Danger / discours haineux : expressions courantes au Cameroun

Yaoundé, capitale politique du Cameroun

Tue, 4 Oct 2022 Source: Journal trimestriel de l’ Ong Un Monde Avenir

Pour mieux aborder et contrer le discours de haine, nous devons en savoir plus pour agir efficacement. Cela nécessite une collecte de données et une recherche coordonnée, notamment sur les causes profondes, les moteurs et les conditions propices aux discours de haine.

Pour mieux aborder et contrer le discours de haine, nous devons en savoir plus pour agir efficacement. Cela nécessite une collecte de données et une recherche coordonnée, notamment sur les causes profondes, les moteurs et les conditions propices aux discours de haine. our réussir à surveiller et à contrer les discours de haine, il est important d’identifier quelques termes spécifiques et le contexte social et politique qui les rend offensants, incendiaires, voire potentiellement dangereux. On peut relever que dans le contexte de la crise anglophone et la guerre asymétrique entretenue par des bandes armées séparatistes dans les deux régions Nord-Ouest et Sud-Ouest, des termes stigmatisants, dégradants et méprisants ont fait floraison. C’est ainsi que il a émergé dans l’opinion publique l’appellation «Les Anglos», utilisée par les populations des autres régions, francophones du Cameroun notamment, pour désigner toutes les personnes originaires des régions anglophones. De même, pour les qualifier toutes de terroristes, elles sont qualifiées d’«Ambazoniens» en référence à la volonté des partisans à l’idéologie sécessionniste de voir érigeées les deux régions en un pays dénommé «Ambazonie» en s’inspirant de la lutte de reconnaissance du peuple de l’Ambazonie. Faisant ainsi passer incidemment et à tort tous les originaires de ces deux régions anglophones comme «des potentiels terroristes». Ce qui a été à l’origine d’une autre expression «Anglos terroristes ». Certains journalistes l’ont soutenu et déclaré en mondo vision à l’image dse journalistes de «la Radio mille collines» de triste sans qu’ils ne soient rappelés à l’ordre ni par leurs médias ni par l’organe de régulation qu’est le Conseil National de la Communication (CNC). En revanche, les populations anglophones acquises à la cause sécessionniste ou séparatiste vont aussi trouver des expressions offensantes et incendiaires pour discriminer les populations francophones qu’ils appellent «That people of the la République». Pour mettre à l’index les populations des autres huit régions du Cameroun comme étant ceux qui sont contre le fédéralisme ou la naissance d’un «Etat Ambazonien». Avant que la cause sécessionniste passe des revendications idéologiques et politiques pour glisser dans le combat armé, il existait déjà dans le vocabulaire des populations anglophones et francophones des propos offensants et incendiaires, mais aussi des termes obscènes. Recensés dans le rapport « DefyHateNow » qui est le Guide pratique pour lutter contre la diffusion des discours haineux en ligne au Cameroun. Par exemple, « Francofou », utilisé par certains originaires des zones anglophones pour insinuer que « les francophones sont des imbéciles ». En réplique certains belliqueux des régions francophones utilisent aussi l’appellation «Anglofou» pour rabaisser les Camerounais d’expression anglaise. En insinuant que les anglophones ont des raisonnements de fou. Dans la même veine, un autre terme à connotation négative est l’appellation : « Les Bamenda », qui désigne quelqu’un qui est minimisé, un sous-fifre ou un serviteur. De là est parti également un argot dégradant tiré de cette expression, comme : «C’est mon Bamenda», pour indiquer que «la personne désignée est mon idiote», ou cette réplique : « Je ne suis pas ton Bamenda », qui signifie « Je ne suis pas ton idiot ». Au-delà des crises, le phénomène existait Il est bon de rappeler que tout au long des évenements, l’histoire nous apprend que la plupart des conflits sont suivis des histoires où les mots qui se voient attribuer des significations particulières tout en ayant une plus grande gravité de leur différent usage habituel, les rendant ainsi haineux. Au-delà de cette crise sécuritaire dans les régions anglophones qui tire ses origines dans les revendications séparatistes, l’expression au Cameroun est truffée des propos contribuant aux discours haineux. Par exemple, il est souvent utilisé les expressions : «C’est mon pygmée» ou «Je ne suis pas ton pygmée» pour insinuer que les pygmées sont des personnes sans éducation et malléables à souhait. Ainsi «les Bamiléké » pour identifier et discriminer les populations originaires de la région de l’Ouest à l’exception de ceux du département du Noun, avec un regard négativiste comme étant « des populations malignes, sales, profiteuses,… » Mais aussi souvent avec un regard positif comme étant « des populations ingénieuses, travailleuses, nanties,… ». Ou encore, les originaires de la partie septentrionale de pays (des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) sont tout désigné par le terme discriminant de « Haoussa » pour les qualifier «de populations musulmanes, analphabètes, et dont la principale activité est berger ». Pourtant, Haoussa n’est qu’une ethnie parmi tant d’autres et que toutes ne sont pas uniquement musulmanes. Par ailleurs, des personnes originaires de la région de l’Ouest appellent aussi de manière dévalorisante les originaires des régions du Littoral, Centre, Sud, et Est comme étant « des Kwa ». La liste est loin d’être exhaustive. Il ne fait aucun doute que ces préjugés largement répandus et utilisés dans le langage quotidien des Camerounais ont un effet systémique. Dans de nombreux contextes, ces termes sèment la discorde et suscitent les ressentiments qui sont le ferment des discours de haine.

Source: Journal trimestriel de l’ Ong Un Monde Avenir