Crise anglophone: lettre d'un allié de Biya à Mgr Kléda

Momo Ayuk Momo Jean de Dieu a donné sa voix à Paul Biya pour la présidentielle d'octobre

Wed, 19 Sep 2018 Source: camer.be

C'est une lettre de Momo Jean de Dieu, l'opposant qui donne sa voix à Paul Biya pour la présidentielle d'octobre.

L'intégralité de la lettre:

De la modernité à la post-modernité pour la completude du Cameroun. (Thèse de Philosophie Politique à l’attention du clergé de toutes les obédiences religieuses (Evêques, Imams, Pasteurs, Prêtres), des Universitaires, des Enseignants, des journalistes, des Avocats, des leaders d’opinion et de toutes les chapelles politiques).

Maintenant que j’ai retenu votre attention, je souhaite partager avec vous les conclusions de ma thèse de philosophie politique sur l’alternance politique. Le monde est en train de changer et nous devons impérativement aussi changer. La Révolution française a chassé la féodalité avec son cortège d’autoritarisme pour la remplacer par la modernité introduisant la République avec pour fanion la Démocratie. Cela fait plus de deux siècles maintenant.

La démocratie est moribonde partout dans les pays occidentaux. Il faut faire son deuil ainsi que celui de Montesquieu, de Jean Jacques Rousseau et de tous leurs semblables. L’occident lui-même est en perte de vitesse, rattrapée par ses turpitudes. Il faut passer à la post modernité.

Franz Fanon l’a dit, chaque génération nait, découvre sa mission, l’accomplit ou la trahit. Ce qui importe à ce stade, c’est de repérer et désigner les « Ennemis » du Cameroun. « Ennemis » de l’intérieur à la solde des « Ennemis » de l’extérieur.

En effet, on est aussi enthousiaste pour détruire que pour construire, et la ligne médiane entre l’erreur et le juste est si infime qu’on peut basculer dans le camp « ennemi » sans s’en apercevoir. Nous devons avoir la force de regarder la vérité en face sans qu’elle ne nous écrase.

Rappelons à l’instar de Michel Foucault : « l’espèce humaine n’est ce qu’elle est que parce qu’elle se raconte. » (Les Mots et les Choses. Gallimard) et nous devons, en nous racontant, nous interroger sur la connaissance que nous avons de nous-mêmes. C’est à ce prix qu’on parviendra à extraire l’essentiel du circonstanciel.

Par ailleurs, on ne peut comprendre une société, que si l’on comprend sur quel élément de la triade temporelle (passé, présent et futur), elle met l’accent:

* La société traditionnelle trouve ses réponses dans le passé, en reproduisant ce que faisaient les ancêtres pour conduire son organisation et son animation.

* La société moderne s’oriente vers le futur en mettant l’accent sur la raison hypostasiée en rationalisme (système), dans la perspective dialectique pour rechercher la perfection. La sotériologie (conception reposant sur du salut) est son caractère dominant. C’est la rationalisation généralisée de l’existence, aboutissant au désenchantement du monde. Par exemple les slogans comme « santé pour tous en l’an 2000 » ou « Emergence à l’horizon 2035 » illustrent bien cette assertion.

* La fin d’un monde n’étant pas la fin du monde, le paradigme moderne cède le siège à la post modernité. La société post moderne, la nôtre, repose sur le présentéisme. Ce

n’est plus la flèche orientée vers le futur, ce n’est non plus le cercle réactionnaire mais la spirale par un enracinement dynamique qui la caractérise. C’est une synergie de l’archaïque et du développement technologique pour une esthétisation de l’existence ici et maintenant. En somme, c’est être à la hauteur du quotidien. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait, mais nous savons que demain passe par aujourd’hui. On observe une inversion de polarité épistémologique, un renversement de verticalité vers l’horizontalité, pour le dire simplement : Impermanence des valeurs et continuité de la vie. Ce n’est plus la cité de Dieu de Saint Augustin, ni la société parfaite de Karl Marx qui vont constituer notre idéal, mais la conquête du présent (faire avec ce qui est). Ce n’est plus l’individualisme philosophique, religieux ou politique qui prévaut, mais le pluralisme des personnes et des sociétés. L’éducation (dressage ou moulage) cède la place à l’initiation (accompagnement). L’unité (réduction de l’autre au même) cède la place à la pluralité (la personne plurielle, la république plurielle, connais toi dans l’autre, connais toi à travers l’autre). La « valeur travail » rationnelle cède la place à la créativité, à l’entreprenariat, faire de sa vie une œuvre d’art, ne plus perdre sa vie à vouloir la gagner. L’être ensemble ou le vivre ensemble « social » est traversé par l’éruption du « sociétal ». C’est le temps de la raison sensible, le retour des passions et des émotions greffées à la raison, aboutissant au ré enchantement du monde.

