processus car la lourdeur du processus peut justifier un ensemble de revendications légitimes en rapport avec les dispositions de la constitution de 1996. S’agissant de la crise anglophone, la décentralisation, pense Dr Ondoua Biwole, pourrait atténuer un certain nombre de revendications. Mais lorsqu’on évalue la crise actuelle, nuance-t-elle, il faut hiérarchiser les enjeux à trois niveaux.
Au premier niveau, explique-t-elle, les populations peuvent adhérer au mouvement pas forcement par conviction, mais simplement parce que les messages véhiculés correspondent à leurs récriminations quotidiennes que sont l’absence d’eau, d’électricité, etc. Et parce que leurs conditions de vie ne s’améliorent pas, la décentralisation peut apporter effectivement une réponse et de ce point de vue et permettre de décrisper une grande partie de la population, estime-t-elle.
Dans cette crise, le directeur général adjoint de l’ISMP pense qu’il y a un problème idéologique relatif à la bonne gouvernance. Est-ce que la décentralisation peut être une réponse ? J’en doute, répond-elle. Toutefois, croit-elle savoir la résolution de la crise passe aussi par une réponse politique. Car à bien des égards, constate Dr Ondoua Biwole, la crise anglophone ressemble à celle de 1990 au niveau des acteurs qui sont en rivalité. Mais aussi des outils utilisés que sont les villes mortes. Il faut donc conclut-elle, résoudre le problème de la répartition du pouvoir.