Crise anglophone : l’Onu face à ses responsabilités

La Réunification était matérialisée par la constitution de la République fédérale du Cameroun

Thu, 23 Dec 2021 Source: La Nouvelle Expression

Après l’échec de la Société des Nations (Sdn) sous le régime des mandats, l’Organisation des nations Unies (Onu) a mal géré, sous le régime de tutelle, l’émancipation des anciennes possessions allemandes d’Afrique dont le Cameroun, le Togo et l’ancien Sud-ouest africain (Namibie). C’est à ce niveau que se trouvent les racines profondes de la crise anglophone.

La première guerre mondiale a mis fin au protectorat allemand au Sud-ouest africain, l’actuelle Namibie, au Togo et au Cameroun. Cela fait au moins cent ans (1919 -2020) que dure une injustice à l’endroit du Cameroun. Un pays qui n’était pas divisé de 1884 à 1916: la période du protectorat allemand au Cameroun. L’entrée des troupes alliées – dont celles françaises et anglaises au Cameroun en 1916 marque le départ des Allemands et le début des problèmes que le Cameroun connait jusqu’ à ce jour. Lors de la signature du Traité de Versailles le 28 juin1919, l’Allemagne

renonçait définitivement à ses colonies et protectorats. Après la défaite de l’Allemagne à la première guerre mondiale, le Kamerun sous .protectorat allemand depuis 1884 est partagé en deux territoires qui sont confiés par la Société des Nations en juillet 1922 à la France pour le Cameroun français et au Royaume uni, pour le Cameroun britannique.

Responsable du bien-être et du progrès des habitants

Les Britanniques et les Français devaient normalement rendre fidèlement compte de leur gestion à la Sdn et à la l’Onu. Ce qui ne fut pas toujours le cas. L’article 22 du Pacte de la Sdn organisant le régime général des mandats soulignait au paragraphe 3 que «le caractère de mandat doit différer suivant le dégrée de développement du peuple, la situation géographique du territoire, ses conditions économiques et toutes autres circonstances analogues».

Le paragraphe 7 du même article 22 du pacte de la Sdn indiquait que «dans tous les cas, le mandataire doit envoyer au Conseil un rapport4 annuel concernant les territoires dont il la charge». L’article 2 du même texte précisait que le pays mandataire «sera responsable de la paix, du bienêtre et de la bonne administration du territoire, accroîtra par tous les moyens en son pouvoir le bienêtre matériel et moral et favorisera le progrès moral des habitants».

Ce qui signifie en réalité que le pays mandataire devait se préoccuper de l’émancipation des populations. Le Royaume uni avait de fait rattaché le Togo sous mandat britannique à sa colonie de la Côte de l’or (Ghana) et le Cameroun sous mandat britannique à sa colonie du Nigeria. Alors que le Cameroun n’était pas et n’a jamais été une colonie, la France avait étendu sa législation coloniale au Cameroun.

Après l’échec fie la Société des Nations (Sdn) et le placement du Cameroun sous le régime de tutelle, la situation ne s’est guère améliorée. Le sort des populations dépendaient de décisions de l’Assemblée générale de l’Onu. Via le conseil de Tutelle qui doit exercer contrôle sur la puissance tutrice désigné. Après la seconde guerre mondiale, le Cameroun est donc passé du mandat du régime de mandat de la défunte Sdn à celui de la tutelle de l’Onu.

Le Northern Cameroons au Nigeria

Dans son alinéa b, l’article 76 de la Charte des Nations Unies prévoit que le régime de Tutelle doit «favoriser le progrès politique, économique et social des populations des Territoires sous tutelles, ainsi que le développement de leur instruction». Mais aussi de «favoriser leur évolution progressive vers la capacité à s’administrer eux-mêmes ou l’indépendance, compte tenu des conditions particulières à chaque territoire et à sa population, des aspirations librement exprimées des populations intéressées et des dispositions qui pourront être prévues dans chaque accord de tutelle». L’Onu a recouru plusieurs fois aux plébiscites pour fixer le sort des populations sur des territoires placée sous sa tutelle. Dans plusieurs territoires sous sa tutelle dont le Togo, le Cameroun et le Sud-ouest africain.

Par un plébiscite qui s’est déroulé les 11 et 12 février 1961, l’Onu donnait l’occasion aux populations des deux parties du Cameroun sous administration britannique de choisir entre l’intégration au Nigeria et la réunification avec le Cameroun sous tutelle française. Le Northern Cameroons décidait de rejoindre le Nigeria. Ce fut un deuil national au Cameroun. Le Cameroun perdit le Northern Cameroons malgré les protestations véhémentes des autorités camerounaises de l’époque sur les conditions et h résultats du vote.

Le North Cameroon était ainsi désormais administré comme parti intégrante* du Nigeria. L Cameroun français avait déjà obtenu son indépendance le 1e janvier 1960. Après les accords de la conférence constitutionnelle de Foumban de juillet 1961 qui posent les bases de la fédération, le Southern Cameroun et la République du Cameroun ont scellé leur destin par la Réunification du Cameroun. Celle-ci survenait le 1 er octobre 1961.

Référendum controversé

La Réunification était matérialisée par la constitution de la République fédérale du Cameroun. Cette République fédérale avait l’avantage de réunir les deux territoires du Cameroun allemand qui avaient été séparés au lendemain de la première guerre mondiale. Par un référendum controversé du 20 mai 1972, le président Ahmadou Ahidjo mettait fin à la République fédérale du Cameroun et proclamait la République unie du Cameroun. Le 4 février 1984, le président Paul Biya fait modifier la constitution en ramenant la République du Cameroun; qui était le nom de l’ancien Cameroun français devenu indépendant le 1er janvier 1960.

Source: La Nouvelle Expression