Le bidon d’eau est beaucoup trop grand pour elle. Mais Anatou, une gamine chétive d’à peine 4 ans, tient à le porter sur la tête malgré les mises en garde de sa mère.
« Elle a soif, comme nous tous ici », soupire Miriam Adam, dans un anglais mêlé de haoussa, l’une des langues du nord du Cameroun, en regardant sa fille aller dans tous les sens, déséquilibrée par sa charge trop lourde. « Trouver de l’eau ici est difficile », ajoute la mère en se saisissant elle aussi d’un bidon de 20 litres.
Miriam et sa fille vivent dans le camp de réfugiés de Minawao, à 70 kilomètres de Maroua, la principale ville de l’extrême nord du Cameroun, à la frontière avec le Nigeria.
Le camp, ouvert sous la supervision du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) accueille près de 60 000 personnes qui fuient les exactions du groupe terroriste Boko Haram aussi bien au Nigeria qu’au Cameroun.
Les terroristes nigérians ont commis leurs premières exactions en territoire camerounais en 2014. Et depuis, de nombreux villages sont régulièrement rasés lors d’attentats suicides.
Dans la « ville-camp » de Minawao, située en pleine zone désertique, des organisations non gouvernementales ont pu construire des écoles, des dispensaires et même des marchés afin d’aider les réfugiés à se reconstruire une nouvelle vie.
Pourtant, les populations meurent de soif. Dans une petite cour, des centaines de cuvettes et de bidons sont entassées autour d’une fontaine. Hommes, femmes et enfants, certains assis sur leurs récipients, attendent devant des robinets fermés.
Pour se rafraîchir, en attendant l’heure d’ouverture de la fontaine, de jeunes enfants frottent leurs lèvres gercées.