Ces dernières années, les pays africains subissent les influences technologiques et culturelles des pays occidentaux. Avec l’arrivée de nouvelles sources d’information pas très souvent contrôlées par les parents, les enfants deviennent de potentielles victimes de l’avènement de ces nouvelles technologies de l’information.
Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont devenus indispensables dans la vie de certains d’entre eux. En plus de l’avènement des réseaux sociaux dont le contenu n’est pas toujours soumis au contrôle parental, il arrive également que les enfants soient soumis à une multitude d’influence : l’école, la rue, les groupes d’amis. La jeunesse africaine aujourd’hui pose problème. Si le sexe, l’alcool, la drogue et la violence ont toujours existé en milieu scolaire, ils sont désormais banalisés. Il ne manque pas de jours où nous nous retrouvions face à des images montrant des jeunes ayant des comportements douteux. Sur les réseaux sociaux, ces comportements déviants prennent une autre ampleur. Des fois, certaines scènes nous parviennent souvent en direct de la toile, ce qui choque et provoque l’émoi général.
On a encore en mémoire la vidéo des élèves d’un des lycées de Kribi dans la région du Sud Cameroun qui se livraient régulièrement à des orgies et «chills» dans un appartement qui avait été affrétés pour les circonstances, et ceci à leurs heures de cours. Au Togo, les apprenants des lycées et collèges avaient profité de la reprise des cours après la trêve provoquée par le coronavirus pour faire leur buzz. Ces derniers, s’étaient lancés dans une dépravation des mœurs qui dépasse l’entendement. Sexe, drogue, alcool, violences étaient devenus l’apanage de ces élèves qui en ont fait l’usufruit. Des images et vidéos de ces élèves en pleins ébats sexuels, escaladant les murs de l’école, jouant au jeu de carte et dé étaient devenues virales sur les réseaux sociaux. Au Gabon, la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos obscènes d’élèves de lycées et collèges de Libreville avait heurté l’opinion, amenant de nombreux observateurs à s’interroger sur les causes de cette résurgence d’actes de cette nature au sein de la jeunesse.
Comment comprendre que nos jeunes puissent aller aussi loin dans leur liberté en violant des règles de conduite en société ?
Pour parler de dépravation des mœurs, il serait important et judicieux de définir tout d’abord ce concept.
Quand on parle de mœurs, cela nous renvoie à des règles imposées par la morale sociale. Certains diront que les mœurs ne sont pas nées aujourd’hui, et que c’est un vocable qui était usité à l’époque de nos aïeux. Il existe donc de ce fait un problème générationnel entre le traditionnel et l’actuel. La dépravation quant à elle, si nous nous en tenons à sa définition d’après le dictionnaire français Larousse, la dépravation est un comportement dénaturé, une manière de se conduire immorale, en particulier sur le plan sexuel. Dans la même suite d’idée, la dépravation des mœurs est un outrage aux bonnes mœurs. Si on s’accorde sur la responsabilité partagée des dérives observées dans les écoles, il faut en toute responsabilité mettre également un accent particulier sur le rôle des parents. Il est tout à fait légitime que l’éducation soit de la responsabilité des parents tout comme la formation des jeunes devrait être du ressort de l’Etat. Même si l’école est également après tout un lieu d’éducation, cette éducation a besoin d’une base assainie depuis la cellule familiale pour s’y asseoir solidement.
Au Cameroun, la société est essentiellement patriarcale. L’homme est dépositaire de l’autorité au sein de la famille. La femme y occupe une place prépondérante. Elle est le sein nourricier. Le rôle d’éducatrice parfois peut lui valoir le courroux du père de famille lorsque celui-ci estime qu’il existe des failles dans l’éducation de l’enfant. Parfois, pour renforcer son autorité auprès de l’enfant, elle peut avoir recours à l’autorité paternelle. Pour les familles monoparentales, l’éducation est assurée aussi bien par le parent que par son entourage, les oncles, les tantes et jusqu’à une certaine mesure certains voisins. Tout le monde est gardien de tout le monde. Les temps changent et les hommes avec.
