Selon Dieudonné Essomba, le pays traverse depuis des lustres des déficits budgétaires structurels
Comment comprendre qu’un pays qui, en 2021 a fourni 45% du produit intérieur brut des 6 États membres la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) soit endetté?» En éclairant les «points aveugles» de la question sur eux-mêmes, l’économiste-statisticien camerounais débouche sur une réponse.
« Selon les rapports d’exécution des budgets annuels ces quatre dernières années, de janvier 2018 à fin décembre 2021, le Cameroun qui se positionne comme le géant de l’économie de l’Afrique centrale a enregistré un solde budgétaire global négatif de 2 763 milliards FCFA. Incapable d’assurer par lui-même les dépenses annuelles inscrites au budget à cause des déficits, l’État camerounais est obligé de recourir chaque année à l’endettement pour assurer son bon fonctionnement. Aujourd’hui, le Cameroun croule sous le poids d’une dette qui ne cesse de croître d’année en année», renseigne Dieudonné Essomba. «En moins de sept ans, poursuit-il, entre le 31 décembre 2016 au 30 septembre 2022, l’encours de la dette directe de l’administration centrale du Cameroun a plus que doublé puisqu’il est passé entre ces deux périodes de 5 265 milliards à 11 442 milliards FCFA». En d’autres termes… Le pays est enfermé dans la «prison de la dette». «Et pourquoi?», s’interroge Dieudonné Essomba.
S’inspirant des rapports d’exécution des budgets annuels du Cameroun de quatre dernières années (de janvier 2018 à fin décembre 2021), l’ancien fonctionnaire mobilise une grille d’interprétation rigoureuse. Pour cela, il soutient que «l’État camerounais a consacré 4 018,8 milliards FCFA pour assurer le service de sa dette publique». Il montre par ailleurs que «la part du service de la dette extérieure dans ce montant représentait 1 956,3 milliards. Au cours de ces quatre dernières années, en ce qui concerne seulement le service de la dette extérieure le Cameroun a dépensé 628,6 milliards FCFA au titre des d’intérêts, soit 32,13% du capital.
Pour assurer la pérennité du service de la dette, le Cameroun comme tous les pays au sud du Sahara, a été obligatoirement abonné au début des années 90 aux programmes d’ajustement structurel. Ces programmes d’ajustement structurel au lieu de combattre les causes de surendettement des pays africains ont au contraire imposé à nos États des restrictions drastiques sur les budgets alloués aux secteurs sociaux de base dont les conséquences ont conduit à la hausse du taux de pauvreté et de chômage, à la fragilité de l’emploi, au gel des salaires, à des niveaux d’analphabétisme élevés et à la limitation de l’accès aux soins de santé de base ainsi qu’à la privatisation des entreprises et des services publics; Et aussi, on ne saurait passer sous silence, l’augmentation supplémentaire d’un montant très important du stock de la dette du Cameroun sans emprunt complémentaire à travers le mécanisme du jeu monétaire entre le dollar et l’Euro »