On ne pourra rien comprendre aux défis actuels en politique, en géopolitique, en économie, et dans tous les autres aspects de notre vie en société, si on n’a pas conscience de ce changement de paradigme, de climat de l’esprit et de l’atmosphère ambiant.

La société post moderne met par exemple l’accent sur l’Initiation, l’Accompagnement de l’apprenant, les aptitudes individuelles de chacun sans chercher à reproduire les humains uniformes. A chacun son génie donc. Si dans la modernité, l’unité réduit l’autre au même, il les faut tous semblables, la post modernité parle de l’unicité, c'est-à-dire ce qui possède des éléments divers comme une mosaïque qu’il faut mettre ensemble. Ici la différence crée du lien. Il faut en effet se déformater, abandonner nos préjugés et quitter la perspective dialectique consistant à rechercher la thèse, l’antithèse et la synthèse pour aller à la logique contradictorielle qui consiste à faire de nos différences le ciment pour lier la mosaïque et faire tenir les contraires.

Illustration : au lieu de dire, s’agissant de la crise anglophone par exemple, que le Cameroun est un et indivisible (ce qui énerve certains d’entre nous inutilement), il faut lire la réalité de la composante sociologique du Cameroun formé d’un ensemble de villages autonomes que le Colon a mis ensemble pour former la République, car chez les anglophones même, il y a différents villages qui ne forment pas un tout homogène. Le Cameroun est ainsi formé de plusieurs entités jadis autonomes et de plusieurs tribus ou aires culturels. Le Béti n’est pas le Bamiléké ni le Haoussa etc. On ne peut pas dissimuler cette réalité qui nous revient au visage. Il faut quitter la perception moderne de l’unité, du chiffre un qui caractérise la modernité (un Etat, une Nation, Un peuple etc.), pour aller vers la perception post moderne de l’unicité qui signifie plus que un et, quittant les anciens modèles hérités du passé médiévale et qui continuent de gouverner notre perception de la société, reconnaitre que nous sommes dans un Pays multiple et divisible : On ne peut pas passer la crise du NOSO à la raison. Il faut des accommodements raisonnables, car la différence crée du lien.

Lorsqu’on observe la société camerounaise, en effervescence pendant cette campagne électorale présidentielle, on est enclin de dire comme Karl Marx : « la politique est la forme profane de la religion » (sur la question juive ; K. Marx). Plusieurs passent pour des prédicateurs, prédisant la catastrophe et les malheurs et outrepassant de fait les défis actuels auxquels notre pays est confronté. De fait, plus que de droit ; empiriquement, plus que théoriquement, le grand œil du Grand Capital est fixé sur nous sous le prisme qui le caractérise le mieux : la prédation. Une seule chose le dirige : l’intérêt financier. Il est multi face et multi tâche c'est-à-dire apparaissant à travers divers aspects (Etat, Multinationale et transnationale, investisseur financier, etc.) et agissant en même temps sur plusieurs théâtres (Démocratie, humanitaire, Guerres, marché financier, etc.).

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Il se trouve que, aujourd’hui plus que jamais, les ressources naturelles (du sous sol et du sol) de notre pays, le Cameroun, font l’objet de convoitise majeure du Grand Capital et après exploitation, constitueraient un intérêt financier majeur. De tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, celui auquel nous soumet cette réalité devrait retenir le plus notre attentisme ; car les difficultés politiques, économiques et sociales ne sont sûrement pas les causes de notre mal être, mais certainement les conséquences d’un système de prédation plus élaboré. La théorie du « développement du sous développement » comme pensée et la crise « anglophone » comme fait de trouble et de déstabilisation de notre pays en sont l’expression la mieux achevée.

