La Fédération Camerounaise de Volley-ball (FECAVOLLEY) traverse une crise sans précédent qui menace la participation du Cameroun aux championnats du monde 2025 en Thaïlande. Un conflit de légitimité entre deux présidents autoproclamés plonge l'institution dans un chaos total, au grand dam du sport camerounais.
Au cœur de cette crise institutionnelle, deux hommes revendiquent la présidence de la FECAVOLLEY. D'un côté, Serge Abouem, reconnu légalement par la justice camerounaise comme président légitime, avait récemment nommé René Akono au poste de sélectionneur de l'équipe féminine. De l'autre, Bello Bourdane, président reconnu et soutenu par le ministre des Sports Mouelle Kombi, a publié vendredi un communiqué nommant le Brésilien Tarso Milagres à la tête de la même équipe féminine.
Cette dualité de commandement crée une situation ubuesque où deux sélectionneurs sont censés diriger la même équipe nationale, semant la confusion la plus totale dans les rangs du volley-ball camerounais.
Face aux rumeurs persistantes annonçant sa suspension, Serge Abouem a fermement démenti ce vendredi soir et réaffirmé sa détermination à continuer d'exercer ses fonctions présidentielles "dans la sérénité". Cette prise de position intervient quelques jours après que René Akono, son sélectionneur, ait publié la liste des joueuses présélectionnées pour un stage de préparation de deux mois.
Cependant, un obstacle majeur se dresse : l'absence totale de financement. Dans une récente interview, Serge Abouem reconnaissait candidement ne pas disposer des fonds nécessaires pour organiser ce stage de préparation, pourtant crucial à quelques mois de l'échéance mondiale.
La situation s'est encore compliquée avec la visite à Yaoundé de la Présidente de la Confédération Africaine de Volleyball et Vice-présidente de la Fédération Internationale de Volleyball. Cette haute responsable a déclaré avoir reçu des documents du ministère des Sports et du Comité National Olympique, une démarche qui a immédiatement fait réagir Serge Abouem.
Le président légalement reconnu rappelle un principe fondamental du droit sportif international : le "parallélisme de forme". Selon les règles internationales, les documents officiels relatifs à la sélection et à l'organisation des équipes nationales doivent obligatoirement être transmis par la fédération nationale elle-même, en l'occurrence la FECAVOLLEY reconnue par la justice.
"Si ce parallélisme de forme n'est pas respecté, la Fédération Internationale de Volleyball (FIVB) ne considérera pas ces documents comme valides", explique Serge Abouem. Les conséquences seraient dramatiques : la Fédération Camerounaise de Volleyball pourrait être exclue des championnats du monde, contraignant le Cameroun à participer sans sa fédération officielle. Une situation qui porterait un coup sévère à l'image et à la crédibilité du pays sur la scène sportive internationale.
Dans ce bras de fer institutionnel, le ministre des Finances Louis Paul Motaze a apporté un soutien de poids à Serge Abouem. Affirmant suivre scrupuleusement la décision de justice qui reconnaît ce dernier comme président légitime de la FECAVOLLEY, il a refusé de débloquer les fonds demandés par le ministère des Sports pour soutenir l'équipe alignée par Bello Bourdane.
Cette position ferme du ministère des Finances illustre la fracture qui traverse l'administration camerounaise sur cette question, opposant la légitimité judiciaire à la reconnaissance ministérielle.
Cette crise multiforme révèle les dysfonctionnements profonds qui gangrènent le sport camerounais. Entre conflits de personnes, enjeux financiers et bataille juridique, c'est l'ensemble du volley-ball national qui en pâtit. Les athlètes, premières victimes de cette guerre des ego, voient leurs chances de préparation optimale s'amenuiser à mesure que les semaines passent.
À quelques mois des championnats du monde 2025 en Thaïlande, le temps presse. Si les protagonistes ne trouvent pas rapidement une issue à ce conflit, c'est l'avenir du volley-ball camerounais sur la scène internationale qui pourrait être compromis.
Une chose est certaine : dans ce bras de fer institutionnel, il n'y aura probablement qu'un seul perdant, mais de taille : le sport camerounais lui-même.