Ils ont miroité à un banquier basé aux Etats Unis la vente d’une collection d’objet d’arts rares fabriqués dans un village du Noun.
Depuis trois ans, M. Yassir Hussein Suliman, banquier soudanais basé aux Etats Unis d’Amérique, est à la recherche de ses 310 millions de francs. Il dit avoir payé par virement bancaire cette coquette somme en plusieurs tranches au profit d’intermédiaires se trouvant au Cameroun, pour s’offrir une collection d’objets d’art prétendument fabriqués dans le département du Noun, exactement dans la localité de Njiemoun. Malheureusement, cette transaction n’était en réalité qu’une grosse arnaque savamment montée à travers internet. Le banquier déclare s’être fait dépouiller la somme évoquée entre septembre et octobre 2020.
L’affaire est pendante devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi devant où les mis en cause, M. Abdelaziz Nchanckou et M. Ngalli Arouna ainsi que le banque Ecobank, répondent des infractions d’usurpation de titre et de complicité d’escroquerie aggravée. Les débats ouverts par l’interrogatoire du plaignant le 7 août 2022 vont se poursuivre le 12 octobre prochain avec, cette fois, l’audition des accusés.
Pendant son témoignage, M. Yassir a expliqué qu’alors qu’il résidait encore à Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis, il était entré en contact avec son richissime compatriote Mo Ibrahim à travers la fondation qui porte son nom. Ce dernier lui avait fait part de sa volonté de financer une série de projets en rapport avec l’agriculture, la distribution de l’eau potable et l’électrification rurale en Afrique. Cet échange s’était déroulé par visioconférence, les frontières étant fermées du fait de la pandémie à Covid19. Il avait échangé des mails avec ses correspondants. Plus tard, il recevait un message dans sa boite mail provenant prétendument de la Fondation Mo l’invitant à entrer en contact avec Patrick Ngbetkon se trouvant au Cameroun pour la réalisation d’un projet au pays. Ce fameux Ngbetkon n’est rien d’autre que l’accusé Abdelaziz Nchanckou, qui passait pour un intermédiaire dans l’achat et la vente d’objets d’art au Cameroun.
Lors de leurs échanges, indique M. Yassir, cet accusé l’avait convaincu d’acquérir une collection d’objet d’art très convoitée par les Chinois mais que les propriétaires refusaient de vendre aux asiatiques. Il s’était proposé de lui livrer la commande en question qui allait être achetée auprès du chef de village de Njimom. Initialement, la collection alléguée coûtait 515 mille dollars US, soit environ 260 millions de francs. Il avait fait une série de virements après avoir reçu les photos et la promesse de l’envoi des documents attestant de l’authenticité des produits. Le plaignant affirme que M. Nchanckou a multiplié des artifices pour le pousser à sortir des fonds. C’est ainsi qu’il a également viré 19.600 dollars pour le transport de la cargaison. Tous les virements se sont fait soit à travers la banque Ecobank, soit RIA.
Détectives privés
En dépit des transferts d’argent, les accusés n’ont jamais mis à sa disposition les documents accompagnant la cargaison, usant de nombreuses raisons. Alors qu’il s’impatientait, les accusés lui faisait comprendre que la délivrance des documents sollicités traine parce que la marchandise avait changé de prix, passant des 515 mille dollars de départ pour 4 millions de dollars qu’il devait leur transférer. Pour le mettre en confiance, ses fameux partenaires lui avaient envoyé un premier lot de documents portant les emblèmes du Cameroun, le logo de l’Unesco, mais aussi un certificat de propriété du palais royal de Njimom. Après vérification, il s’est rendu compte que les documents reçus étaient des faux.
Face à la situation, M. Yassir dit s’être tourné vers la Fondation Mo Ibrahim pour voir clair, les dirigeants l’ont informé qu’ils n’ont aucun partenaire au Cameroun au nom de Abdelaziz Nchanckou. «A ce moment, j’ai constaté que je viens d’être escroqué. J’ai gardé mon calme en continuant d’échanger avec eux pour recueillir les preuves», déclare le Soudanais. Il dit avoir engagé sur fonds propres des «détectives privés» pour traquer ses bourreaux. C’est de cette manière que les deux accusés avaient été interpelés dans une agence Ecobank à Yaoundé en train de retirer des fonds qu’il a continué de leur envoyer pour permettre aux détectives de les localiser. Les accusés étaient passés aux aveux complets, dit-il, en proposant des offres de restitution des fonds chipés. De plus, les enquêtes avaient permis de découvrir que les accusés utilisaient des logiciels qui leur permettaient de changer la voix selon l’identité avec laquelle ils se présentaient.
Par ailleurs, M. Yassir affirme qu’il a impliqué la banque Ecobank dans l’affaire parce que les investigations ont permis de constater que les accusés ont effectué les retraits d’argent litigieux avec des cartes d’identités ayant des validités expirées. De son expérience de banquier, les gros transferts d’argent auraient dû attirer l’attention de la banque panafricaine. L’accusation a versé une série de pièces à conviction et le tribunal a estimé les éléments de preuves suffisants pour que les accusés présentent leur défense. Excepté Ecobank, absente à l’audience, tous les accusés ont choisi de faire des déclarations le 12 octobre prochain. Ça promet