Deux ans écoulés et toujours aucune suite à l’injonction présidentielle pour le paiement des droits du journaliste.
Dans la mouvance de la tenue de la 33eme édition de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) au Cameroun dès dimanche jusqu’au 6 février, certains membres du gouvernement dirigé par Joseph Dion Ngute se sont montrés très actifs. A deux reprises la semaine dernière, Lejeune Mbella Mbella, le ministre des Relations extérieures, a réuni le corps diplomatique pour lui communiquer le protocole sanitaire et les facilités mis en place par l’exécutif en vue de la participation des étrangers à ce grand événement sportif.Pourtant, c’est devant cette administration en charge de la promotion de l’image du Cameroun, la défense des intérêts de l’État ainsi que la défense et la protection des Camerounais que le journaliste Raphaël Mvogo se bat comme un beau diable depuis trois ans pour le règlement du litige socioprofessionnel qui l’oppose à l’agence de presse Chine nouvelle et l’ambassade de Chine suite à son licenciement abusif.
Alors que c’est elle qui accorde des autorisations sous la forme de cartes d’identité spéciale, soit des documents diplomatiques, qui permettent aux Chinois désignés par Pékin de s’installer et d’exercer dans notre pays comme « correspondants de l’agence de presse Xinhua de l’ambassade de Chine à Yaoundé ».En Chine, l’agence de presse Chine nouvelle encore connue sous le nom de Xinhua, est un puissant outil de propagande à la fois du Parti communiste chinois (PCC) et du gouvernement. À Yaoundé, son bureau, qui couvre par ailleurs la Guinée équatoriale, la Centrafrique et le Tchad, est déclaré comme un service rattaché de l’ambassade de Chine et est logé en son sein.
L’on se souvient qu’en février 2020, en réponse à un appel à l’intervention de Raphaël Mvogo à Paul Biya, une injonction présidentielle avait été donnée au ministre des Relations extérieures en vue d’un règlement rapide du différend qui oppose le journaliste à son ex-employeur chinois.
Deux ans, le constat établi est que M. Mbella Mbella est resté droit dans ses bottes, sans se sentir obligé de donner la moindre suite aux instructions reçues de son patron, le président de la République. De quoi se poser des questions : le ministre aurait-il conclu un deal avec l’ambassade de Chine ? Pourquoi ne voit-il pas que l’image du Cameroun est ternie par cette affaire qui n’est autre qu’une violation des droits humains d’un citoyen camerounais par un agent étranger ?
Egoïsmes et méchanceté
« Cette affaire est la parfaite illustration de nos égoïsmes et méchancetés les uns envers les autres. Bien évidemment, les étrangers surfent dessus à souhait. Il y a des Camerounais qui ont prêté et continuent de prêter main forte aux Chinois en les encourageant à ne pas me verser mes droits. J’ai fait l’objet de menaces de mort, avec des camerounais à la manœuvre à travers des coups de fil anonymes. Il y a eu une fausse procédure contre moi pour tenter de m’envoyer en prison, avec un camerounais comme plaignant ! J’en ai fait part par écrit au Minrex, aucune réaction », confie Raphaël
Mvogo. « C’est grâce au merveilleux travail accompli par les services compétents du secrétariat d’État à la Défense chargé de la gendarmerie que ces manœuvres criminelles ont pu être stoppées. Je dois dire aussi qu’au sein du ministère des Relations extérieures certains responsables, faisant valoir la Convention de Vienne qui régit les relations entre les différents États membres des Nations Unies, ont tenté de faire avancer le dossier, en conseillant à leurs collègues de la direction des affaires juridiques d’organiser une rencontre tripartite avec l’ambassade de Chine et moi-même. Et c’est pourtant la même démarche prescrite par le Cabinet civil de la présidence, en rapport avec l’instruction du chef de l’État. Par une correspondance reçue de la Conac [Commission nationale anti-corruption], j’apprends plutôt que le ministère a mené sans moi des concertations avec l’ambassade de Chine et qu’il y a même des conclusions que j’ignore », poursuit-il.