Crise au Cameroun: les chrétiens craignent une guerre civile

Crise Anglophone Guerre Totale Le conflit s’accentue dans la zone anglophone du Cameroun

Wed, 20 Jun 2018 Source: africa.la-croix.com

Mardi 29 mai, des catholiques fidèles de la cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé – des habitués de la messe quotidienne de midi – se sont retrouvés, peu après la célébration eucharistique dans un restaurant du centre-ville. « Nous avons tenu, entre Camerounais originaires de diverses régions de notre pays, à partager ce déjeuner fraternel, après avoir prié collectivement au cours de la messe, explique Marc Simplice Onana, cadre de banque, et initiateur de ce déjeuner d’échanges. L’objectif est de discuter de la guerre qui sévit en zone anglophone et qui a déjà fait tellement de morts, qui nous afflige et nous divise », poursuit-il.

Marc Simplice et ses amis craignent une guerre civile entre anglophones et francophones. « Notre nation vit un moment difficile de son histoire. Des soldats sont tués. Des civils le sont plus encore. Des familles sont divisées et des villages entiers détruits. Nous avons le sentiment que si les Camerounais ne se parlent pas ou plus », s’inquiètent-ils.

Depuis octobre 2016, les activistes des deux régions anglophones du Cameroun (Nord-Ouest et Sud-ouest) accusant le gouvernement camerounais de marginaliser leur zone sont entrés en grève puis en conflit guerrier, pour réclamer la sécession du pays. Le gouvernement a envoyé l’armée sur place pour « rétablir l’ordre ». Les affrontements qui s’en sont suivis – et qui sont toujours en cours – entre l’armée camerounaise et les combattants sécessionnistes, ont déjà fait de nombreux morts et déplacés.

Le 25 mai 2018, un affrontement entre les forces de défense et de sécurité camerounaises et les combattants partisans de la sécession du Cameroun dans le village Menka situé dans la région du Nord-Ouest en zone anglophone, a fait 27 morts.

Les anglophones assimilés à des sécessionnistes

À la paroisse Sainte Annuarite de Biyem Assi, un quartier habité en grande majorité par des ressortissants des régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, Victoria Che, une fidèle anglophone dit avoir demandé une messe « pour éviter une guerre civile au Cameroun ». Face à la radicalisation des positions entre le gouvernement et les partisans de la sécession, elle croit pourtant percevoir les prémices d’un tel conflit. « Nous les anglophones qui vivons ici à Yaoundé, sommes très souvent assimilés, à tort, à des sécessionnistes, explique-t-elle. Nos compatriotes francophones nous interpellent parfois violemment dans la rue comme dans le voisinage en nous accusant d’être à l’origine de cette guerre qui fait tant de morts ». Selon Victoria, de nombreux anglophones vivent dans la peur. « Nous avons le sentiment qu’à tout moment, il pourrait y avoir des échauffourées violentes entre francophones et anglophones. »

Les anglophones craignent pour leur sécurité

Dans le diocèse de Bafia (Centre), précisément dans le petit village de Bivouna, Timbe Oliver, un paysan natif du village Mankon, dans la région du Nord-Ouest, et installé dans cette zone francophone depuis 15 ans, semble lui aussi inquiet?: « Il y a quelques mois, j’ai dû prendre publiquement la parole à la chapelle du village pour rassurer mes frères catholiques francophones, sur le fait que ma famille et moi sommes pour la paix dans notre pays, raconte-t-il. Nous devons donc prier pour continuer à travailler ensemble au village et vivre dans la paix ».

Il y a deux mois, Timbe a craint pour sa vie et celle de sa famille lors des obsèques, dans un village voisin, d’un jeune soldat camerounais francophone tué par les combattants anglophones. Il a fallu que des membres de la communauté chrétienne du village et des proches amis, viennent assurer sa protection et celle de sa famille, face à l’hostilité dont il était l’objet.

Source: africa.la-croix.com