Des fonctionnaires de délégations ministérielles de la Santé, du Minepat et des passagers « anonymes » se sont affrontés sur le tarmac de l’aéroport.
Non seulement tout va mal pour Camair-co mais ce qui allait bien ne va plus. La faute en partie au gouvernement. Samedi dernier, l’étoile du Cameroun a ajouté une nouvelle casserole à celles qu’elle traine derrière elle depuis quelques années. En effet, les agents de la fonction publique se sont convertis en agents de la compagnie de transport aérien. Une histoire plutôt complexe.
Tout commence alors que l’avion à destination de Yaoundé est stationné sur le tarmac de l’aéroport de Maroua Salak. Devant ce Boeing une file de plus de 200 passagers dont les gesticulations laissent penser que le soleil bien haut dans le ciel devient de plus en plus intolérant. Il est pourtant 10h passé de quelques minutes. L’attention des passagers est alors attirée par un groupe de personnes.
C’est le Ministre de la Santé André Mama Fouda et le gouverneur de la région de l’Extrême-nord Midiyawa Bakary escorté de quatre autres personnes. Le Minsanté doit en effet emprunter cet avion pour retourner à Yaoundé. Avec lui se rend-on compte d’autres membres du gouvernement dont le Ministre délégué auprès du Ministre de la planification et de l’aménagement du territoire, celui des enseignements secondaires…Préséance oblige les membres du gouvernement sont introduits en premier dans l’avion.
C’est une dizaine de minutes plus tard que la première étincelle va se déclarer. Un Homme d’âge moyen vient de sortir de l’avion. Manifestement les places à l’intérieur de l’oiseau commencent à se faire rares. « Les membres des délégations des ministres venez entrer » instruit-il. Ahurissement. En réponse, une vingtaine de passagers se détache de la file et s’avance vers l’avion. C’était toutefois sans compter sur l’agacement des autres passagers à terre. Ces derniers se précipitent sur la passerelle.
« On ne peut pas les laisser passer » délare-t-on çà et là. « Il est hors de question qu’ils viennent passer devant nous ». Les membres des délégations ministérielles forcent, les autres passagers également. Cohue. C’est à qui se vantera d’avoir une relation haut placée dans le gouvernement. Les mots se changent en coup de poing, tandis que des agents de camair-co aident des membres de délégation à escalader la passerelle sur les côtés.
Secours ministériel
Alors que les échauffourées se poursuivent, les membres du gouvernement à l’intérieur de l’avion ne pipent mot. Muets comme des carpes. Ou en fin de compte… pas totalement. En effet, l’homme à l’origine de la mêlée se représente (l’on apprendra plus tard qu’il s’agit d’un « haut responsable du Minepat). « Les ministres ont instruit qu’aucun de leurs collaborateurs ne reste au sol » annonce-t-il à la foule ébahie.
« Je ne savais pas qu’il y avait une différence entre les camerounais » ironise tranquillement un passager mécontent. « Ce pays est injuste. Certaines personnes ont droit à un meilleur traitement que d’autres. Comme moi je n’ai personne derrière moi… » ajoute un jeune homme en se dirigeant vers l’ombre d’un arbre. Manifestement un camp a baissé les bras. L’avion d’ailleurs est déjà plein. Il laisse sur le tarmac à son envol une vingtaine de passagers, dont trois membres des délégations ministériels.
Le départ de l’avion à controverse ne résout toutefois pas le problème. Les passagers à terre doivent être pris en charge. Les responsables de l’aéroport de Maroua proposent aux « recalés » d’être conduits à Garoua par un second vol, d’où ils pourront embarquer pour Yaoundé le lendemain (ndlr ce dimanche 13 mars 2015). Les frais d’hôtel devant être supportés par la Compagnie. La réalité est toutefois autre dans la ville de Garoua. En guise de dédommagement Camair-co donne 2500 F CFA à chaque passager.
La compagnie de transport aérien vient ainsi essuyer un nouveau coup du sort. En effet, les plaintes des clients s’amoncellent vols annulés pour des raisons aussi saugrenues les unes que les autres. Absence de carburant, roues en mauvais état etc. L’on sait pourtant qu’un plan de relance avait été annoncé par le gouvernement. Sa concrétisation reste manifestement encore attendue.