Démission du gouvernement: le ciel tombe sur la tête d'Issa Tchiroma Bakary

L'affaire des déclarations controversées attribuées au ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, continue de faire des remous dans le paysage politique camerounais. L'analyste politique Hervé Emmanuel Nkom vient de rejoindre le chœur des critiques en réclamant purement et simplement la démission du ministre.

Selon Hervé Emmanuel Nkom, la position d'Issa Tchiroma est devenue intenable après ses récentes sorties publiques. "Tu ne peux pas être à l'intérieur et extérieur en même temps", a-t-il déclaré, soulignant l'incompatibilité entre les fonctions ministérielles et les propos tenus par le responsable gouvernemental.

Un rappel de l'affaire Tchiroma

Cette prise de position intervient après la polémique suscitée par des déclarations attribuées au ministre, prononcées en langue fulfulde. Dans ces propos largement relayés sur les réseaux sociaux, Issa Tchiroma aurait appelé à un changement politique, critiquant ouvertement le bilan de 42 ans de pouvoir et encourageant les électeurs à "tourner la page".

Les déclarations rapportées faisaient notamment référence aux difficultés économiques du pays et à l'incapacité du régime en place à améliorer les conditions de vie des populations. Le ministre y aurait déclaré : "Toute personne qui vous invite à voter pour une chose déjà reconnue comme étant la cause de votre mal-être, c'est lui votre ennemi."

Avant Hervé Emmanuel Nkom, l'analyste politique Philip Nsoa avait déjà exprimé ses réserves sur l'attitude du ministre lors de l'émission LE CLUB sur Bnews1. Il avait notamment souligné que "le ministre Tchiroma est constant dans l'incohérence", ajoutant qu'avec lui, on avait "franchi tous les sommets, dans l'hyperbole".

Philip Nsoa avait également appelé le RDPC à la clarification, estimant qu'en période pré-électorale, "il vaut mieux connaître qui est véritablement un allié". Il avait insisté sur le fait que "même dans le cadre de la surenchère, il y a des expressions que vous ne pouvez pas tenir, surtout quand on est aux affaires".

Hervé Emmanuel Nkom pousse l'analyse plus loin en posant la question fondamentale de la compatibilité entre les fonctions gouvernementales et les positions critiques exprimées publiquement. Pour lui, un ministre ne peut simultanément servir un gouvernement et le critiquer ouvertement.

Cette position rejoint les préoccupations exprimées par plusieurs observateurs politiques qui s'interrogent sur la cohérence du discours au sein de l'équipe gouvernementale. La question de la loyauté ministérielle et de la solidarité gouvernementale se trouve ainsi posée avec acuité.

Ces appels à la démission interviennent dans un contexte où les échéances électorales approchent et où chaque déclaration politique fait l'objet d'une analyse minutieuse. L'affaire Tchiroma illustre les tensions qui peuvent naître au sein même de la majorité présidentielle lorsque des voix discordantes se font entendre.

L'affaire soulève des questions importantes sur les limites de l'expression politique pour les membres du gouvernement. Traditionnellement, la solidarité gouvernementale implique que les ministres défendent publiquement les positions du gouvernement auquel ils appartiennent, même s'ils peuvent exprimer des divergences en interne.

La position d'Hervé Emmanuel Nkom reflète cette vision classique de la responsabilité ministérielle : un ministre qui ne peut plus soutenir la politique gouvernementale devrait logiquement présenter sa démission plutôt que de la critiquer publiquement.

Alors que la polémique enfle, la question de la position officielle d'Issa Tchiroma devient de plus en plus pressante. Les appels à la démission formulés par Hervé Emmanuel Nkom et les critiques de Philip Nsoa mettent le ministre face à ses responsabilités et interpellent le gouvernement sur la nécessité d'une clarification.

Cette affaire pourrait constituer un test important pour la cohésion de l'équipe gouvernementale à l'approche des prochaines échéances électorales.