Déclaration de réprobation et appel à plus de responsabilité de la presse ainsi que des leaders d’opinion
A propos des manipulations, de la désinformation et du mensonge en vue de semer la pagaille sociale, de développer des vexations dans la population, de construire des haines incontrôlables et de semer des révoltes de circonstance.
L’enlèvement du Sous-préfet d’Idabato et l’accident ayant entraîné le décès d’une écolière sur la route de Mbalmayo comme cas d’école
Le vendredi 22 novembre, un cortège gouvernemental sur le trajet de la nationale menant au sud, rencontre un accident sur sa route. En effet un porte char a écrasé une écolière et la dépouille est encore étalée sur la chaussée. Le cortège s’arrête et les deux membres du gouvernement mettent pied à terre pour exprimer leur compassion, dans un élan d’humanité, de sociabilité et de responsabilité admirable. On peut voir sur les images, le ministre des finances et le ministre des travaux publics très attristés. Mais qu’est-ce que nous découvrons sur les réseaux sociaux ? Le cortège des ministres a écrasé une élève ; les ministres ont commencé les crimes rituels de décembre ; la jeune élève a été sacrifiée. Cette version, certains sont très contents de la populariser en inondant les téléphones et les foras. Mais à quelles fins finalement ?
Autre drame, l’enlèvement et la torture de notre compatriote, le Sous-préfet d’Idabato. Ce que j’ai entendu est tout simplement ahurissant. On n’est pas loin de soutenir que le haut commis de l’Etat a été sacrifié, même que c’est le gouvernement qui a organisé le crime. On met en exergue l’épouse, on se plaint du retard dans la réaction, du silence, de l’insouciance et pêle-mêle. En somme, les vrais grands types qui savent gérer les drames et les grands événements, sont ailleurs et non au gouvernement. Donneurs de leçons de gouvernance et de gestion des crises. Remettez-nous le pouvoir ?
Non, la scène sociale et politico-médiatique de notre pays, est devenue une scène de crocs morts, de suceurs de sang, de pyromanes et de diables aux longs couteaux et aux gros bâtons. C’est une vraie foire de sorciers de toutes les espèces prêtes à envoûter tout le monde pour prévaloir. Des spécialistes sabitouts sont à l’affut des moindres événements malheureux, pour gonfler la colère, approfondir les fractures et construire des révoltes subjectives. Pour gagner quoi donc ?
Personne, je l’ai dit, soutenu et défendu, ne viendra nous contredire, sur le fait que notre pays traverse une phase délicate, sensible et quasiment dangereuse chargée de doutes, d’incertitudes et de mille inconnus, mais de là à vouloir mettre le feu partout, voire le négatif partout, accuser partout et sur tout, produire des mensonges et des interprétations méchantes et malveillantes, il y a quelque chose d’inacceptable. La presse dans toutes ses composantes devrait au moins se limiter à donner la vraie information, à dire la vérité. Il en va de même pour les leaders d’opinion et chefs des partis et mouvements politiques de toutes les obédiences. Ce n’est pas en se montrant trop critique, trop méchant et trop sévère à l’endroit du gouvernement, qu’on devient populaire ou supérieur. C’est de la foutaise et de la politique des culottes sales. Changez vos référentiels.
Enfin, autant le dire et le redire, le rappeler et le signifier avec force, que le pays a besoin de responsables ayant la tête froide, capables de garder de la distance par rapport aux choses et aux humeurs, et capables d’encaisser des coups pour mieux réagir avec intelligence et sagesse. L’excitation et l’agitation ne font pas partie de la responsabilité et du succès.
Le cortège du gouvernement n’a pas écrasé une élève et le Gouvernement n’a ni abandonné ni sacrifié le représentant de l’Etat à Idabato.
Yaoundé, le 25 novembre 2024