L’annonce a surabondamment été relayée par la presse. Dans un communiqué signé le 9 avril 2017, le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun indique que « les Avocats des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest reprendront leurs activités le 2 mai 2017, dans l’attente de l’implémentation effective des recommandations du Comité ad hoc qui ont été adressées au Premier Ministre, et qui ont été approuvées par le Chef de l’Etat » a indiqué Me Jackson Ngnie Kamga.
Une nouvelle accueillie sans doute avec beaucoup de soulagement du côté des autorités de Yaoundé qui redoutent l’enlisement d’une crise qui dure déjà depuis près de six mois. Pourtant, une partie des avocats anglophones ne l’entendent pas de cette oreille. Interrogé par le correspondant local de la BBC, Richard Onanena, Barrister Christopher Ndong Nveh a soutenu que ses confrères ne reprendront que travail que si certaines conditions sont remplies.
« Les avocats anglophones sont prêts à reprendre le chemin des prétoires. Mais à certaines conditions. D’abord, des avocats du Common Law et des anglophones sont à la prison de Kondengui parce qu’ils revendiquaient leurs droits. Aussi disons-nous que tant que nos confrères avocats et les manifestants ne seront pas libérés, nous ne reprendrons pas le travail », a affirmé l’homme de droit.
Celui qui est aussi militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), parti d’opposition, pose une autre condition. « Les récentes décisions prises par le ministre de la Justice sont salutaires. On ne peut pas s’amuser avec l’intelligence des avocats. Ce qui signifie que ces mesures doivent passer par un projet de loi et déposer à l’Assemblée Nationale pour obtenir une loi. De cette manière, on verra la bonne foi du gouvernement », ajoute Barrister Ndong.
En réponse aux revendications des avocats anglophone à l’origine de la crise qui secoue en ce moment les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement avait annoncé plusieurs mesures : la création d’une section de la Common Law à l’ENAM (Ecole Normale d’administration et de magistrature) ; la création d’une faculté des Sciences juridiques et politiques à l’Université de Buea ; la création d’un département de English Law dans les Universités de Douala, Ngaoundéré, Dschang et Maroua ; la création d’un Institut d’Etude judiciaire pour la formation des avocats, notaires et huissiers de justice ; le redéploiement des magistrats en tenant compte des critères linguistiques ; l’augmentation des effectifs des magistrats anglophones au sein de la Cour suprême. Certains avocats anglophones en demandent davantage.