Ces causes hexogènes actuelles aux conséquences endogènes présentes, devraient nous emmener à former un bloc pour affronter les perturbations dont notre actualité n’est pas avare. Bloc autour du mieux expérimenté en la matière, au lieu du fractionnement au risque d’effondrement.

La chine aujourd’hui première économie mondiale, a bel et bien connue jadis une situation similaire à la nôtre avant la révolution politique chinoise. Elle subissait les effets des causes hexogènes (japon, USA) et a dû former un bloc autour de Mao Tsé Toung et du parti communiste pour y faire face en neutralisant en premier les forces extérieures et par la suite les forces intérieures.

Durant la guerre d’indépendance au Cameroun, l’ordre des revendications de l’UPC par son porte parole UM Nyobe procédait de la même logique : réunification (retour au grand bloc Cameroun), formation d’une assemblée dotée de pouvoir législatif et enfin l’indépendance (discours de UM Nyobe aux Nations Unies). L’inverse de cette logique se produira sous l’effet des causes et acteurs hexogènes et dont les conséquences occupent encore notre actualité. Le problème majeur actuel du Cameroun n’est pas les camerounais, mais les puissances de nature hexogène qui ne visent qu’à faire une fois de plus « main basse sur le Cameroun » pour paraphraser Mongo Béti, en instrumentalisant certains camerounais à la recherche d’intérêts mineurs. C’est le cas de citer ici, cette organisation « ambazonia » à la solde d’un mania de la finance mondiale rompu aux méthodes prédatrices, Georges Sorros, avec une fortune estimée à 24 Milliards USD, fait figure de poids lourd comparé à l’actuel

président des USA Donald Trump qui n’a qu’une fortune estimée à 4 Milliards USD. Certaines informations affirment qu’un contrat pour une concession d’exploitation des ressources naturelles du sous sol sur une superficie de 43Km2 localisée au sud-ouest Cameroun aurait été signé entre l’organisation « ambazonia » représentée par son président AYUK TABE et des entreprises détenues par le mania Georges Sorros à travers des montages complexes.

Révélations ou allégations, les conséquences sur le territoire Cameroun montrent à suffisance que la menace hexogène est plus importante que toutes les menaces endogènes réunies. Ne nous trompons pas d’« ennemis » car cela pourrait nous être fatale. Aucun Camerounais ne veut ou souhaite faire main basse sur les ressources naturelles du sous sol, bien plus importantes en terme financier que celles du sol, pour la simple raison qu’aucun camerounais n’est en capacité aujourd’hui d’exploiter les ressources naturelles de notre sous-sol. Ceux qui osent comme « ambazonia »s’aventurer sur ce terrain, ne visent qu’à le brader (on parle de 300 millions USD pour 43Km2) même si cela doit passer par une sécession du territoire Cameroun et des exactions sur les populations.

Au regard de tout ce qui a été énoncé ci-dessus, toute opposition maintenant au régime actuel, qui a su tant bien que mal protéger notre sous-sol et aurait pu mieux organiser l’exploitation du sol par les camerounais, en ce tournant décisif de l’élection présidentielle, aurait un effet de dispersion et servira sûrement plus les intérêts étrangers que nos intérêts nationaux.

Maintenant, au su de la nature des forces en présence, et au vu des rapports de force, il est impératif de former un bloc autour du candidat le mieux expérimenté à protéger notre sous-sol et à conserver le territoire Cameroun entier.

