Découverte : Voici le premier martyr de la Réunification et de ’Indépendance du Cameroun!

Daniel Awong

Fri, 28 Jan 2022 Source: Horizons Nouveaux

L’histoire qui va suivre est l’histoire d’un Homme exceptionnel, Daniel Awong Ango, fondateur de l’Efulameyon, artisan durassemblement des Ekang du Sud Cameroun, 1er martyr camerounais de la réunification et de l’indépendance, assassiné le 15octobre 1949 à la prison d’Ebolowa par les forces réactionnaires de l’administration coloniale française au Cameroun sous tutelle.

L’émergence de la figure énigmatique de Daniel Awong Ango dans un Sud-Cameroun en mutations

Les anciennes régions administratives du N’tem et de Kribi, qui ont donné le nom d’Union Tribale N’tem-Kribi (UTNK), ou Efulameyon, formaient un territoire assez vaste allant de la

côte atlantique au-delà de la boucle du Dja et s’étendaient sur une superficie d’environ 47 142 km. C’est dans cet environnement qu’a émergé Daniel Awong Ango.

L’environnement du Sud Cameroun

Le sud Cameroun baigne dans un environnement à la fois hostile à travers les élements naturels qui dominent cet espace difficile à affronter et attrayant par les riches qu’il regorge. Les premiers militaires allemands arrivent dans la région en 1896 et s’y installent. Mais à peine commencèrent-ils à explorer la zone et sa périphérie que les allemands durent faire face à l’hostilité des Yendjok, précisément les Esskoé d’Azem, un village situé à 5 km du site d’Ebolowo’o. Les Essakoé, conduits par Evina Minko, un maître de guerre spécialisé autrefois dans les razzias (Oban) et très craint dans la contrée, commencèrent à harceler les légionnaires du 2e Reich. Entre 1897 à 1902, Evina Minko mena une guerre sans relâche contre les soldats Allemands, en mobilisant 14 000 hommes dans cette guerre. À la fin de l’année 1912, les forces coloniales avaient pratiquement vaincu la majorité des résistances, malgré quelques bâtions qui continuaient de combattre. Mais avec l’éclatement de la 1ère guerre mondiale et la défaite du Reich, le Cameroun passa sous mandat de la SDN, et le Sud Cameroun une des parties du territoire géré par la France coloniale. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Cameroun français était en pleine mutation sociale et politique.

Outre le combat mené par l’USCC contre l’exploitation dont les masses camerounaises faisaient l’objet, le début de la vie législative avec les élections du 22 décembre 1946, le territoire a vu émerger de nombreuses forces périphériques. Ainsi, après le Ngondo, reconstitué le 27 février 1947, on vi apparaitre le Kumze dans les franssfiels, la Solidarité Babimbi (SOLIBABI), l’Assemblée Traditionnelle et Coutumière des Elog-Mpoo (ACTEM) dans la Sanaga-Maritime et l’Efulameyon dans le N’tem-Kribi.

Naissance de l’Efulameyon

Pour comprendre la naissance de l’Efulameyon, il faut rentrer dans l’organisation de la société Ekang. Les Ekang ont une même organisation sociale, répartie à trois niveaux : l’Ayon, le Mvog et le Nda-Bot. Dans cette société qui pratique le strict respect du double exogamie, tous les clans sont exogames. Dans cette société, l’autorité politique était uniquement familiale (organisation fractale). Chez les Ekang, il ny’avait pas de chefs politiques en dehors des Mintôl des Ndat-Bot, une sorte de démocratie totale, un esprit extrêmement égalitariste qui ne permettait pas de se soumettre à une autre autorité extra familiale. Dans cette société, où les valeurs importantes sont la supériorité intellectuelle, et la supériorité morale, le Ntôl était celui envers qui la communauté avait la plus grande estime. Cette organisation extrêmement complexe chez les Ekang s’expliquaient par le caractère guerrier de ce peuple qui passait la grande partie de leur temps à combattre et à occuper de nouveaux espaces qu’ils abandonnaient dès lors que les ressources vitales qu’elles abritaient commençaient à s’épuiser ; enfin l’environnement dans lequel ils vivaient, la forêt dense équatoriale, ne permettait pas la mise en place des institutions centralisées. Le milieu état tellement hostile et inhospitalier que

