C’est désormais un secret de polichinelle. Les péages constituent une source de revenu mal gérée par le gouvernement camerounais. La construction des péages sécurisés loin d’assainir le secteur, constituerait une véritable opération d’arnaque selon Sa Majesté Célestin BEDZIGUI, Président du Parti de l'Alliance libérale (Pal).
L’invasion de l’Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale par les pays occidentaux a fait prendre conscience à ceux-ci du retard de leur réseau de communication terrestre comparativement au réseau des autoroutes construites par le régime Nazi. La nécessité d'une grande politique de rattrapage dans de domaine s’est imposée à l'esprit des gouvernements.
Toutefois, la rareté des ressources financières de pays sortant de la guerre et les besoins colossaux de la reconstruction ont vite fait comprendre que les seules recettes fiscales et une gestion en régie ne pouvaient pas permettre la réalisation de la transformation structurelle d’envergure qu'était la construction de réseaux d’autoroutes. Il a donc fallu trouver une formule permettant de résoudre le problème de trouver des financements pour la construction des autoroutes. Et la solution a été trouvée par un modèle économique qui devait devenir universel, un modèle basé sur le recours à des sociétés d'autoroutes, entités juridiques privées ou d’économie mixte auxquelles l’État accordait une concession dont l’objet était la construction d’autoroutes.
Il revenait alors à ces sociétés de rechercher et lever les financements dont le remboursement était adossé sur le péage payé par les usagers.
Ce mécanisme permettait ainsi de trouver les ressources nécessaires au remboursement des emprunts contractés par ces sociétés d’autoroutes. Ce modèle s'est finalement imposé comme d'usage universel.
Il est fondé sur une rationalité économique incontestable dans lequel le péage perçu par la société d'autoroute est un instrument précieux qui permet au pays de se doter d’un réseau autoroutier sans une pression budgétaire et donc, sans prélèvement fiscal supplémentaire. Le péage est donc de ce fait un levier puissant d’acquisition d’infrastructures dont de construction d'autoroutes.
Le projet encours de mise en place d'un système soit-disant de « péage sécurisé » en prenant prétexte de la sécurisation des recettes fiscales sans la contrepartie qu'est la construction d'autoroutes est à la fois une marque de l' incompétence avérée de l'administration en charge et de la pire arnaque. Ce constat est d'autant plus flagrant que l'on voit être inséré dans le jeu un nouvel acteur qu'on dit être la "société de péage", une curiosité bien camerounaise, toute chose qui indique que les pillards de la République s'apprêtent à perpétrer un nième casse du siècle, en détournant à leur profit immédiat et à celui de leurs complices à long terme, au détriment de l'intérêt général, les avantages de transformation structurelle qui devraient être obtenus d'un péage utilisé de manière avisée. Nous sommes donc là face à un grave crime économique de mise en place d' un système de prédation des ressources du pays sans la contrepartie attendue.
Je reviens sur une des facettes les plus questionnable dans l'implication dans cette opération d’entités de la nébuleuse néocoloniale pour lesquelles notre pays est une vache à lait perpétuelle. Les voilà aujourd'hui impliqué dans un système habituel de prédation, toute chose qui fait flotter dans l'air un fort parfum de corruption.
La soit-disant sécurisation des recettes ne saurait être la raison d’une mise en concession scandaleuse dont le résultat le plus visible la promesse d'un enrichissement sans cause d’entreprises prédatrices des ressources de notre pays qui devraient servir à la construction des autoroutes dans notre pays. Jusqu'où détournerons nous notre regard de tous ces scandales qui s’amoncellent au fil des années en toute impunité et dans lesquels excelle une administration incompétente et corrompue?
Le système de péage doit servir à financer les infrastructures routières de deuxième génération que sont les autoroutes.
L'institution de péage sur les pistes que sont nos soit disant axes lourds est une anomalie qui ne sauraient être une fin en soi et ce d'autant plus grave que les fonds collectés vont au Ministère des Finances et ne sont pas affectés au développement du réseau routier qui devient le chancre mou du paysage économique où il n' existe pas une structure publique dédiée à cette mission depuis le démantèlement des subdivisions des routes imposées par la Banque Mondiale.
En vérité, plutôt que de s’empêtrer dans des prétentions démagogiques, ce gouvernement devrait rétropédaler et mettre aux enchères les concessions aux sociétés d’autoroutes pour les tronçons d’autoroutes de Douala à Maroua, de Douala a Bamenda etc... Les sociétés adjudicataires iront lever leurs financements et le pays serait doté d'un réseau d’autoroutes dans les années qui suivront. Ce serait une démarche identique à celles adoptées par le Général de Gaulle pour l’Autoroute du Sud et le Général Eisenhower pour le maillage autoroutier des USA dans les années 1950.
Ce ne devraient pas être les capacités budgétaires de l’État qui doivent porter la construction des autoroutes. C' est l'intensité du flux de marchandises qui traverse notre le territoire national, du fait que le Cameroun est le point de transit presque obligé des pays de l'hinterland.
L’important de ce trafic est en soi un atout précieux pour la construction des autoroutes en s’appuyant sur des sociétés d’autoroutes tirant ressources du péage comme énoncé tout au long de propos.
Quand on l'a compris, deux urgentes nécessités s’imposent en toute logique: arrêter la mascarade scandaleuse de «péages sécurisés », réécrire la convention signée avec Razel et Egys pour qu’elles opèrent comme sociétés d’autoroutes, au lieu de continuer à perdre le temps et afficher l’incapacité à avoir même au moins une autoroute entre Douala et Yaoundé.
Le monde change... Il s’ouvre... Les États s’approprient des innovations en matière de gouvernance, de technologies, d’organisation et de méthodes
De grâce, sortons nos esprits des blocages où les enferme une culture de corruption. Osons être brillant, pour faire avancer le Cameroun.