Dans la crise anglophone, Me Charles Tchoungang craint désormais le pire. L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun a peur de voir le pays sombrer dans le chaos. « J’ai peur que demain nous embarque dans une destabilisation qui ressemble un peu à ce qu’on voit autour de nous : La Libye, la Tunisie, l’Egypte, la Centrafrique et le Congo. Nous entrons dans une année électorale, il faut vraiment que le chef de l’Etat sorte de son silence », a-t-il déclaré sur l’antenne de la télévision privée STV le 26 novembre 2017.
Charles Tchoungang décrit une situation devenue incertaine. « Aujourd’hui cette crise fait peur. On en est à assassiner des hommes en tenue, à voir un bloc de Camerounais qui sont en exil au Nigeria. On en est à des actes de sécession. Un drapeau que personne ne connaît, un président fantôme qui se déclare comme tel après avoir été un grand fonctionnaire, il a été un grand cadre à la Sonel. Ça c’est quand même un grand problème ! On ne peut pas dire que tous ces gens qui se plaignent ont tort. Le gouvernement a une mission : écouter les populations. Autant que besoin apporter des réponses aux revendications », fait valoir l’avocat et militant des droits de l’homme.
Charles Tchoungang explique que des propositions pour résoudre la crise qui secoue les régions anglophones depuis un an ont été formulées. Des appels au dialogue ont été lancés sans que rien ne bouge ou ne change véritablement. Il cite par exemple ceux du secrétaire général des Nations unies et du président de la République qui alors qu’il était en vacances en Suisse avait tweeté en disant qu’il est pour le dialogue « Nous sommes nombreux à avoir sonné l’alerte. Les avocats et les enseignants ont sonné l’alerte. C’est l’élite de la société. Lorsque les élites sonnent l’alerte le gouvernement qui doit être à l’écoute du peuple pour résoudre ses difficultés a fait le sourd. Et nous avons assisté de déni en déni à cette crise qui a prospéré ». Et de mettre en garde ceux qui entretiennent la crise. Il leur promet le jugement de l’histoire. « Comment se fait-il qu’on ait laissé pourrir cette situation ? Ceux qui ayant la possibilité d’arrêter ce mouvement ne l’ont pas fait seront sévèrement jugés par l’histoire de ce pays », avertit le juriste.