Après dix jours sans aucune nouvelle de lui - il avait disparu le 19 mars dernier -, les amis de Christian Kwongang ont appris qu'il a été libéré et transféré dans un hôtel.
Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch à Tunis, se trouve partagée entre soulagement et inquiétude : "Le transfert soudain de Christian du centre de Ouardia vers un hôtel de la capitale est une évolution totalement inattendue. Le manque d'informations précises sur sa situation est également préoccupant. Il existe désormais des craintes qu'il soit à nouveau ciblé par les forces de sécurité s'il quitte l'hôtel, et qu'il soit de nouveau détenu de manière arbitraire."
Ancien président de l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie, Christian Kwongang s'était récemment engagé dans des actions visant à défendre certains de ses camarades subsahariens, alors que la Tunisie était secouée par des vagues de violences anti-noirs.
Durant son arrestation, la police l'a interrogé sur ses activités militantes, selon Salsabil Chellali. "Il est essentiel de contextualiser l'arrestation de Christian dans le cadre plus large du rétrécissement de l'espace civique en Tunisie, avec des autorités déterminées à réprimer toute critique, ainsi que des abus sérieux infligés aux Africains noirs étrangers, aux migrants et aux demandeurs d'asile depuis plus d'un an", déplore la militante des droits humains.
En raison de lourdeurs administratives récurrentes, de nombreux étudiants subsahariens établis en Tunisie, tels que Christian Kwongang, se retrouvent fréquemment dans l'incapacité d'obtenir des titres de séjour à temps, vivant ainsi avec la menace constante d'expulsion.