Crise anglophone: Paul Biya cède à la pression internationale

Video Archive
Thu, 20 Apr 2017 Source: www.camerounweb.com

Dans un communiqué lu au journal parlé de 17h (16h GMT) à la radio nationale ce 20 avril 2017, le Ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary a invité les opérateurs de téléphonie mobile à rétablir la connexion internet dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays.

Intervenue depuis le 17 janvier 2017, la coupure de l'internet a été condamnée par la communauté internationale. Paul Biya de son côté a été confronté à la triple pression des Nations Unies (ONU), des États-Unis et du Vatican.

Fin mars, António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a tenté de s’entretenir par téléphone avec Paul Biya de la situation des droits de l’homme dans les deux régions anglophones du Cameroun. Paul Biya, qui séjournait à Genève depuis la fin de sa visite d’État en Italie, avait pourtant promis de le rappeler.

Dans un communiqué rendu public le 13 avril 2017, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale, François Louncény Fall, avait exhorté les autorités camerounaises à examiner avec diligence les difficultés des populations et des entrepreneurs des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, privés d’Internet depuis mi-janvier 2017. « C’est une situation déplorable. Mais je suis persuadé que cet important outil de développement, de communication et d’épanouissement collectif sera progressivement rétabli sur l’ensemble du territoire camerounais », avait-t-il indiqué avant de quitter le Cameroun le 13 avril au terme d’une visite officielle de quatre jours.

Alors que le président camerounais se trouvait au Vatican, le 23 mars, le pape François avait réaffirmé « l’importance de la cohésion nationale dans le respect des droits de l’homme et des minorités ». Quant aux Américains, ils suivent avec beaucoup d’attention les arrestations et auditions de personnalités anglophones, et menacent de réexaminer les conditions de leur coopération militaire avec Yaoundé (ils ont déployé 200 soldats dans l’Extrême-Nord afin d’aider le pays à lutter contre Boko Haram).

Sur le plan économique, cette coupure a engendré une perte énorme pour les deux régions. Estimée à des dizaines de milliards de franc CFA, cette perte a eu d’énormes conséquences sur l'économie desdites qui croupissaient déjà sous le poids de la misère.

Le rétablissement de l'internet peut être considéré comme un début de résolution de cette crise qui a débutée en novembre 2016 avec de violentes manifestations des populations de Bamenda et de Buea qui se disent délaissées par Yaoundé. En réponse le pouvoir de Biya a procédé à des arrestations et de violentes répressions. Ces répressions ont fait des morts, des blessés et l'arrestation de plusieurs leaders du consortium. Ces derniers sont toujours en prison.

Aux manifestants s'étaient ajoutés des partis politiques de l'opposition qui dans leur ensemble ont condamné la coupure de l'Internet et ont exhorté le président Paul Biya à prendre des mesures concrètes en vue de l'apaisement des tensions. Depuis le déclenchement de la crise, les établissements scolaires sont restés fermés de peur de représailles des manifestants.

Cette semaine ce sont les Evêques catholiques de la région anglophone qui ont été convoqués en justice. Après un renvoi sine die de leur procès, leurs homologues de l'Eglise Presbytérienne ont eux aussi fait l'objet d'une convocation.

Cette décision des autorités gouvernementales peut être considérée comme un élément déclencheur de la fin de cette crise.

Source: www.camerounweb.com