Déforestation : quels sont les pays qui continuent à abattre des arbres ?

Des bois issus des forêts

Sun, 28 Nov 2021 Source: www.bbc.com

Les dirigeants du monde entier se sont engagés à mettre fin à la déforestation et à inverser la tendance d'ici à 2030.

Mais dans la forêt amazonienne brésilienne, la déforestation atteint son niveau le plus élevé depuis plus de 15 ans, et ailleurs, les progrès sont difficiles.

Quelque 60 % de la forêt amazonienne se trouve au Brésil, et elle joue un rôle essentiel en absorbant le CO2 nocif qui, autrement, s'échapperait dans l'atmosphère.

Après avoir diminué régulièrement depuis 2004, la déforestation en Amazonie brésilienne est repartie à la hausse, selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE) du pays.

Son dernier rapport indique que la déforestation a augmenté de 22 % au cours de l'année écoulée, avec une perte de 13 235 km2 de forêt.

Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, est critiqué pour ses politiques "anti-environnementales", notamment pour avoir encouragé l'agriculture et l'exploitation minière en Amazonie.

Il réduit le financement des agences gouvernementales chargées de poursuivre les agriculteurs et les exploitants forestiers qui enfreignent la législation environnementale. Les amendes pour exploitation forestière illégale chutent de 20 % en 2020.

Les chiffres exacts ne sont pas disponibles, mais des études récentes suggèrent que jusqu'à 94 % de la déforestation et de la destruction des habitats au Brésil pourraient être illégales.

Le Brésil n'est pas le seul pays responsable de la déforestation de l'Amazonie - les pays voisins, dont la Bolivie, y contribuent également.

L'année dernière, la Bolivie perd près de 300 000 hectares de forêt tropicale, soit la quatrième plus grande perte au monde.

Bassin du Congo : agriculture et mines

Le bassin forestier du Congo est la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Plus de la moitié de celle-ci se trouve en République démocratique du Congo.

Greenpeace, un groupe de défense de l'environnement, affirme que l'exploitation illégale des forêts, par de grandes et de petites entreprises, entraîne la déforestation. Bien que les États-Unis et l'Union européenne aient interdit l'importation de bois illégal, celui-ci est toujours acheminé en contrebande hors du pays.

L'agriculture de subsistance à petite échelle, le déboisement pour la production de charbon de bois et de carburant, l'expansion urbaine et l'exploitation minière constituent d'autres menaces.

Au cours des cinq dernières années, la perte annuelle de forêt primaire est de près d'un demi-million d'hectares, selon Global Forest Watch.

Le mois dernier, le président Felix Tshisekedi ordonne un audit de certains des baux alloués pour l'exploitation des forêts publiques - dont un portant sur plus de 1,4 million d'hectares - sur fond d'allégations de corruption. Cette mesure est saluée par les activistes.

Mais plus tôt cette année, le gouvernement annonce également un plan visant à lever une interdiction datant de 2002 sur les nouvelles opérations d'exploitation forestière - bien qu'il n'ait pas encore été mis en œuvre.

Selon Greenpeace, cela contredirait les engagements pris plus tôt cette année pour protéger la forêt et augmenter la couverture forestière de 8 %.

Indonésie : plantations d'huile de palme

L'Indonésie figure parmi les cinq premiers pays au monde pour la perte de forêts au cours des deux dernières décennies.

Selon les données de Global Forest Watch, le pays a perdu 9,75 millions d'hectares de forêt primaire entre 2002 et 2020.

Le président Joko Widodo s'engage en 2014 à sévir contre la déforestation en s'attaquant au principal contributeur - le défrichage de terres pour les plantations de palmiers à huile.

Jusqu'à 80 % des incendies sont allumés à cette fin, selon les données officielles.

En 2016, un nombre record de 929 000 hectares de forêts disparaissent, mais on observe une diminution constante du taux de déforestation depuis lors.

En 2020, la perte annuelle n'est plus que de 270 000 hectares.

En 2019, le président Widodo décrète un moratoire de trois ans sur les nouveaux défrichements de forêts, couvrant environ 66 millions d'hectares de forêts primaires et de tourbières. Cette mesure est prolongée indéfiniment cette année.

Quel est le plan pour arrêter la déforestation ?

Les forêts absorbent de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2) - un facteur important du réchauffement de la planète - et l'abattage des arbres peut donc avoir un impact important sur le changement climatique.

Selon les Nations unies, 420 millions d'hectares de forêts disparaissent depuis 1990. L'agriculture en est la principale cause.

Plus de 100 dirigeants mondiaux promettent de mettre fin à la déforestation et d'inverser la tendance d'ici à 2030, lors du sommet COP26.

Des efforts sont déjà déployés pour protéger les forêts.

En 2014, l'ONU annonce un accord visant à réduire de moitié la déforestation d'ici 2020 et à y mettre fin d'ici 2030.

Puis, en 2017, elle fixe un autre objectif visant à augmenter les terres boisées de 3 % dans le monde d'ici à 2030.

Mais la déforestation s'est poursuivie à "un rythme alarmant", selon un rapport de 2019, avec de graves conséquences pour la lutte contre le changement climatique.

Il y a bien eu une certaine reforestation, par croissance naturelle ou par plantation, mais les arbres ont besoin d'années pour arriver à maturité avant de pouvoir absorber pleinement le CO2.

Au cours de la dernière décennie, 4,7 millions d'hectares de forêt sont encore perdus chaque année - le Brésil, la République démocratique du Congo et l'Indonésie étant parmi les pays les plus touchés.

Source: www.bbc.com