Deux éminents universitaires percent à jour l’économie camerounaise

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Thu, 30 Jan 2025 Source: Terre promise n°217 du 29 janvier 2025

Dans un article scientifique extrêmement documenté, deux éminents universitaires, les Professeurs Désiré AVOM, doyen de la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Université de Yaoundé 2 - Soa, et Bernard NGUEKENG, enseignant-chercheur au Centre d’Études et Recherche en Économie et Gestion (CEREG), au sein du même établissement, établissent que le capital humain réduit la vulnérabilité économique des pays de l’Afrique subsaharienne. Un effet cependant contrarié par la mauvaise gouvernance.

Les deux chercheurs définissent la vulnérabilité économique comme « le risque pour un pays d’être durablement affecté par des facteurs exogènes et endogènes imprévus ». Pour eux, « elle est généralement la combinaison de trois éléments : i) la régularité et l’ampleur des « chocs » ; ii) l’exposition du pays à ces chocs ; et, iii) la faible résilience, c’est-à-dire les difficultés à y faire face ou à les gérer ». Comme facteurs exogènes, on peut citer, par exemple, la guerre russo-ukrainienne et la pandémie de la Covid-19 qui ont des répercussions graves sur les économies de divers pays. Les scientifiques mesurent la vulnérabilité économique par l’IVE (Indice de vulnérabilité économique).

Désiré AVOM et Bernard NGUEKENG indiquent que la vulnérabilité économique a faiblement baissé en Afrique subsaharienne au cours des deux dernières décennies passant de points en 2000 à 37 points en 2018. Mais, telle que perçue par Désiré AVOM et Bernard NGUEKENG, son niveau moyen (38,31 points), reste largement supérieur à celui de certaines régions du monde notamment en Afrique du Nord (25,68 points), en Amérique du Sud (23,87 points) et en Asie du Sud-Est (22,18 points). Un niveau de vulnérabilité économique jugé « assez préoccupant » par les auteurs de l’article, induisant la nécessité d’apporter des réponses adaptées.

Quant au capital humain, déterminant pertinent pour, selon les auteurs de l’étude, comprendre la vulnérabilité économique il est appréhendé comme « la somme des connaissances, des compétences et de la santé qu’un individu accumule le long de sa vie, et qui lui permettent de réaliser son potentiel en tant que membre productif de la société ».

Les deux chercheurs tout en reconnaissant qu’il est « insuffisamment pris en considération », soutiennent que le capital humain réduit la vulnérabilité économique des pays de l’Afrique subsaharienne. Ils se fondent pour ce faire sur deux principaux faits : l’importance grandissante de la vulnérabilité économique au cours des deux dernières décennies, et l’amélioration considérable du capital humain.

Selon les chercheurs, « les effets (directs et indirects) du capital humain sur la vulnérabilité économique sont complexes et non consensuels ». Les effets directs, soutiennent-ils, sont appréhendés aussi bien au niveau microéconomique que macroéconomique.

Citant Mincer (1970), les auteurs de l’étude affirment qu’au niveau microéconomique, un individu doté de connaissances, de compétences et de qualifications, accroît son employabilité et son revenu et réduit sa vulnérabilité.

Au niveau macroéconomique, AVOM et NGUEKENG indiquent que le capital humain contribue à la croissance économique de long terme.

Partant d’un échantillon de 46 pays de la zone d’étude, les résultats des chercheurs montrent que « le capital humain, mesuré par l’indice de capital humain, réduit significativement l’IVE ». Désiré AVOM et Bernard NGUEKENG observent cependant que « cet effet est contrarié par la mauvaise qualité de gouvernance ». À partir de ces résultats, les deux universitaires font des suggestions de politiques économiques « dans le but, soutiennent-ils, d’atténuer la vulnérabilité économique en Afrique subsaharienne ».

Sans toutefois prétendre à l’exhaustivité, ils citent, premièrement, la consolidation qualitative du capital humain à travers des stratégies inclusives en matière d’éducation. Deuxièmement, le renforcement de la formation professionnelle surtout dans les filières de l’ingénierie et de l’informatique. Troisièmement, assurer une meilleure offre des soins de santé. Quatrièmement, améliorer l’environnement institutionnel par la mise en place de règles qui délimitent et soutiennent l’activité transactionnelle.

Source: Terre promise n°217 du 29 janvier 2025