C’est le bilan des affrontements qui ont opposé des éléments du BIR à des chercheurs d’or.
Dans la matinée du 10 juin 2015, trois dogaris accompagnés de deux éléments du Bataillon d’intervention rapide (BIR), dont le sergent Dipelin Dibang, font irruption sur un site des orpailleurs situé à quelques kilomètres du village Silassi, dans l’arrondissement de Rey-Bouba.
Ils sont rapidement encerclés par les orpailleurs. S’engagent alors des pourparlers entre les deux parties. Armé d’un couteau, un orpailleur se détache du groupe et poignarde le sergent Dipelin Dibang au dos et au ventre. Au total, sept coups de poignard lui sont assénés. Le militaire s’écroule. Le second élément du BIR ouvre immédiatement le feu sur les orpailleurs. Deux orpailleurs passent de vie à trépas et 28 autres sont grièvement blessés.
Le sergent Dipelin est d’abord transporté à l’hôpital régional de Garoua et placé en soins intensifs, avant d’être transféré le lendemain à l’hôpital de la garnison de Garoua. «Il était en détachement à Rey-Bouba. Ce doit être dans le cadre de son travail qu’il s’est retrouvé sur ce site d’orpailleurs.
Sa situation actuelle est critique, mais nous remercions l’Eternel de ce qu’il est encore en vie, car les choses auraient pu se passer autrement», déclare un membre de la famille rencontré à l’hôpital de la garnison de Garoua.
Les affrontements entre dogaris et orpailleurs sont fréquents sur les sites d’extraction de l’or dans le Mayo-Rey. Venus principalement des pays de la sous-région faire fortune en détectant et en creusant la terre pour extraire le précieux minerai, ils ne supportent plus le harcèlement constant des hommes de main du lamido de Rey-Bouba, Aboubakary Abdoulaye, qui multiplient des taxes en violation de la loi. Pour parvenir à leurs fins, ces miliciens du viceprésident du Senat font généralement appel aux éléments des forces de sécurité et de défense lors de leur descente sur le terrain.
«La présence de ces gens sur ce site n’est pas le fait du hasard. Ils sont venus extorquer les orpailleurs. Les dogaris disent toujours être envoyés par le lamido et nous prennent des sommes très importantes. Des millions de Fcfa leur sont reversés et aucun reçu n’est délivré en retour.
Il en est de même des agents du ministère des Forêts et de la faune qui se livrent à la même activité. Quand ils arrivent sur un site, les orpailleurs collectent de l’argent pour leur remettre. L’affrontement meurtrier de mercredi dernier résulte sans doute d’un malentendu entre les deux parties. Les dogaris ont certainement dû exiger plus que ce qu’on leur a proposé ou ce qu’ils encaissent d’habitude.
Parcourez tous les sites et demandez aux orpailleurs, ils vous diront la même chose. Que ce soit à Doudja, Lasseré, Fimbé ou dans les 50 ou 60 autres sites d’extraction du Mayo-Rey, c’est le même traitement qui est infligé aux orpailleurs», déclare Hamadjouldé Tanko, orpailleur à Bougma, un autre site d’extraction d’or dans le Mayo-Rey.