les Ekang devaient constamment se protéger contre les bêtes sauvages. Cette organisation sociale et politique posait un problème aux nouveaux colons allemands qui s’efforcèrent

d’imposer un mode d’organisation qui existait dans les sociétés grassfiels et du septentrion. En effet dans ces régions, le pouvoir était centralisé et il suffisait de soumettre le sultan, le Fô ou le Lamido pour ne plus avoir de problèmes avec les populations. Il faut noter que dans cette zone, les populations n’avaient pas la même conception du rôle que devaient jouer les chefs indigènes que voulaient imposer les colons. C’est dans ce contexte qu’un vaste mouvement de contestation allait avoir pour chef de file les Yeminsem de la subdivision d’Ebolowa et leur chef Daniel Awong Ango.

L’émergence de la figure énigmatique de Daniel Awong Ango dans une société Bulu en

Effervescence

Il est difficile de situer avec exactitude l’année de naissance d’Awong Ango car l’établissement des actes de naissance n’était pas encore une priorité pour les forces coloniales du 2eme Reich, plus occupées à en finir avec les résistances des leaders Bulu. Mais tous les témoignages oraux de ceux qui l’on connut, ainsi que son père Enôto, confirment qu’il est né juste au débit du Xxème siècle. Ainsi, lorsque Daniel Awong Ango naquit, Enôto, son père décida de le

confier aux américains d’Elat pour son éducation et sa formation. Il ya commenca ses études et se rendi ensuite à Foulassi poursuivre 2 années scolaires. Le passage d’Awong Ango à Foulassi fut une étape importante de sa formation. Sur le plan idéologique, il lui permit de renforcer ses sentiments anticoloniaux, d’accroitre ses connaissances dans carre école qui

était à l’époque le fleuron de l’enseignement au Cameroun. En 1938, il fût appelé à Elat auprès de madame Cozzens et devint au débit des années 40, le président élu du clan yemisem, et chef de file du mouvement de contestation du pouvoir abusif des chefs supérieurs imposés

aux Bulu par les autorités coloniales. Ainsi, dans la subdivision d’Ebolowa, les Yeminsem, sous la houlette d’Awong Ango, firent renaître le mythe de la supériorité de leur clan. L’entente, la complicité et la solidarité entre les dépositaires de l’autorité coutumière conduisirent à l’émergence d’un vaste processus de regroupement sous forme de Bisulan don’t l’un des principaux artisans n’était autre qu’Awong Ango. En février 1945 Awong Ango, organisa la toute première “esulan” à Mang-me-Yeminsem, son village natal. Ces assises ne réunirent que les notables des villages yemisem de la seule subdivision d’Ebolowa? L’année suivante, toujours à Mang-me-Yeminsem et au mois de novembre, il organisa la seconde « esulan » avec les représentants des villages d’Ambam et Kribi. Les assisses d’Ebolakoum eurent un écho retentissant dans toute la région du N’tem Kribi qu’elles entrainèrent un effet boomerang dans tout le Sud-Cameroun. En fin stratège, Awong Ango est parvenu à susciter l’engouement de ses pairs. L’avènement des présidents claniques au sein des cantons et des groupements marqua le début d’une nouvelle ère de relations sociales fortement marquée par la dynamique de rassemblement des clans sous forme de Bisulan. Il ne restait plus qu’à les articuler dans une dynamique plus vaste, transcendante. C’est à cette tâche qu’allait s’atteler Awong Ango et qui le mènera tout droit à une mort atroce, victime de l’intolérance de la barbarie des de la France coloniale. Dès les années 1946, se regroupement était devenu la principale cible des autorités coloniale qui y voyait un danger contre leur présence. L’une des priorités des autorités françaises était d’enrayer cette dynamique qui se propageait déjà jusqu’au Gabon avec la formation d’un mouvement similaire Alar-ayôg, sur tout que le clan yemisem était présent des deux côtés de la frontière.

A suivre…

Source: Horizons Nouveaux