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Dictature : avec Paul Biya, on a basculé dans une dérive autoritaire- les accusations sont très graves

Paul Biya Obiang Guema Paul Biya et ses collaborateurs

Thu, 23 May 2024 Source: www.camerounweb.com

Le journaliste et patron de presse camerounais Haman Mana a témoigné de la lente dégradation de la liberté de la presse dans son pays, sous l'effet d'une "dérive autoritaire" du pouvoir de Paul Biya. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, il revient sur son parcours et sur les difficultés rencontrées par les médias indépendants au Cameroun.

Après avoir dirigé le journal Mutations, Haman Mana a créé Le Jour en 2007, et est ainsi devenu un témoin privilégié de la vie politique et médiatique nationale. Il a notamment couvert l'élection présidentielle de 1992, le conflit avec le ministère de l’Administration territoriale ou avec l’armée, la démission de Titus Edzoa, l'ascension de Maurice Kamto, ou encore l'opération Épervier.

Mais son témoignage met également en lumière les limites des médias camerounais, entre précarité et répression. Haman Mana se rappelle ainsi que dans les années 1990, "on a remporté des combats, obtenu la fin de la censure ainsi que du régime de la déclaration [...] ; on avait une presse vigoureuse, avec beaucoup de personnalité et des tirages conséquents".

Mais des "manœuvres", orchestrées notamment par le pouvoir de Paul Biya, "ont [ensuite] entraîné la faillite des médias indépendants", déplore-t-il. Le pouvoir a en effet estimé que "si nous étions affaiblis économiquement, nos voix porteraient moins". Cette situation a conduit à une "paupérisation" des médias indépendants, compromettant ainsi leur capacité à exercer leur rôle de contre-pouvoir et la possibilité d’une saine alternance démocratique, en laquelle Haman Mana ne croit d’ailleurs plus guère.

"On a basculé dans une dérive autoritaire", où seule la presse alignée sur les points de vue du pouvoir a les moyens de "respirer" et de dire ce qui est "bon", regrette-t-il. Il déplore ainsi l’essor d’une "presse à gage", dont il attribue la paternité à Jean-Pierre Amougou Belinga, homme d’affaires et de médias, aujourd’hui détenu à la prison principale de Kondengui, dans le cadre de l’affaire Martinez Zogo.

Comme un symbole, Jean-Pierre Amougou Belinga avait été désigné parrain de la nouvelle promotion de l’Esstic en 2022… jusqu’à ce que Haman Mana s’y oppose et obtienne l’abandon de ce projet. Une petite victoire. Depuis, Martinez Zogo a été assassiné et le fondateur de Le Jour a pris la direction de l’exil. Réfugié aux États-Unis, il assure toutefois toujours vouloir "dire la vérité quoi qu’il en coûte".

Source: www.camerounweb.com