Au bout d'une mission éprouvante, Antoine M. s'est garé au milieu d'un pont, abandonnant son patron qui dormait à l'arrière avec une maîtresse.
Le pandore n'en revient pas. En cette fin de week-end, il y a effectivement un véhicule immobilisé sur le pont de la Dibamba (sortie est de Douala), alors qu'il est minuit passe.
CT apprendra de source sécuritaire que la gendarmerie a été appelée par un couple en détresse. Boniface W., 59 ans, transitaire, et une jeune dame dont l'identité n'a pas été révélée. D'après les informations recueillies par l'élément descendu sur le terrain, ils ont été abandonnés là par Antoine M. chauffeur de Boniface depuis huit mois, mais qui était avant cela au service de l'épouse de ce dernier - une collaboration vieille de six ans.
Le véhicule rentrait de Kribi - où le transitaire, qui ne sait pas conduire, était allé pour affaires au port - et avait fait une escale à Edéa, où la jeune femme a été embarquée. Une partie de l'histoire corroborée par la version des faits du chauffeur, qui ajoutera néanmoins que cette mission a été pour lui un calvaire.
Tout commence lorsque Boniface W. et son chauffeur arrivent dans la cité balnéaire (il y a quelques jours). Antoine, qui n'a pas reçu de frais de mission (son contrat prévoit qu'il perçoive 10.000 F/jour), va dormir dans la voiture. Son patron lui a promis de régler ça au retour à Douala. Le lendemain dans l'après-midi, après que son boss a bouclé ses tours au port, ils reprennent la route pour Douala. Mais pas directement: il y a une escale à Edéa, où le patron retrouve une jeune femme au restaurant d'un hôtel.
Le chauffeur ajoute que vers 18h30, tenaillé par la famine, il est allé retrouver son patron attable, et lui a dit que ça n'allait plus.
Sur le coup, une avance sur ses frais de mission aurait fait son bonheur. II n'a pas reçu d'argent, mais un savon... Le chauffeur est retourné à son volant, la queue entre les Jambes et l'estomac plus que jamais dans les talons.
Quelques minutes plus tard, son patron sort du restaurant, mais ne vient pas vers la voi-ture. Il se dirige plutôt du côté des chambres.
Sur le coup, Antoine dit avoir songé à appeler Mme W. pour tout lui déballer. Mais s'est re. tenu, espérant que son employeur n'allait pas traîner. Sauf que Boniface prend tout son temps pour prendre du bon temps. C'est vers minuit que le chauffeur est réveillé en sursaut: son patron tambourine sur la vitre de sa portière.
Antoine reprend la route, et son patron re. prend l'engueulade. Dans le flot de ses imprécations, il lance: « Fils de sauvage ! ». le chauffeur, dont le père est décédé il y a deux ans, accuse le coup. A l'arrière, c'est la « petite » qui calme Boniface. Le voyage se poursuit. Un bref coup d'œil dans le rétroviseur renseigne le chauffeur: ses passagers, dans les bras l'un de l'autre, sont dans les bras de Morphée. Arrive sur le pont de la Dibamba, Antoine se gare, descend de la voiture et
S'en va.
Quand Boniface et sa compagne se réveillent, il fait nuit noire. C'est un parent de Boniface, joint au téléphone, qui va saisir la gendarmerie. Au moment où un camionneur de passage réquisitionné vient démarrer le véhicule, la clé est introuvable, Antoine dira qu'il l'a jetée dans la Dibamba, au nom de son père « quiétait sauvage ». C'est en tripotant des fils sous le tableau de bord que le camionneur fera repartir le véhicule. Aux dernières nouvelles, Antoine a dit à son ancienne patronne a