Marafa Hamidou Yaya envoie un message fort à Paul Biya
Derrière les barreaux, Marafa Hamidou Yaya fait éclater la vérité. Toute la vérité. Bête noire du régime, il n’a pas cessé de contre-attaqué Paul Biya depuis 2012. Année durant laquelle ses critiques contre le pouvoir de Yaoundé lui ont valu d’être condamné à 25 ans de prison par la cour suprême. Depuis son incarcération, pour la première fois, l’ex-ministre d’État a décidé d’envoyer un message fort au chef de l'État.
« C’est raté », prévient-t-il. « Si l’objet de mon [incarcération] est de m’atteindre moralement, c’est raté », a témoigné Marafa Hamidou Yaya qui affirme « être mentalement plus fort qu’avant », c’est-à-dire depuis son incarcération en 2012.
Il est serein même si sa santé physique se dégrade. L’ancien ministre de l’Administration territoriale n’a pas pu obtenir, malgré sa demande, l’autorisation de quitter le pays afin de recevoir des soins à l’étranger comme Essimi Menye, ex-ministre des Finances et de l’Agriculture. « L’autorisation m’avait été refusé », confie-t-il avant de préciser qu’ «il se sent mieux ».
Paul Biya sera un jour prisonnier
À la question, « avez-vous le sentiment d’être le prisonnier du Président ou celui du système ? », Marafa Hamidou Yaya a fait une déclaration étonnante. Il n’est pas allé par le dos de la cuillère pour répondre. Il se définit comme un prisonnier du Président ou celui du système et affirme que « si le président Biya lui-même n’y prend pas garde, il en sera un jour la victime, car le système qu’il a mis en place est obnubilé par sa propre perpétuation ».
Paul Biya ne veut pas quitter le pouvoir
Le chef de l’État est très affaibli par l’âge mais ne compte pas abandonner le bateau. En capitaine, et du haut de ses 84 ans, il règne toujours et n’a pas franchement l'air de vouloir quitter le pouvoir. Aujourd’hui, Marafa Hamidou Yaya dit payer fort le prix de son imprudence en 2011, lorsqu’il conseilla à Paul Biya de ne pas se représenter à la présidentielle.
Derrière les barreaux, Marafa Hamidou Yaya révèle une vérité déjà connue. « En 2018, cela fera 35 ans qu’il règne. En la matière, c’est la dose qui fait le poison !, affirme-t-il. En 2011, j’ai conseillé au Président Biya de ne pas se représenter. Conseil dont je paie aujourd’hui le prix fort. »
L’ex-ministre d’État affirme avoir raison. Et de souligner, qu’ « aujourd’hui, le Cameroun est devenu un pays qui subit. Il décroche sur tous les plans. Faute de détermination, tous les projets dans le domaine économique, social ou des infrastructures traînent, et sont souvent dépassés lorsqu’enfin ils sont mis en route. À cela s’ajoute le fait que notre unité nationale est à présent prise en otage du fait des mauvaises réponses apportées par le gouvernement à la question anglophone. ».
Présidentielle 2018 : ce que pense Marafa Hamidou Yaya
Pour l’ex-secrétaire général à la présidence, « libre à Paul Biya de se représenter en 2018 et de faire appel une fois de plus à la résilience et au courage des Camerounais ». Toutefois, il précise que « le courage d’un peuple est fait pour servir la détermination de ses hommes politiques et la force de leur ambition, il n’est pas fait pour y suppléer. »
Marafa Hamidou Yaya et Abdoulaye Harissou, amis d’enfance
L’ex-ministre de l’Administration territoriale estime que l’incarcération depuis bientôt trois ans de Maître Abdoulaye Harissou est injustifiée. Pour lui, « les accusations portées contre son ami d’enfance se sont écroulées au fur et à mesure du déroulement de son procès ». Aujourd’hui, il espère que la justice fera preuve de courage et qu’il sera libéré rapidement.
Le Cameroun n’a pas seulement besoin d’un chef
Les projets de Marafa Hamidou Yaya n’ont pas changé. Il regrette qu’ils soient limités par sa situation actuelle. En prison, « ma réflexion a beaucoup gagné en maturité » a-t-il laissé entendre.
Analysant la situation actuelle, il estime que « le Cameroun n’a pas seulement besoin d’un chef ». A l’en croire, « les Camerounais ont besoin d’un projet, d’une idée vers laquelle marcher ensemble ».
Pour Marafa Hamidou Yaya, la prison n’est pas en soi une punition
« Le SED est d’abord et avant tout un camp militaire. Je suis reclus dans une prison de haute sécurité à l’intérieur de ce camp, dans une cellule de 3 mètres sur 4, sans fenêtre, et dans une cour intérieure exiguë, sans abri, que je partage avec mes codétenus.
Je vis en permanence entouré de soldats mitraillette aux poings, portant casques lourds et gilets pare-balles. Mes droits de visite sont extrêmement limités et des brouilleurs ont été installés pour me priver de toute communication. Certains ici considèrent que la prison n’est pas en soi une punition, mais un lieu où faire subir des punitions. Quant aux autres conditions de détention, elles sont largement connues et je ne reviendrai pas dessus, car c’est le principe même de cette détention que je conteste », a-t-il fait savoir.
Qu'elle semble loin l'époque où Marafa Hamidou Yaya et Paul Biya filent le parfait amour !