Dans une déclaration publique datée du 30 juin 2025, le candidat à l'élection présidentielle Maurice Kamto s'adresse aux populations du Grand Nord du Cameroun, dénonçant ce qu'il présente comme une stratégie de manipulation du régime RDPC visant à instrumentaliser les tensions communautaires dans cette région. Face à ce qu'il qualifie de "projet macabre" du pouvoir en place, l'opposant appelle ces populations à résister aux "manœuvres honteuses" et à se concentrer sur la mobilisation électorale en vue du scrutin présidentiel d'octobre 2025.
LE GRAND NORD ET SES COURAGEUSES POPULATIONS DOIVENT REFUSER LE PIRE QUE LUI PREPARE LE REGIME RDPC AUX ABOIS FACE À SON EMANCIPATION POLITIQUE.
L'actualité politique récente a mis les projecteurs sur les populations du Grand Nord, considérées depuis les premières élections pluralistes des années 1990 par le régime RDPC simplement comme une réserve de voix permettant d'ajuster les résultats des élections. En effet, mis à part des postes attribués à quelques élites pour elles-mêmes, le sort des populations du Grand Nord n'a jamais retenue l'attention du pouvoir-RDPC, malgré les déclarations hypocrites de circonstance. La négligence, l'oubli et l'abandon, selon le cas, dans les domaines de la sécurité, des infrastructures et l'énergie, d'accès à l'eau potable, de l'éducation, de la santé, du développement industriel dans ce grand ensemble géographique et humain en sont un témoignage éloquent. Voilà des années que nous essayons d'attirer l'attention de ce régime sur cette situation désastreuse, hautement préjudiciable à la cohésion nationale, sans succès. Le régime en place ne traite-t-il pas avec condescendance et mépris les populations du Grand Nord auxquelles il ne pense qu’à l’occasion des élections?
Ces populations, trop longtemps stigmatisées par l'élite bien pensante du parti au pouvoir, sont désormais débout déterminées à assumer pleinement leur destin en tant que composante à part entière de la nation camerounaise. Dans toute sa diversité, sa jeunesse dynamique a désormais fixé le cap à suivre à quiconque envisage de parler en son nom. Ce cap, c'est le rattrapage dans les différents domaines d'abandon énumérés ci-dessus.
Après le traumatisme des graves événements de 1984 et de l’abandon à l’étranger des restes du premier Président de notre pays, Ahmadou AHIDJO qui s'en est suivi, la jeunesse consciente et les populations du Grand Nord en général, reviennent dans le jeu politique et entendent peser de tout leur poids dans le choix des dirigeants de notre pays, en particulier lors du scrutin présidentiel d'octobre prochain. Leur sursaut semble avoir surpris le pouvoir en place qui, en raison de sa nature réactionnaire n'y voit que la défiance et l'insurrection. Pris de panique, le régime croit, comme à son habitude, pouvoir recourir à la manipulation et au discours de haine visant à installer un climat de tension, voire de conflit ouvert entre les communautés socio-culturelles et religieuses dans le Grand Nord, dans l'espoir d'enrayer la prise de conscience et la révolte politique pacifique en cours. De nombreuses sorties sur les réseaux sociaux d'une militante du RDPC apparemment bien introduite, une certaine presse, et des personnes pouvant être clairement identifiées comme des communicants du RDPC dans les débats médiatiques, se font impunément les relais de ce projet macabre. Faut-il rappeler que ce projet funeste que le régime RDPC semble nourrir dans le Grand Nord, peut conduire à des confrontations violentes ? Le pouvoir en place n'a-t-il donc tiré aucune leçon de la guerre civile inutile, meurtrière et destructrice qu'il a provoqué de manière irresponsable dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-Ouest, il y a bientôt neuf ans ? Jusqu'où le régime RDPC est-il prêt à aller pour conserver le pouvoir?
Face à ces dérives haineuses dont les conséquences potentielles seraient désastreuses pour l'ensemble de la Nation camerounaise, j'interpelle solennellement le pouvoir en place afin qu'il mette un terme au jeu dangereux qu'il joue en ce moment dans le Grand Nord. Les Camerounais de cette partie du pays, qu'elles que soient leurs communautés socio-culturelles et leurs religions, ont su trouver depuis très longtemps des équilibres et créer les conditions d'un vivre-ensemble apaisé. Même s'il y avait de choses à améliorer, c'est la sagesse qui doit prévaloir, et le pouvoir devrait contribuer, là où c'est nécessaire à créer ou à améliorer les conditions d'une coexistence paisible, au lieu d'allumer le feu qui peut embraser toute cette importante partie de notre pays.
J'invite les braves et courageuses populations du Grand Nord, toutes sensibilités confondues, à ne pas céder aux manœuvres honteuses d'un régime incompétent et désorienté, qui redoute la sanction électorale du peuple, désormais debout et déterminé à être seul maître de son destin. J'invite par ailleurs les militants du parti au pouvoir, originaires du Grand Nord, à ne pas avoir peur du changement et de l'alternance démocratique qui est désormais irréversible dans notre pays. Ils ne doivent pas répondre aux sirènes de la haine et de la division que leurs dirigeants politiques entonnent depuis Yaoundé à travers certains de nos compatriotes. Comme je l'ai dit lors du meeting du 31 mai 2025 à Paris, je m'engage à être le messager de l'unité foncière de notre pays, c’est-à-dire fondamentale, de l'unité structurelle du Cameroun, c'est à dire l'articulation de toutes les communautés Camerounaises, de l'unité ontologique du Cameroun parce qu'en nous coule le même sang, le même souffle et le même esprit. Un grand destin attend les populations du Grand Nord et le peuple Camerounais tout entier. Ne cédons pas aux provocations.
Restons concentrés sur l'essentiel : les inscriptions massives sur les listes électorales, le vote sanction contre le régime RDPC et son candidat le jour J, la surveillance stricte du vote, la lutte impitoyable contre toute forme de fraudes électorales, qu'elles soient le fait d'un individu, d'une autorité religieuse ou traditionnelle, ou de toute autre institution.
Je souhaite relever le défi de la construction nationale avec toute la jeunesse et toutes les populations du Grand Nord, dans leur riche diversité, comme avec celles de toutes les autres parties de notre cher pays.
Fait à Yaoundé le 30 juin 2025
Maurice KAMTO,
Candidat à l'élection présidentielle de 2025