La presse parle souvent de Luc Ayang, comme un ancien Premier ministre qui n'a fait qu'un an à la Primature et président du Conseil économique et social (CES) depuis plus de 40 ans.
En effet, l'homme est aux affaires depuis longtemps comme Biya, et son Conseil économique et social dont il est le président est tellement cité dans les scandales financiers, mais est toujours en fonction.
Ce qui étonne plusieurs Camerounais, c'est que l'homme dont on ne voit que les photo, est pratiquement invisible lors des différents évènements officiels de la République. Cela étonne davantage, d'autant plus que Luc Ayang est le président de la 4è institution censée être la plus puissante (sur le plan protocolaire), après la présidence de la République, le Sénat et l'Assemblée nationale.
Dans un article de Jeune Afrique, certains camerounais affirment qu'ils doutent même que ce personnage existe réellement.
"La quatrième personnalité de la République dans l’ordre protocolaire est, aux yeux des Camerounais, un invisible. Certains vont même jusqu’à le considérer comme un personnage fictif. « Êtes-vous sûrs que ce monsieur existe vraiment ? », s’interroge l’un d’eux sur les réseaux sociaux. Un autre se rappelle avoir entendu ce nom en cours de civisme à l’école primaire, mais « ne saurai[t] même pas le reconnaître", lit-on dans le portrait de Jeune Afrique sur ce membre du régime Biya.
UNE INSTITUTION BUDGETIVORE
Depuis plus de 15 ans, le gouvernement a débloqué sur instruction du chef de l’Etat, une enveloppe de 44 milliards Fcfa au profit de ce Conseil pour la construction de son nouveau siège. Son inauguration maintes fois annoncée n’a jamais eu lieu. La raison : les travaux ne sont pas achevés. Il s’agit d’un complexe administratif ultramoderne étalé sur une superficie de 3,8 hectares et décomposé en trois principaux blocs.
Au cœur, un hémicycle, une tour de 9 niveaux en surface et deux en profondeur, et une salle de banquets en coupole d’environ 800 places. A terme, ce complexe coûtera au moins 44 milliards Fcfa au contribuable, selon le budget initial. En novembre 2021, les responsables du Conseil Économique et social expliquaient devant la presse, en prélude à une énième inauguration avortée, que la résidence du président ferait partie intégrante du complexe.
Difficile de savoir si les 2 milliards Fcfa destinés au financement des travaux de cette villa cossue sont issus de ce budget global du projet de construction du nouveau siège sis au nouveau quartier administratif, à Mballa 2. Quoiqu’il en soit, les goûts d’aristocrates dans le sérail sont loin d’être l’apanage d’Ayang Luc, en poste depuis 1984, après avoir été Premier ministre de Paul Biya entre 1983 et 1984.
Pour mémoire, le Conseil économique et social traverse une longue période d’hibernation qui dure depuis plus de 30 ans et qui a fait oublier à certains le rôle et même l’existence de cette institution créée par la Constitution de 1972, et qui a été renouvelée dans toutes les Constitutions qui ont suivi comme étant l’une des Assemblées qui composent le dispositif institutionnel, à côté du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Il s’agit d’une assemblée de type particulier, dont les 150 membres sont désignés au sein des organisations socioprofessionnelles pour représenter les différentes catégories socioprofessionnelles dans leur expertise et dans l’exercice de leurs domaines d’activité précis. Notamment, des représentants des secteurs économiques avec, à l’intérieur, la banque, l’industrie, etc. Sont également habilités à y siéger, des représentants des mouvements associatifs, des jeunes, des femmes et des syndicats.
Il a pour rôle non pas de légiférer comme dans les deux chambres du Parlement, mais d’apporter un appui-conseil à l’exécutif à travers l’émission des avis lorsqu’il est saisi des questions relevant de son domaine de compétence. En bref, le Conseil économique et social est une assemblée d’experts chargée de donner des avis techniques sur les questions d’envergure dont elle serait saisie de la part du président de la République ou du Premier ministre.
Le président de la République, Paul Biya, a récemment donné des signaux d’une remise sur orbite de cette institution en signant, le 24 avril dernier, un décret fixant la répartition par catégories des membres de ce Conseil. En 2017, déjà, il avait réorganisé la structure, en intégrant l’environnement parmi les secteurs sur lesquels il peut émettre des avis.