Démission du RDPC : voici l'intégralité de la lettre de Vamoulke que redoutait Biya

Il a écrit au président

Wed, 30 Aug 2023 Source: www.camerounweb.com

Amadou Vamoulke est toujours derrière les barreaux. Fatigué après ses multiples appels lancés au Président Paul Biya, il a décidé de quitter le parti des flammes. Une note a été adressée au président Paul Biya dont voici la teneur.

Monsieur le Président,

Alors que je viens de boucler ma septième année d'une détention dont les ressorts m'échappent encore, mais vous sont probablement connus, j'ai décidé de démissionner avec effets immédiats, du RDPC et de son Comité Central dont je suis membre depuis le congrès fondateur de 1985 à Bamenda.

Ce faisant, il me vient à l'esprit cette matinée du 24 mars 1985 où le Secrétaire Politique, M François Sengat Kuo, me révéla votre souhait de me voir faire partie du Comité Central, le tout premier, du Parti que vous veniez de former.

J'avais alors reçu cette nouvelle comme votre désir de me faire contribuer au succès de votre ambition pour le Cameroun, et me sentais particulièrement honoré par votre intérêt pour ma modeste personne.

Monsieur le Président,

J'ai conscience, humblement, d'avoir servi le RDPC autant que son Président, avec le plus grand enthousiasme, avec loyauté et intégrité. Je sais que mes états de service vous sont particulièrement connus, eu égard aux nombreux témoignages de satisfaction reçus, y compris de la part de votre haute personnalité. En revanche, je doute que ces dispositions d'esprit fussent répandues au sein du Parti, ce que vous avez-vous-même cu à déplorer en diverses circonstances solennelles.

Ce déficit d'engagement explique probablement la torpeur qui a commencé assez tôt à s'installer au sein du Parti, ce qui m'avait poussé ainsi que d'autres, à adhérer à l'initiative de M Sengat Kuo, de créer un Courant des Forces Progressistes (CFP) pour susciter davantage d'intérêt et de crédibilité au sein du RDPC. Puis j'ai du réintégrer les rangs lorsque j'ai cru percevoir une volonté nouvelle de la hiérarchie de relancer la machine politique. C'était hélas une illusion, car la réalité ultime s'est avérée bien décevante.

Après mon incarcération qu'absolument rien ne peut justifier sinon la volonté farouche d'un ou de plusieurs détenteurs du pouvoir régalien d'abuser traitreusement de ce pouvoir pour me neutraliser, sinon physiquement, du moins socialement, je m'attendais en toute logique à mon éviction du Comité Central du RDPC. Que cette éviction n'ait pas eu lieu est pour moi un indicateur supplémentaire d'une organisation sans âme, où le mot solidarité n'a pas sa place, et où il ne se passe rien de significatif en dehors de la préparation des obsèques de personnalités membres, et des élections. Le laisser-faire qui y règne est probablement comptable des incohérences et de l'inefficacité de la machine gouvernementale que déplore le peuple qui attend désespérément la réalisation de promesses reçues.

C'est dans ces conditions, qu'il m'a paru difficile voire impossible, de continuer à me prévaloir d'une quelconque appartenance à une organisation qui s'est, à mes yeux comme aux yeux de beaucoup d'autres militants, dangereusement éloignée de ses visées et de ses idéaux initiaux, lesquels m'avaient poussé à en faire partie. Une organisation qui au demeurant, m'a ignominieusement abandonné au funeste et infâme sort qui m'a été réservé, par le truchement d'acteurs sulfureux d'une machine judiciaire compromise et sans avenir, comme le prédisent les observateurs avertis

En vous remerciant de la confiance que vous m'avez faite et que j'ai désormais perdue, je vous prie d'agréer Monsieur le Président, l'assurance de ma considération distinguée.

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