Pour ma part, je suis arrivé à la conclusion que le Cameroun est une perle rare en Afrique, une Afrique en miniature située au Cœur du Jardin d’Eden avec d’immenses richesses du sol et du sous-sol, un véritable et agréable scandale géologique. Celui qui possède un tel trésor est l’objet de toutes les convoitises des prédateurs réunis, surtout lorsqu’ils sont eux même menacé de décadence. Celui qui portent des œufs ne cherche pas la bagarre mais au contraire se dissimule pour s’éloigner des zones de turbulence. Le détenteur d’une telle richesse non seulement ne montre pas ses muscles mais il doit savoir faire des compromis pour ne pas se faire déchiqueter. Nous devons tous protéger notre poule aux œufs d’or et ne pas l’exposer aux compétitions électorales qui risquent d’être remportées par les prédateurs étrangers déguisés sous la forme des nationaux. Les personnes nanties font des barricades autour de leurs maisons pour se protéger contre les voleurs. Nous devons pouvoir faire rempart autour de notre pays pour le protéger et ceux qui invectivent négativement notre pays attirent sur lui l’attention des rapaces internationaux. Aucun de nos différends ne justifie qu’il faille appeler les Occidentaux à la rescousse car on sait quand ils arrivent et jamais quand ils repartent. En fait, ils ne repartent jamais, sauf s’ils ont tout pillé. Serons-nous plus avancés dans ce cas ?

Le Cameroun étant un ensemble de Royaumes autonomes que le Colon a mis ensemble telle une mosaïque pour former artificiellement une République, doit prendre conscience de sa spécificité dans la diversité et ne pas ignorer que l’ADN fondateur de sa gouvernance est calqué selon les lois de la Nature sous la forme d’une ruche d’abeilles. Les abeilles animent la ruche autour d’une Reine, chacune faisant sa part de travail pour le bonheur de tous. La Nature nous fournit là un exemple de gouvernance dont nos ancêtres se sont inspirés pour gouverner (c’est-à-dire conduire la conduite d’autrui) l’Afrique pendant des millénaires. L’Anamnèse consisterait ici à se rappeler de là d’où l’on vient pour récupérer dans la tradition les éléments et les trésors cachés à partir desquels nous allons élaborer l’évolution, pour aller à la conquête du présent.

A l’exemple de la Chine, prenant conscience que le Cameroun est la convoitise des prédateurs impitoyables, nous devons nous resserrer autour d’un homme, fut il le pire de nous tous, pour protéger notre pays. Le Pape est bien élu à vie, il n’en gouverne pas moins l’Etat du Vatican et toutes les Eglises catholiques de la planète. Ainsi nous mènerons ensemble, dans le plus grand secret, une politique de protection et de complétude de notre pays.

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Vu sous cet angle, les élections au suffrage universel que l’occident nous impose, soit disant pour l’alternance, apparaissent comme une distraction, une récréation pour amuser les pays qui nous ont imposé la République et leurs institutions. En effet, c’est le moyen pour le Grand Capitalisme de changer ses pions néocoloniaux sur l’échiquier afin d’être servi par un nouveau esclave plus obéissant que le premier, ce que nous avons coutume d’appeler les « gouverneurs des colonies ». Le match électoral au cours duquel on gagne le « trophée Présidence » est une illusion ou un mirage du Grand Capital pour masquer ses cartes et s’accaparer des Etats en utilisant leurs propres lois. Ceci est d’autant plus vraie en ce moment où le Cameroun a changé de cap pour se tourner vers la Chine et les BRICS, et donc vers l’Est au détriment de l’Ouest occidental. Les élections constituent un aspect de la modernité qui est déjà dépassée et constituent les illusions perdues. La Démocratie est arrivée à saturation et ne peut plus rendre compte seule du vivre ensemble social et la cohésion commune. La Chine nous donne un exemple patent.

Pour mieux nous protéger contre ce que Jacques ATTALI appelle le Grand Capital (ce roi clandestin de notre époque qui n’a ni nationalité, ni territoire, ni visage, ni ami, mais dirigé uniquement par l’intérêt financier), nous devons rejeter certaines façons de faire ou de voir le monde et retourner à la façon de nos ancêtres en adaptant à nos besoins les trésors cachés de la gouvernance qui nous ont conduits au présent. Le Cameroun ne saurait être un trophée qu’on gagne au cours d’un match électoral pour le compte du Grand Capital dissimulé très souvent sous la forme de certains acteurs internes.

Si l’objectif visé par nous tous est bien le bonheur de notre peuple et rien que ce bonheur et non chacun égoïstement son tour à la « Tontine Présidence », alors nous devons nous astreindre à ce que seul un d’entre nous ait le privilège de nous représenter pour le bien de tous. Et tous ensembles nous définirons notre apport à ses côtés pour la protection de notre patrimoine et la prospérité de notre pays.

Source: camer.be