L’ancien directeur général de la Camwater répond actuellement aux questions du parquet dans l’affaire d’un détournement présumé de 130 millions de francs qui lui est imputé en compagnie d’une promotrice d’entreprises déclarée en fuite. Le parquet veut établir la culpabilité de Williams Sollo sur la base d’un marché dont le procès-verbal de livraison est introuvable.
Le parquet du Tribunal criminel spécial(TCS) cherche à tout prix les poux sur la tête de de Williams Sollo, l’ancien directeur général de la Camwater. Le 5 mai 2022, ce dernier répondait aux questions du représentant du ministère public dans l’affaire d’un détournement présumé de 130 millions de francs. Il répond de ce chef d’accusation en compagnie de Christelle Appollin Sidoine Ngambi, promotrice de nombreuses entreprises, déclarée en fuite.
Les faits se rapportent à un marché relatif à la construction de l’immeuble siège de la Camwater à Yaoundé. L’entreprise publique s’était mobilisée via un partenaire, prétend-il pour nouer un partenariat public-privé afin de trouver des financements pour les travaux de construction de l’immeuble siège.
«A mon arrivée à la tête de la Camwater, a-t-il dit pour situer le tribunal j’avais trouvé que mon prédécesseur avait déjà acheté un terrain devant l’immeuble siège.» Parmi les activités préliminaires au lancement du chantier, a dit l’ancien DG, il fallait trouver un intermédiaire pouvant aider la Camwater à chercher et trouver un entrepreneur bâtisseur. C’est ainsi que l’entreprise de Christelle Appollin Sidoine Ngambi, sa coaccusée en fuite, avait été retenue.
Un mandat spécial lui avait été délivré, qui lui permettait de conduire, a dit le témoin, une mission à Doubaï en compagnie d’un avocat et du chef de la division de la coopération de la Camwater, Fobeneh Christopher, à l’époque des faits. Il ajoute que cette mission avait identifié des partenaires qui étaient finalement venus au Cameroun pour mieux s’enquérir du projet et signer avec la Camwater un protocole pour le financement des travaux envisagés.
Mandat spécial
De retour à Doubai, poursuit Williams Solk), ces partenaires avaient envoyé des experts à Yaoundé pour débuter les études techniques, économiques, financières et les études du marché devant permettre la mobilisation des financements nécessaires à la réalisation du projet. Il précise qu’il avait été conclu que la Camwater prenne en charge le logement desdits experts, ce qui avait été fait
«Au lieu de les loger à l’hôtel ce qui allait coûter un peu plus cher à l’entreprise, nous les avons plutôt fait loger dans une villa au quartier Bastos à Yaoundé, buée auprès de Joseph Antoine Bell». Comme dernière action posée dans le cadre de ces préparatifs, l’accusé explique que la Camwater avait commandé à Mme Ngambi deux équipes de gardiennage, l’une pour la villa de Bastos et l’autre pour le site qui devrait abriter l’immeuble.
Cette décision avait été prise, d’après lui, dans le souci de sécuriser les experts pendant leur séjour à Yaoundé. Il y avait par ailleurs le souci de protéger le site de construction de l’immeuble siège en empêchant aux brigands de s’y installer pour effectuer de basses besognes.
A la question de savoir s’il pouvait produire un avis d’appel recherchant les sociétés pouvant offrir les services de gardiennage dont il parle et la lettre commande par laquelle la Camwater avait choisi Christelle Appollin Sidoine Ngambi ou tout autre structure de prendre en charge la sécurité des experts venant de l’étranger, l’ancien DG répond par la négative avant d’expliquer que le mandat délivré à sa coaccusée lui donnait la latitude de fournir ce type de services.
Surtout que son entreprise avait pris, souligne-t-il l’option d’un partenariat public-privé qui ne répond pas aux prescriptions du code des marchés publics. A la préoccupation du parquet de savoir par quel processus Mme Ngambi avait été retenue comme consultant de la Camwater, il réplique qu’elle était prestataire pour de nombreux marchés dans l’entreprise publique et qu’elle lui avait été recommandée par son prédécesseur. 11 souligne que ce type de collaboration n’est pas prévu par le code des marchés.
Marchés exécutés?
Enfin, le parquet a voulu savoir pourquoi, dans les photocopies des marchés dont il fait allusion, ne figure pas le bordereau des documents adressés à la Camwater pour certification, Williams Sollo explique pour l’essentiel qu’il ne s’agit que d’un seul marché d’un montant de 42,2 millions de francs dont le parquet n’arrive pas à trouver l’original le procès-verbal de livraison qui existe comme l’atteste un autre témoin mais qui serait enfoui dans le désordre des archives de la Camwater.
Or, souligne-t-il, le témoin avait déclaré devant la barre que tous les marchés dont avait bénéficié Mme Ngambi avaient été régulièrement exécutés et livrés. Argument soutenu selon l’accusé par le fait que le montant du paiement en cause avait été enregistré par la comptabilité dans le grand livre de la Camwater. Il conclut ce document ne peut pas se trouver à l’Agence de régulation des marchés publics. Et que le rapport des études géotechniques à l’origine du paiement litigieux avait été emporté par Christelle Appollin Sidoine Ngambi. L’affaire a été renvoyée au 20 juin 2022 pour une nouvelle audition de Williams Sollo suite aux questions de son avocat.