Une nouvelle tournure dans l'affaire Martinez Zogo suscite l'indignation des avocats de Léopold Maxime Eko Eko. Dans un communiqué rendu public, l'équipe de défense de l'ancien patron de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE) affirme que leur client est maintenu en détention de manière illégale, malgré l'existence d'une ordonnance de mise en liberté datant du 1er décembre 2023.
Le 20 mars 2025, la Cour d'Appel Militaire du Centre était appelée à statuer sur les appels formés contre le jugement avant-dire-droit n°316/CRIM rendu le 1er novembre 2024. Ce jugement avait rejeté les demandes en nullité de la procédure et des poursuites formulées par plusieurs mis en cause, dont M. Eko Eko.
Lors de l'audience du 20 février dernier, les conseils de l'ancien directeur de la DGRE ont développé plusieurs moyens juridiques visant à obtenir la nullité de l'ordonnance de renvoi de leur client devant le Tribunal Militaire de Yaoundé et la réformation totale du jugement rendu en novembre dernier.
Parmi les arguments avancés, les avocats ont notamment mis en exergue "l'illégalité, à la fois des poursuites et de la détention de leur client qui bénéficie d'une ordonnance de mise en liberté rendue depuis le 1er décembre 2023 par le Juge d'Instruction SIKATI et dont l'existence et l'authenticité ne sont plus contestées aujourd'hui."
Un autre point soulevé concerne "l'absence de la signature pourtant obligatoire du Greffier d'instruction sur l'ordonnance de renvoi des accusés devant le Tribunal Militaire", un manquement qui, selon eux, est "sanctionné de façon constante d'une nullité absolue par la plus haute juridiction du Cameroun".
Face à ces éléments, la Cour d'Appel a exigé la production par le Tribunal Militaire de l'expédition de ladite ordonnance pour l'audience prévue le 20 mars. Cependant, cette audience qui devait donner lieu aux plaidoiries des autres appelants et à la décision des juges a connu un rebondissement inattendu.
En effet, les conseils de la DGRE et d'une partie des ayants-droits de feu Martinez Zogo ont introduit deux requêtes en récusation du collège des Magistrats en charge du dossier, ce qui a entraîné un ajournement des débats. Selon les avocats de M. Eko Eko, il s'agit d'une "énième action sans fondement juridique soutenable et au caractère dilatoire indéniable" qui va "retarder de plusieurs semaines l'aboutissement de ce dossier".
Malgré ces obstacles, Léopold Maxime Eko Eko maintient sa confiance en l'institution judiciaire et "compte pour un procès juste, équitable, sans compromissions ni favoritisme". Il revendique également "une procédure exempte de toutes pressions et interférences extrajudiciaires, une procédure qui ne travestit pas les faits et respecte les droits de la défense".
L'ancien directeur de la DGRE assure être "animé par un ardent désir de justice" et reste "disposé à apporter toute sa contribution à la manifestation de la vérité et à l'établissement de toutes les responsabilités dans cette tragique affaire".
Cette affaire continue de susciter un vif intérêt au Cameroun, plus d'un an après l'assassinat du journaliste Martinez Zogo qui avait profondément choqué l'opinion publique nationale et internationale.