Sans en avoir qualité et se trompant de destinataire, la présidente de la section Rdpc Ndé-Nord sert une demande d’explication au préfet du Ndé pour n’avoir pas assuré la sécurité lors du 39ème anniversaire de l’accession du chef de l’État au pouvoir.
« Absence des mesures de sécurité lors de la célébration du 39ème anniversaire de l’accession de S.E.M. Paul Biya à la magistrature suprême ». Tel est l’objet de la correspondance adressée le 08 novembre 2021 au préfet du département du Ndé (région de l’Ouest) par la ministre de l’Habitat et du développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès. Frappé du sceau de la confidentialité, le document circule pourtant dans les réseaux sociaux et suscite la polémique, non seulement sur la forme, mais aussi sur le fond.
Sur la forme, la confusion apparaît dès le début de la lettre lorsque l’expéditrice utilise l’en-tête de son département ministériel alors qu’il s’agit d’une activité privée qui concerne la vie d’un partie politique ordinaire, quoiqu’occupant le pouvoir. D’ailleurs Célestine Ketcha Courtès signe à la fois en tant que « madame le ministre » et « présidente de section Rdpc Ndé-Nord ». De quoi donner aux internautes la preuve de la manifestation du partiÉtat. Dans le cadre de cette célébration, elle constate non seulement l’absence de l’autorité administrative, pourtant formellement convié à la fête, d’après une correspondance datée du 04 novembre, mais elle s’irrite davantage du fait « qu’aucune disposition sécuritaire n’a été prise, notamment en ce qui concerne la « Marche de soutien » pour notre champion, sur l’itinéraire allant de la Permanence du parti à la Place des fêtes ».
Poursuivant, la ministre ajoute que « la sécurité des milliers de militants sur cet itinéraire a été exposée par des conducteurs de mototaxis, qui se frayaient un chemin au milieu de cette immense foule, rendant par conséquent la marche périlleuse ». À ce niveau, il y a clairement une méprise de Célestine Ketcha Courtès. Car, au sens de l’article 7(1) de la loi du 19 décembre 1990 fixant le régime des réunions et des manifestations publiques, celles-ci font l’objet d’une déclaration préalable « au district ou à la sous-préfecture où la manifestation doit avoir lieu ».
Autrement dit, c’est au sous-préfet qu’aurait dû s’adresser la présidente de section Rdpc Ndé-Nord. Au fond, c’est clairement une demande d’explication qui est servie au préfet du Ndé. Face à ce qu’elle assimile à « une mission de sabotage savamment orchestrée, avec pour objectif la mise à mort du Rdpc » dans sa section, Célestine Ketcha Courtès pique une colère. « J’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien nous apporter des clarifications dans les meilleurs délais, sur cette attitude susceptible d’annihiler les 39 ans d’efforts des populations du Ndé, pour pérenniser le capital de confiance et les acquis de leur champion, S.E.M. Paul Biya », écrit-elle à l’autorité administrative.
Là encore, même en tant que Minhdu, Célestine Ketcha Courtès n’a pas qualité pour donner des injonctions à une autorité administrative, ce d’autant plus que « le gouverneur, le préfet et le sous-préfet sont placés sous l’autorité hiérarchique du ministre chargé de l’Administration territoriale », précise l’article 3(3) du décret du 12 novembre 2008 fixant les attributions des chefs de circonscriptions administratives et portant organisation et fonctionnement de leurs services.