Avec la montée en puissance du grand banditisme, des enlèvements, des viols, des disparitions d’enfants, des meurtres, les parents font de moins en moins confiance à tout ce qui les entoure. Même le voisin qui était autrefois considéré comme un membre de la famille, sa présence est devenue comme une violation d’un espace qui n’est pas le sien. La confiance qui jadis pouvait exister disparaît. Suite donc à ce souci de protection de leurs progénitures, il devient difficile pour les parents d’exercer un contrôle parental sur leurs enfants. Le jeune enfant qui n’a plus que son parent comme principale figure de référence est donc livré à lui-même. Cette jeunesse qui veut évoluer suivant les tendances de la société occidentale finit par s’embourber et se retrouve prise au piège. Dans les milieux scolaires, le premier facteur responsable du détournement des jeunes est la mauvaise compagnie. L’utilisation des téléphones portables à l’intérieur et hors de l’enceinte des établissements favorise la création et l’appartenance à des groupes où peuvent se partager tout type de contenus. Nombreux sont ces camarades qui font des lycées et des collèges des lieux de trafic de toutes sortes de stupéfiants. Certains se font passer pour des lycéens, arborent des tenues de classes mais s’y rendent pour toute autre chose. Dans les classes, on retrouve des élèves en possession de toutes sortes d’armes. Au moindre mécontentement, ils n’hésitent pas à se servir de leurs armes aussi bien contre d’une part, leurs enseignants et d’autre part, leurs camarades.
L’avènement de nouvelles technologies ne facilite pas également la donne
En plus des programmes télévisés qui ne sont pas toujours sous contrôle parental, l’ordinateur peut aussi être considéré comme un des instruments phares qui contribue à la dépravation des mœurs. Pour se construire, la jeune génération a besoin de l’autre, de son regard. En tant qu’instrument qui le met en relation avec son semblable, internet devient l’espace adéquat qui lui offre un contexte unique lui permettant de participer à toute vie publique. Les réseaux sociaux ont conquis le cœur des jeunes. Ils occupent une place de choix pour ces derniers. Ils les permettent de se fédérer, de se réunir, de se créer des liens ou d’échanger sur tout ce qui les entoure. Une nouvelle mode grâce à Instagram, Facebook, tweeter et des applications telles que Snapchap, Tiktok.
Malheureusement tout n’est pas toujours rose avec les Réseaux sociaux puisque nos jeunes deviennent facilement accros. Les Réseaux sociaux sont à l’origine d’une baisse de la concentration, le cyber harcèlement par d’autres utilisateurs.
A l’aide des téléphones, il est plus facile de prendre des rendez-vous pour organiser des fêtes d’anniversaires et d’autres rencontres de réjouissance lesquelles se transforment souvent en rencontres avec comme finalité la consommation d’alcool, de drogues fortes de toute sorte, de sexe et pour finir, des viols. Les jeunes filles, sont de plus en plus à la recherche du corps parfait. Elle s’assimile à des célébrités, ce qui entraine chez elle une perte de l’estime de soi. Ce regard sévère sur son corps est accentué par les réseaux de placements des produits des influenceuses, les crèmes pour le corps, les potions amincissantes ou autre remède miracle. Tout ceci pouvant provoquer une sorte de dysmorphie chez la jeune fille qui aura des pensées obsédantes sur des défauts imaginaires ou obsédée par l’imperfection de l’apparence physique.
Pourtant, il y’a encore quelques années au Cameroun, les adolescents n’avaient pas accès aux médias audiovisuels. Les familles qui possédaient un poste de télévision se comptaient au bout des doigts. L’éducation qui primait en ce temps était celle des parents, celle de l’ancienne génération qui accordait une grande importance à la morale ou encore l’éducation des maîtres. Il est donc temps pour les parents qui ont toujours été les premiers éducateurs de leurs enfants de s’y remettre. Ces parents ont donc le droit et le devoir, de mettre en place des bases intellectuelles et émotionnelles et de développer le système de valeurs et d’attitudes de leurs enfants, d’autant plus que l’avenir d’un enfant est fortement annoncé en filigrane durant la période préscolaire. Ils doivent en toute conséquence exercer leurs responsabilités de parents d’élèves. De son côté, l’Etat, par le système éducatif, doit former les jeunes à devenir de bons citoyens et de bons professionnels et leur donner les bases d’un apprentissage et développement personnel tout au long de la vie.
C’est le lieu ici de rappeler à certains géniteurs ou tuteurs le rôle qui est le leur dans la construction de leurs progénitures. Ces parents trop occupés, à la recherche effrénée du matériel, l’obsession de leur affirmation sociale vaille que vaille et qui donc sont incapables de passer quelques minutes avec leurs enfants. Il est plus que temps pour les parents de comprendre qu’un portable dans les mains d’un adolescent, à l’heure des réseaux sociaux, sans contrôle parental, est un cadeau empoisonné. A quelques heures de la rentrée scolaire 2021-2022, il serait plus qu’urgent que les parents jouent leur partition