Un des fils de l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba et des proches de son cabinet sont en examen et incarcérés pour "haute trahison" et "corruption active".
L’annonce est faite mercredi par le procureur de Libreville, André-Patrick Roponat. Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d'Ali Bongo, Jessye Ella Ekogha, l'ancien porte-parole de la présidence, ainsi que quatre autres personnes ont " été mis en examen mardi et placés en détention provisoire".
Selon le procureur, "tous les chefs d'inculpation lors de leurs arrestations ont été retenus pour leurs mises en examen".
Ils ont été arrêtés pour "haute trahison contre les institutions de l'Etat, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active, trafic de stupéfiants", a précisé M. Roponat.
En effet, le 30 août dernier, moins d'une heure après l'annonce en pleine nuit de la réélection d'Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009 et accusé de fraudes massives, les militaires, menés par le général Brice Oligui Nguema, l'ont renversé, accusant notamment son régime de "détournements massifs" de fonds publics.
Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d'Etat, les montraient à côté de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque.
Le 13 septembre, le général Brice Oligui Nguema, désigné président de la transition, a annoncé une commission d'enquête sur les marchés publics pour traquer les "fraudes".
Après le putsch, l'ancien aide de camp d'Omar Bongo, qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant plus de 40 ans, avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la "surfacturation" contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu d’"arrêter ces manœuvres" dans les passations de marchés publics, lors d'un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d'entreprises gabonaises "convoqués" à la présidence.
Mme Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville "pour sa protection" selon la présidence.
"Nous n'avons aucune nouvelle de Mme Valentin qui est maintenue au secret en dehors de tout cadre légal. Cette situation est injustifiable et incompatible avec un Etat de droit. Nous avons déposé plainte contre les responsables de ce qui apparait comme une prise d'otage", a déclaré mercredi à l'AFP l'un de ses avocats à Paris, Me François Zimeray.
Ali Bongo, d'abord placé en résidence surveillée à Libreville, la capitale du Gabon, pendant quelques jours qui ont suivis le putsch, et d’où il demandait à ses partisans de "faire beaucoup de bruit" pour sa libération, est "libre de ses mouvements" et peut "se rendre à l'étranger", avait annoncé le général Oligui le 6 septembre.