Le conseil d'administration de la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), qui gère la partie camerounaise du pipeline reliant le Tchad au port de Kribi, s'est tenu à Paris le 24 mai dans une atmosphère tendue. Cette réunion était marquée par le conflit entre le gouvernement tchadien et la société britannique Savannah Energy quant à la répartition du capital, renseigne Jeune Afrique.
Selon Jeune Afrique, Savannah Energy, soutenue par les représentants camerounais de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), a réussi à faire adopter plusieurs résolutions en sa faveur grâce au "golden vote" détenu par le directeur général sortant de Cotco, Roger Schaefer. Parmi ces résolutions figurait la nomination du successeur de Schaefer, le Français Nicolas de Blanpré. Cependant, ces votes ont révélé une division au sein de la partie camerounaise. Alors que l'envoyé du directeur de la SNH, Adolphe Moudiki, s'est clairement rangé du côté de Savannah, la représentante du ministre des Finances Louis Paul Motaze et du secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh, la directrice des participations et des contributions au ministère des Finances Judith Menguele, s'est alignée sur la position du Tchad.
Selon nos informations de Jeune Afrique, Judith Menguele aurait été informée par Adolphe Moudiki de sa révocation de son poste d'administratrice de Cotco, sous prétexte que sa voix au sein du conseil ne lui serait déléguée que par la SNH, propriétaire de la société. Cette révocation reste suspendue à la validation lors de la prochaine réunion du conseil d'administration.
À la suite du conseil d'administration, la partie tchadienne a exigé que l'Assemblée générale des actionnaires de Cotco se tienne sur place afin de rejeter les résolutions adoptées. Cependant, Savannah et la SNH ont immédiatement refusé, arguant que la SHT devait d'abord formaliser son engagement de rétrocéder à la société camerounaise la part des actions de Petronas qui lui avait été promise. Face à ce refus, la partie tchadienne a organisé une seconde convocation pour une Assemblée générale, affirmant que le quorum requis était réuni. Suite à cela, Savannah et la SNH ont quitté l'hôtel du Collectionneur.
Sans opposition, la partie tchadienne, accompagnée de Judith Menguele, a tenu une Assemblée générale de Cotco présidée par le directeur général de la SHT, Eric Ndaossal. Cette Assemblée a rejeté toutes les résolutions du conseil d'administration, y compris la nomination de Nicolas de Blanpré et la distribution de dividendes aux actionnaires. Eric Ndaossal a annoncé que la gestion de Cotco serait désormais assurée par une équipe proposée par le Cameroun et le Tchad, avec un directeur général proposé par le Cameroun et un adjoint proposé par le Tchad.
Dans un communiqué, Nicolas de Blanpré, qui se considère toujours comme le seul directeur général de Cotco, affirme que l'Assemblée générale du 24 mai et les résolutions qui en découlent ne sont pas conformes aux statuts de la société et sont donc nulles. Ce différend pourrait être soumis à un arbitrage ou être porté devant les tribunaux. En attendant, le gouvernement tchadien affirme que "le coup d'État légal a réussi ; le train est en marche, rien ne l'arrêtera. Notre souveraineté est à ce prix.", précise Jeune Afrique