Demande de pardon : Hervé Parfait Mbapou révèle comment il a été torturé

Mbapou Et Des Proches Hervé Parfait Mbapou révèle comment il a été torturé

Wed, 2 Oct 2024 Source: www.camerounweb.com

Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Hervé Parfait Mbapou, figure centrale d'une affaire qui ébranle actuellement le Cameroun, livre sa version des faits. L'homme de 42 ans, récemment libéré mais toujours sous le coup d'une enquête, conteste les accusations portées contre lui et offre un éclairage nouveau sur les coulisses du pouvoir à Yaoundé. Ses déclarations, bien que sujettes à caution, promettent de faire trembler les murs du palais présidentiel d'Etoudi.

L'affaire a éclaté lorsque Mbapou a été interpellé suite à une plainte du contre-amiral Joseph Fouda, conseiller spécial et proche collaborateur du président Paul Biya. Présenté initialement comme le cerveau d'un réseau d'escrocs opérant jusqu'au cœur du pouvoir camerounais, Mbapou a été exhibé à la télévision nationale, dans ce qui semblait être une mise en scène destinée à l'humilier publiquement.

L'ampleur de l'affaire n'a cessé de croître, impliquant la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE, les services de renseignement camerounais) et des proches de la première dame Chantal Biya. Le scandale a pris une tournure inattendue le 20 septembre, lorsque Mbapou et ses coaccusés ont été libérés, tout en restant à la disposition de la justice militaire de Yaoundé.

Dans son entretien avec Jeune Afrique, Mbapou revient sur ses aveux télévisés, qu'il présente comme le résultat de pressions insoutenables. "Je dois vous avouer qu'ils m'avaient brisé. J'étais prêt à tout pour sortir de cet enfer qui a duré soixante-huit jours," confie-t-il. Cloué sur un fauteuil roulant à la suite d'une paraplégie, Mbapou décrit des conditions de détention particulièrement éprouvantes : "Ils m'ont roué de coups avant de me jeter dans une cellule infecte sans toilettes, interdisant à mon épouse et à mon médecin de me voir."

L'une des révélations les plus surprenantes de l'interview concerne le rôle du contre-amiral Fouda dans la manipulation de l'information. Selon Mbapou, "Le contre-amiral Fouda aime particulièrement les médias, qu'il manipule dans l'ombre. En général, il les sollicite pour humilier ses ennemis." Mbapou va jusqu'à affirmer avoir été utilisé par Fouda pour diffuser des informations compromettantes sur d'autres personnalités, citant en exemple l'arrestation du lieutenant-colonel Ghislain Mboutou Ele à Paris et la chute du ministre de la Défense, Alain Edgard Mebe Ngo'o.

Face aux accusations d'extorsion de fonds, notamment envers le banquier Jean Ngakam, Mbapou oppose un démenti catégorique : "Je ne connais pas ce Ngakam. Je ne l'ai jamais vu et ne lui ai jamais parlé. Comment aurais-je pu lui extorquer de l'argent ?" Il affirme également ne pas connaître la plupart de ses coaccusés, à l'exception d'Alain Ekassi.

Mbapou offre une interprétation surprenante des motivations derrière la plainte du contre-amiral Fouda. Selon lui, il s'agirait d'une tentative d'intimidation qui aurait mal tourné : "Je pense qu'en déposant sa plainte, il essayait tout simplement de m'intimider par voie de justice après le message que je lui avais envoyé." Mbapou suggère que les ennemis de Fouda au sein de la présidence auraient saisi cette opportunité pour le piéger, transformant une simple plainte en une affaire d'État.

Les déclarations de Mbapou, si elles devaient être confirmées, jettent une lumière crue sur les luttes intestines au sein de l'appareil d'État camerounais. Elles soulèvent également des interrogations sérieuses sur les méthodes d'enquête, les conditions de détention, et l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

L'affaire Mbapou, loin d'être close, promet de nouveaux rebondissements. L'intéressé, qui affirme que sa vie est toujours menacée, reste à la disposition de la justice camerounaise dans l'attente de la suite des investigations. "Je suis convaincu que c'est le président Paul Biya qui a finalement arrêté tout cela avant que ça ne dérape," conclut-il, laissant planer le doute sur l'implication du plus haut sommet de l'État dans cette affaire aux multiples ramifications.

Alors que le Cameroun observe avec attention les développements de ce scandale, une question demeure : jusqu'où ira cette affaire qui semble ébranler les fondements mêmes du pouvoir à Yaoundé ?

Source: www.camerounweb.com