Dette publique: comment les mauvais choix des autorités étouffent le Cameroun

Paul Motaze, le ministre des Finances

Wed, 6 Oct 2021 Source: Le Messager N 5861

Avec une dette qui se chiffre à 10 983 milliards de FCFA, soit une augmentation de 0,5% en glissement mensuel et de 8,4% en glissement annuel, le pays est au bord de l’asphyxie.

Dans sa conjoncture mensuelle de la dette publique du Cameroun, la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), structure de gestion de l'ensemble des fonds d'emprunts publics de l'État et de ses démembrements, rapporte qu’au 31 août 2021, la dette du secteur public estimée à 45,3% du Pib, se chiffre à 10 983 milliards de F, en augmentation de 0,5% en glissement mensuel et de 8,4% en glissement annuel. Elle est constituée de 91,8% de dette directe et garantie de l’administration centrale évaluée à 10 083 milliards de FCFA, soit 41,6% du Pib, dont 99,7% de dette directe de l’administration centrale. On y ajoute 8,2% de dette des entreprises et établissements publics évaluée à 899 milliards de F, soit 3,7% du PIB.

Selon la CAA, l’encours de la dette directe de l’administration centrale (y compris les restes à payer de plus de trois mois) connait une augmentation de 0,6% en glissement mensuel et 9,0% en glissement annuel. Il est composé de 72,1% de la dette extérieure et de 27,9% de la dette intérieure.

La dette avalisée par l’administration centrale représentant 0,1% du PIB reste statique par rapport au mois précédent à 25 milliards de F, et enregistre une baisse de 34,8% en glissement annuel du fait des remboursements. A fin août 2021, l’encours de la dette extérieure de l’Administration centrale évalué à 7 247 milliards de F, représente environ 29,9% du PIB. Il est en hausse de 1,8% par rapport au mois précédent et de 10,7% en glissement annuel. Sa composition par type de créancier est de 43,4% de dette bilatérale, 43,1% de dette multilatérale et 13,5% de dette commerciale.

Complexe sportif d’Olembe

Notons que l’encours de la dette intérieure du mois de juillet 2021 a été revu à la hausse de 4 milliards de F, du fait des décaissements enregistrés suite à l’avenant à la convention de financement signée entre le gouvernement et la CCA Bank dans le cadre de la construction du complexe sportif d’Olembé. Cette ressource, destinée au fonds de roulement de l’entreprise chargée des travaux, en attendant les décaissements des financements extérieurs, sera remboursée par l’entreprise bénéficiaire à l’Administration Centrale qui se chargera de régler le créancier final.

Suivant la mise à jour de la Balance générale du Trésor, l’encours total des Restes à Payer au 31 août 2021 est évalué à 287,7 milliards de F, dont 66,6% des Restes à Payer de plus de trois mois. En glissement annuel, ce stock est en diminution de 8,5% et de 4,3% par rapport au mois précédent. Les Restes à Payer de plus de 3 mois, pris en compte dans la dette publique, connaissent une baisse de 9,2% en glissement mensuel et de 12% par rapport à la même période de l’année 2020, matérialisant ainsi la volonté des autorités de réduire substantiellement ce stock. Egalement, signale la CAA, au cours du mois d’août 2021, aucune transaction n’a été enregistrée au titre de la dette avalisée par l’Etat. Son encours est ainsi maintenu à 25,4 milliards de F, soit 0,1% du Pib.

Impact du Covid-19

S‘agissant de l’économie camerounaise, la CAA qu’elle a été fortement touchée par les effets combinés de la pandémie de Covid–19, de la persistance des crises sécuritaires et politiques, ainsi que de la baisse des cours mondiaux du pétrole. Selon les projections des autorités nationales, les taux de croissance du Pib pourront se situer respectivement à 3,4%, 4,2% et 5% pour les années 2021, 2022 et 2023. Quant à l’inflation, elle devrait se situer autour de 2,3% sur la même période, en dessous de la norme communautaire de 3% établie par la Cemac.

Suivant le cadrage budgétaire actualisé 2021-2024 à fin août 2021, le solde global est projeté par les autorités camerounaises à :

-3,1% du PIB en 2021 ;

-4,1% du PIB en 2022 en tenant compte de l’émission de l’Eurobond 2021 ;

-2,1% du PIB en 2023 et

-1,4% du PIB en 2024.

Quant à l’inflation il restera en dessous du seuil de 3% sur la période.

Les travaux relatifs à la finalisation du cadrage macroéconomique et l’élaboration de la stratégie d’endettement à moyen terme 2022-2024 à annexer à la Loi de Finances 2022 et la viabilité de la dette publique sur la période 2021-2041 se poursuivent autour du Comité national de la dette publique (Cndp).

Source: Le Messager N 5861