Le président Paul Biya a signé le 18 août 2025 le décret n°2025/409 autorisant le ministre des Finances à contracter des emprunts d'un montant total de 930 milliards de francs CFA, répartis entre financements intérieurs et extérieurs. Cette décision, prise en période pré-électorale, suscite des réactions contrastées.
Un emprunt réparti en trois tranches
Selon le document officiel, l'emprunt se décompose comme suit :
-350 milliards de FCFA par émission d'Obligations du Trésor et d'Obligations du Trésor Assimilables sur le marché financier intérieur
-250 milliards de FCFA par prêts directs d'organismes privés intérieurs
-330 milliards de FCFA à mobiliser sur les marchés bancaires extérieurs
Le décret précise que ces fonds sont « destinés au financement des projets de développement et à l'apurement des restes à payer », conformément à la loi de finances 2025 et aux ordonnances modificatives adoptées en juillet.
Le gouvernement justifie cet emprunt par la nécessité de financer les projets d'infrastructure et de développement du pays, ainsi que de régulariser les arriérés de paiement de l'État. Cette démarche s'inscrit dans le cadre budgétaire prévu pour l'exercice 2025.
Les autorités soulignent que cette opération financière respecte les procédures légales établies, s'appuyant sur la Constitution et les lois de finances en vigueur.
Cependant, certains observateurs et activistes questionnent le timing de cette décision. "Il s'agirait d'un détournement d'objectif déguisé", dénonce un activiste qui souhaite garder l'anonymat, estimant que "Paul Biya fait un emprunt de 350 milliards auprès des banques au nom du Cameroun pour financer la campagne présidentielle".
Ces critiques soulignent la coïncidence entre l'adoption de ce décret et la proximité des échéances électorales, jugeant "le timing un peu suspect". Ils s'interrogent sur la transparence dans l'utilisation effective de ces fonds publics.
Cette polémique intervient dans un contexte où le Cameroun se prépare aux prochaines élections. Les questions de financement de la vie politique et de l'utilisation des ressources publiques constituent traditionnellement des sujets sensibles en période pré-électorale.
L'opposition et la société civile appellent régulièrement à plus de transparence dans la gestion des finances publiques, particulièrement concernant les emprunts d'État et leur affectation réelle.
Ce nouvel emprunt s'ajoute à l'endettement existant du Cameroun, dans un contexte où la gestion de la dette publique constitue un défi majeur pour de nombreux pays africains. Les institutions financières internationales suivent de près l'évolution de ces indicateurs.
La question de la soutenabilité de la dette et de l'efficacité de l'utilisation des emprunts dans les projets de développement reste au cœur des débats économiques nationaux.