Dernière minute : sortie en catimini de Kondengui, Amougou Belinga ramené en pleure en cellule ce lundi

Amougou Belingaaaaaaa Image illustrative

Mon, 19 May 2025 Source: www.camerounweb.com

Nouveau rebondissement dans l'affaire Martinez Zogo. Ce lundi 19 mai 2025, Jean-Pierre Amougou Belinga, Léopold Maxime Eko Eko et Martin Savom ont été extraits "en catimini" de la prison centrale de Kondengui pour être conduits au Tribunal militaire de Yaoundé. À la surprise générale, l'audience s'est soldée par un renvoi du procès au 9 juin et un retour des prévenus en détention, provoquant des scènes d'émotion parmi les accusés et leurs proches.

Selon plusieurs sources présentes sur place, les trois accusés, figures centrales de cette affaire qui secoue le Cameroun depuis plus de deux ans, auraient nourri l'espoir d'une possible libération à l'issue de cette audience non programmée. La rumeur d'une potentielle mise en liberté provisoire circulait en effet depuis quelques jours dans les cercles judiciaires de la capitale.

L'audience, qui s'est déroulée loin des regards médiatiques, a pourtant abouti à une décision bien différente : le maintien en détention provisoire de l'ensemble des prévenus jusqu'à la prochaine audience fixée au 9 juin 2025.

Des témoins rapportent qu'à l'annonce de cette décision, l'ancien directeur général de la recherche extérieure (DGRE), Léopold Maxime Eko Eko, aurait manifesté son mécontentement, "refusant de retourner en prison". Une tension palpable qui a nécessité l'intervention des forces de l'ordre pour ramener le calme dans la salle d'audience.

Dans le même temps, Bruno Bidjang, journaliste vedette du groupe L'Anecdote, également poursuivi dans cette affaire, a été aperçu "en pleurs" à la sortie du tribunal, visiblement affecté par cette nouvelle déconvenue judiciaire.

Ce nouveau rebondissement s'inscrit dans une saga judiciaire qui dure maintenant depuis plus de deux ans, sans qu'aucune avancée significative ne soit perceptible. Pour rappel, Martinez Zogo, animateur radio connu pour ses prises de position contre la corruption, avait été retrouvé mort le 17 janvier 2023 en périphérie de Yaoundé, après avoir été enlevé et torturé.

L'enquête menée par une commission mixte avait rapidement conduit à l'arrestation de plusieurs suspects, dont Jean-Pierre Amougou Belinga, homme d'affaires influent et propriétaire du groupe L'Anecdote, soupçonné d'avoir commandité le crime. Léopold Maxime Eko Eko, ancien patron de la DGRE, est lui accusé d'avoir été informé du plan d'assassinat sans agir, tandis que Martin Savom, maire de Bibey, a été arrêté en décembre 2023 pour son implication présumée dans l'affaire.

Au total, une vingtaine de personnes ont été inculpées pour "torture ayant entraîné la mort", "complicité" et "non-dénonciation". En raison de l'implication présumée de membres de l'armée et des renseignements, l'affaire a été confiée au Tribunal militaire de Yaoundé.

Depuis son ouverture officielle le 25 mars 2024, le procès est régulièrement parasité par des querelles entre parties civiles et des manœuvres de la défense : requêtes d'exceptions de nullité, contestation de compétence, demandes répétées de mise en liberté provisoire.

L'une des controverses majeures concerne une ordonnance de mise en liberté provisoire rendue le 1er décembre 2023 par le juge d'instruction militaire Florent Aimé Sikati II Kamwo au bénéfice de Jean-Pierre Amougou Belinga et Léopold Maxime Eko Eko. Cette décision, rapidement désavouée par le tribunal militaire pour "erreur de procédure", avait conduit à l'écartement du magistrat sans pour autant faire disparaître la polémique.

Plus récemment, la défense a porté l'affaire devant la Cour d'appel du Centre pour faire valoir ses demandes de nullité. La dernière audience, tenue le 17 avril, a vu la Cour rejeter une demande de récusation des juges, renvoyant l'examen des questions de fond au 15 mai.

Au-delà des aspects strictement juridiques, l'affaire Martinez Zogo continue d'alimenter les spéculations sur une possible guerre de clans au sommet de l'État camerounais, sur fond de lutte pour la succession présidentielle.

Source: www.camerounweb.com