Mesdames et messieurs,
Il y avait presque 15 ans qu’un président de la République française n’était pas venu en visite officielle dans votre pays.
Monsieur le président. Je tenais à y venir aussi parce qu’il y a des liens humains qui unissent nos deux pays. Certains de ces liens plongent loin dans notre histoire. Ils peuvent être douloureux et la France regarde toujours avec lucidité son passé pour mieux préparer l’avenir et c’est ce que nous avons fait.
J’ai eu un long entretien avec le président Biya et je lui ai rappelé que la France était aux côtés du Cameroun face aux menaces qui peuvent la concerner directement avec le groupe terroriste Boko Haram. J’ai salué ce qu’avait été l’engagement du Cameroun. Parce qu’il a fallu faire face à des offensives belliqueuses avec des terroristes capables de provoquer des massacres. Et l’armée camerounaise a été courageuse. Et Elle a pu repousser les assaillants même s’ils sont toujours là aux frontières et pèsent sur la sécurité de l’ensemble de la région.
Il y a encore quelques heures, le groupe Boko Haram a au Nigeria, commis des atrocités avec 150 victimes dans un lieu de culte. Des musulmans qui ont ainsi été lâchement assassinés pendant le temps de la prière. J’ai également confirmé la coopération de la France avec l’ensemble des pays de la région pour renforcer encore nos dispositifs de renseignements, d’informations, de formations, et de manière à ce que les pays les plus concernés puissent eux-mêmes faire les interventions qui sont nécessaires.
Nous avons il y a un an, voulu qu’il y ait une coordination plus forte de nos actions. Et je dois dire que le bilan que nous pouvons en faire est encourageant. Nous avons une structure de partage de renseignements, nous avons une cellule de liaison au niveau militaire, l’aviation française réalise très régulièrement des survols des zones où Boko Haram sévit. Et nous pouvons ainsi fournir aux armées du Cameroun, du Tchad, du Niger, du Nigeria, des images qui sont attendues. Et j’ai d’ailleurs dit au président Biya que nous allons encore amplifier cette coopération, notamment pour fournir les images, pour former les militaires et également pour mieux coordonner nos actions.
J’ai également pris conscience, et je voudrais que la communauté internationale en soit elle-même pleinement informée, du nombre de réfugiés qui sont ici au Cameroun, reçus et accueillis. Je remercie la population camerounaise pour sa générosité et sa solidarité. Ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont fui, généralement du Nigeria, et qui sont venus au Cameroun.
Ce sont aussi des Camerounais qui sont obligés de se déplacer et qui affluent dans des villes pour ne pas se mettre en danger. Il est donc nécessaire qu’il puisse y avoir une aide de la communauté internationale. Il y a déjà des concours qui sont apportés par l’Union européenne et la France y prend sa part. Nous avons débloqué les sommes conséquentes au titre du Programme alimentaire mondial.
Je sais ce que fait la Croix-Rouge, le Haut-commissariat aux réfugiés et cette aide française sera poursuivie et même amplifiée. Je m’y engage parce que cette question des réfugiés dont nous parlons et qui parfois anime le débat européen, les pays africains vivent avec ces déplacés et ces réfugiés, qui aggravent encore les conditions du développement, et qui créent aussi, ou peuvent créer des troubles. Donc, notre solidarité doit être totale.
Nous avons aussi évoqué la Centrafrique, parce que lorsque la France, là encore, a décidé d’intervenir en Centrafrique, pour prévenir des massacres, pour empêcher le pire, nous avons été accompagnés d’abord par les organisations régionales, par les Nations-Unies, par l’Europe, mais rien n’aurait été possible si les pays voisins, notamment le Cameroun, ne nous avaient pas soutenus à la fois politiquement, mais également militairement. Puisqu’il y a eu des contingents africains qui sont venus en Centrafrique.
Aujourd’hui la Centrafrique a été sécurisée pour l’essentiel de son territoire. Il y a encore des régions qui sont affectées par la division et par des groupes armés. Mais il est maintenant acquis qu’il y aura des élections. La date en a été fixée et que le processus ira à son terme. Ce qui permet d’ailleurs à l’armée française de réduire sa présence en Centrafrique. Ce qui amène forcément d’autres contingents, notamment des Nations-Unies et particulièrement des forces africaines, à être présentes.
Sur le plan du développement, nous avons travaillé à la conclusion d’un troisième contrat de désendettement et de développement (C2D), qui va être encore plus abondé que le précédent et qui va permettre de nourrir un certain nombre de projets et de faire en sorte que ce que nous avons signé aujourd’hui puisse se traduire.
Nous sommes conscients qu’il ne peut pas y avoir de développement sans sécurité. Il ne peut pas non plus y avoir de développement sans démocratie. Et donc nous sommes attentifs à tous les efforts qui peuvent être faits pour que le pluralisme puisse avoir toute sa place. La commission électorale a été constituée, les institutions maintenant sont en place et la lutte contre la corruption doit être menée partout. Partout je dis bien, pour que nous puissions être sûrs que nous allons toujours vers les choix de développement.
Nous sommes également attentifs à la liberté d’expression et aux droits de l’Homme. Je sais que sur le plan de la justice, nous avons une coopération avec la justice camerounaise. Les justices française et camerounaise qui doivent être des justices indépendantes. Je remercie le président Biya pour l’appui qu’il nous confirme par rapport à l’enjeu de la conférence sur le climat. Et ça c’est très important. J’étais en Angola, j’étais au Bénin.
Je salue tous les appuis qui nous sont donnés par les pays africains, aujourd’hui le Cameroun, pays qui est un ensemble qui résume l’Afrique. Ici au Cameroun vous êtres l’Afrique et vous êtes finalement le symbole de l’Afrique : Afrique francophone, Afrique anglophone, Afrique avec toutes les religions qui sont ici présentes, une Afrique qui permet aussi de vivre en paix, ou qui doit permettre de vivre en paix.
C’est pourquoi la question du climat est importante. Parce que l’Afrique est un continent qui émet le moins de CO2, le moins de gaz à effet de serre. En même temps, l’Afrique est un sans doute un des continents les plus touchés par le réchauffement climatique. Alors, l’Afrique appuie la France. La France est consciente de l’enjeu pour l’Afrique de cette conférence, qui doit également être un cycle de croissance. Une croissance pour l’Afrique, une croissance pour la France si elle veut bien mettre sa technologie au service du continent africain.
Je ne viens pas ici pour chercher simplement des contrats pour les entreprises. Des entreprises m’ont accompagné tout au long de ce déplacement. Je viens aussi pour que la France soit au rendez-vous, toujours au rendez-vous. La France, elle ne veut rien imposer. La France, elle vient en solidarité avec l’Afrique. La France sait qu’elle est attendue en Afrique. Non pas pour décider à la place des Africains, mais pour porter les principes d’un développement dont l’Afrique peut être le continent bénéficiaire.
Merci de votre attention et je répondrai à mon tour aux questions.