Mobilisées dimanche dernier à Bomono, les communautés ode Dibombari ont exprimé leur courroux par rapport à la répartition des terres non sans dire leur détermination à vouloir trainer ces garants de la tradition devant les tribunaux si le gouvernement venait à rester de marbre.
Rebondissements dans l’affaire de la rétrocession de 207 hectares aux communautés Bomono Ba Mbengue et Bomono Ba Jedu. Alors que l’on croyait révolu les dissensions et autres querelles après qu’un arrêté du gouverneur de la région du Littoral exige l’arrêt des travaux et de toutes transactions sur ladite parcelle jusqu’à règlement du litige, voilà que surviennent des remous sociaux au sein des différentes communautés. Lesquelles dénoncent avec véhémence l’attitude des chefs traditionnels muent par une boulimie foncière sans pareil. Regroupées dimanche dernier au lieu-dit B9, un bloc de la Socapalm Dibombari bien délimité et constitué de 10 parcelles de palmerais, ces communautés villageoises ont craché du venin.
Dans une colère noire, Nguimé Wanga Elie, élite de la localité retrace avec force et détails toute la genèse de l’histoire. Le conseiller municipal ne rate pas une seule occasion pour tancer les chefs traditionnels. « Nous sommes venus ici ce jour pour revendiquer un certain nombre de choses. Nous sommes offusqués par les méthodes peu orthodoxes des chefs traditionnels », confie-t-il à la presse, la mine resserrée. Selon Ethe Benjamin, prince du village Bwasalo, la répartition des terres a été mal ficelée. «On a attribué la façade principale du B9 à certains villages et pas à d’autres. Nous aurions souhaité avoir également quelques hectares sur cette façade pour vendre l’image de notre village. Nous ne sommes pas sortis aussi nombreux parce que le gouverneur de la région du Littoral a pris un arrêté interdisant de grandes mobilisations en ces lieux », se plaint-il.
Les facilitateurs de la discorde
A y regarder de près, les communautés Bomono Ba Mbengue et Bomono Ba Jedu accusent les chefs traditionnels de ne pas jouer franc jeu dans la répartition des terres. « Certains chefs auraient vendu des parcelles entières sans se référer aux communautés. Les chefs doivent consulter les communautés pour ce qui est de la conduite à tenir. C’est ce qui doit se faire. C’est la logique. Quand cette affaire a commencé, aucun chef actuel n’était au trône. Aujourd’hui ils veulent contre vents et marées s’approprier les biens des communautés. Au lieu de défendre les intérêts des populations, ils défendent plutôt les leurs », condamnent lesdites communautés. Petit rappel mémoire : par un arrêté ministériel datant du 8 juin 2023, le gouvernement , se fondant sur les recommandations issues des travaux du Ctpl du 23 janvier 2023, de la réunion tenue le 23 février 2023 dans les locaux du Secrétariat Général des Services du Premier Ministre, et dans un souci, tel qu’indiqué dans ledit arrêté, de préservation du climat social apaisé, favorable au développement des activités de la Socapalm, avait rétrocèdé aux populations de ce village, une parcelle de 207 ha.
A en croire le maire de la commune de Dibombari, « la rétrocession de 207 hectares faite par l’Etat du Cameroun par l’intermédiaire du Mincaf aux communautés villageoises a déjà causé beaucoup de remous. C’est la troisième fois que cela a été reporté par le même ministre. La première fois, la rétrocession de 207 hectares a été annulée totalement à cause des facilitateurs. C’est-à-dire que chaque chef des cinq villages avait reçu 25 hectares. Maka également avait reçu. Mais les chefs de Bomono ont informé les populations de ce qu’il y a 11 hectares qui ont été récupérés par les facilitateurs. La conac a fait une enquête qui était très rapide qui a démontré que tous ces gens étaient des voleurs qui voulaient voler les 11 hectares, d’où l’annulation ». Bwadibo et Babinga dans la mafia Selon Justin Bejedi Ndame qui dénonce le fait que les villages Bwadibo et Babinga se soient frauduleusement introduits dans la rétrocession, « on ne devait plus aujourd’hui parler de facilitateurs ».
« Aujourd’hui, les chefs reviennent avec la même histoire des supposés facilitateurs dans les 207 hectares qui viennent d’être rétrocédés à neuf villages. Curieusement il y a deux villages Bwadibo et Babinga qui viennent s’introduire dans une mafia foncière organisée par leurs chefs. Ces chefs se sont introduits frauduleusement dans cette rétrocession juste pour dérober les terrains. Ils se sont organisés avec certaines personnes qui se disent facilitateurs. Il y a eu deux chefs qui ont eu le courage de venir vers leurs populations pour leur dire que les facilitateurs veulent 90 hectares sur 207 hectares. Ces chefs disent que ces soi-disant facilitateurs ont dépensé énormément d’argent pour que la rétrocession soit effective », dénonce le chef de l’exécutif communal. Qui se demande s’il faut désormais monnayer pour qu’une rétrocession soit effective.
« Le ministre a-t-il exigé des espèces sonnantes et trébuchantes pour s’acquitter de ce devoir ? Non. La rétrocession est gratuite et ne saurait être payante. C’est un arrêté du Mincaf qui matérialise une rétrocession. Donc il n’y a jamais eu de l’argent qui a circulé contrairement à ce qu’a affirmé le chef «Abbia » lors d’une assise ».
Pour l’heure les différentes communautés concernées par ladite rétrocession saluent à l’unisson l’arrêté pris par le gouverneur pour préserver l’ordre public et interpellent le gouvernement. Aussi se disent-elles déterminées, si rien n’est fait, à trainer les chefs traditionnels en justice. Avis donc !