Decryptage du discours de Paul Biya

La tradition a été respectée. Le président de la République s’est adressé comme à l’accoutumée, à ses compatriotes le 31 décembre 2015. Dans cette sortie, Paul Biya observe que 2015 a été une année placée   sous le signe de RESILIENCE, c'est-à-dire selon lui-même la capacité à résister, à faire face aux défis quotidiens.

Les Camerounais, du moins ceux qui ne sont éloignés de son giron broient du noir. Les Camerounais tout comme les crocodiles ou l'épervier ne dorment que d’un œil de peur d'être agressé dans la nuit à cause de l'insécurité criarde.

Dans une république qui se respecte, digne de ce nom donc, un Etat de droit, où les forces publiques de sécurité sont au service des citoyens, celles-ci sont 24H/24 sur la brèche pour traquer les malfaiteurs et protéger les paisibles populations. Chez-nous au Cameroun, à partir de 19H, les populations sans défense sont à la merci pour ne pas dire livrées aux malfaiteurs et autres agresseurs de tout bord. Notre police, qui envahit les rues, les marchés, les gares routières etc... pendant le jour, devient muette la nuit dans les commissariats ou brigades, dans leur maison ou en faction aux domiciles des tenants du pouvoir. 

Cette année, Paul Biya est encore passé à côté des vraies sujets de préoccupations. 

Quelques questions qui fâchent les Camerounais

-Les coupures intempestives de courant . Il faut souligner qu'une bonne partie du discours présidentiel a été interrompue, du fait d’une géante coupure d’électricité dans plusieurs grandes villes du pays.
-Les robinets sans eau ou avec une eau de mauvaise qualité du fait de la vétusté des conduits d'eaux.
-La répression fiscale,
-Le non payement des droits des employés des sociétés d'Etat fermées.
-Le problème anglophone 
-L’amélioration du processus électoral.
-Aucun mot sur les raisons de son absence sur la ligne de front de guerre.
-La répression aveugle de tout mouvement de contestation
-Le chômage croissant des diplômés de l’enseignement supérieur. 

Il ne suffit pas d'avancer le nombre des emplois crées. Pour Biya, "il est bon de saluer ce bel effort, grâce auquel nos indicateurs macroéconomiques sont plus viables"Je dois d’ailleurs mentionner va t-il poursuivre "Que cette croissance a permis à notre économie de générer, jusqu’à fin novembre 2015, 337 mille 660 emplois nouveaux contre 283 mille 443 l’année dernière.Sur ce chapitre, il me plaît de relever que de 2011 à 2015, 1 million 175 mille 358 emplois recensés ont été créés" En fait, qui sont ceux qui sont recrutés?

Parlant de la sécurité , Paul Biya affirme que le Cameroun a su "opposer une résistance farouche aux terroristes de Boko Haram, tout au long de l’année" tout en rendant" hommage à nos forces de défense et de sécurité, ainsi qu’à nos populations"...Aucun mot sur le sort réservé aux populations victimes de Boko Haram

Un autre sujet qui fâche au Cameroun:La corruption.

Elle est devenue monnaie courante au Cameroun. Il est nécessaire de préciser ici que le combat contre la corruption faisait partie de son discours d’investiture le 06 novembre 1982 lorsque, pour la première fois, il parla de " rigueur et de moralisation "

Des promesses...

«J’ai prescrit au gouvernement deux mesures significatives: Revoir à la baisse les prix du carburant à la pompe ; Et revoir à la hausse le montant des allocations Rechercher allocations familiales versées aux travailleurs. Ces mesures prendront effet dès le 1er janvier 2016 ». 

En 2014, Paul Biya promettait pour 2015 une «politique industrielle ambitieuse». Il vient également de réitérer les mêmes vœux pour 2016 "En 2016, le pari majeur pour notre pays reste la création des conditions d’une véritable industrialisation. L’émergence ne se conçoit pas sans une industrie viable."

Poursuivant dans la même litanie des promesses et autres paroles non tenues le locataire d’Etoudi réchauffe son répertoire vieux de  33 ans "Le Plan d’Urgence" " Indique les priorités immédiates, sans interférer sur le programme économique normal du Gouvernement. "Je me réjouis du fait que ce plan d’urgence triennal, si attendu par nos populations, est désormais sur les rails et en cours d’exécution. Les résultats des actions déjà engagées seront bientôt plus visibles" affirme t-il. Peut être , il faudra attendre 2035, quand certains parmi nous ne seront plus de ce monde des vivants....

Au grand regret, on peut dire que Paul Biya n’a fait aucune annonce-choc comme attendu. En gros, Paul Biya n’a pas mis fin cette année aux goulots d’étranglement du Cameroun. Et dire que ça fait 33 ans que cela perdure...