Abandonnés, ils sont soumis aux exigences atroces de la vie pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
D’un regard agressif, Ernest M connu sous le pseudonyme de big duzy, relate son renvoi du domicile de sa tante avec amertume. « Je suis dans la rue depuis plus de 10 ans. J’y suis venu pour un motif sans sens », déclare t-il.
« C’était un lundi soir, lorsque je suis rentré de l’école, il y avait coupure d’eau. Ma tante m’a ordonné d’aller puiser de l’eau et de faire le plein du tonneau. Il était environ 18 heures et trente minutes. Je n’avais cependant rien mis sous la dent depuis le matin. Après avoir fait trois tours d’eau, je me suis lancé dans la rue pour chercher à manger. A mon retour, ma tante m’a grondé parce que j’avais interrompu mon travail et qu’il était urgent que ses enfants, plus âgés que moi se lavent. Dès lors elle m’a foutu à la porte. Mes parents sont décédés quand j’avais 5 ans.
Aucun membre de ma famille ne m’a fait appelle. J’ai erré au quartier pendant deux jours. C’est une voisine qui me donnait à manger. C’est après plusieurs essais infertiles de retour à la maison que la rue est devenue ma nouvelle demeure», raconte Ernest M. «Je ne suis plus jamais allé à l’école jusqu’au jour d’aujourd’hui, je me suis senti obligé d’intégrer un groupe pernicieux afin d’avoir mon gagne pain.», ajoute-t-il.
Tout comme Ernest M, de nombreux enfants sortis de la rue ont du mal à se prendre en charge. Ils préfèrent être soumis à des pratiques insoupçonnables : «Je n’ai plus peur de la mort, car je préfère vivre heureux et faire des pratiques louches», raconte Bob d’un regard intimidant. «J’ai souffert les premiers moments dans la rue, sans savoir ou manger. Un jour un homme s’est présenté et m’a demandé si je compte toujours vivre dans la souffrance alors qu’il peut m’aider. J’ai accepté ses conditions. C’est alors qu’il m’a emmené dans son église et dès lors j’ai eu un peu d’argent pour créer une activité rentable», poursuit-il.
Selon les informations recueillies, pour impliquer ces enfants de la rue dans une activité, ils sont soumis à des exigences sexuelles au quotidien : «je ne vis que du commerce de mon corps. Je fais de la sodomie. Si un homme d’affaire se pointe et me propose une forte somme j’accepte. Ils sont d’ailleurs nombreux à me solliciter», relate un enfant de la rue. Pour la plupart cette autonomie leur permet de mieux s’épanouir dans leur milieu.
Pas question d’accepter une quelconque aide venant des certaines associations caritatives. «Plusieurs fois les gens viennent nous voir, soit disant qu’ils veulent soutenir notre éducation et créer un dynamisme pour nous impliquer tous. Ce n’est qu’une façon pour eux de se faire de l’argent sous notre dos. C’est chaque enfant de la rue qui se prend en charge. Dans notre milieu pour se prendre en charge, on fait des affaires qui n’honore pas beaucoup l’être humain, mais on s’y plait parce que c’est de là que vient notre pain quotidien », révèle Bobby.
« Après la mort de mes parents j’ai été récupéré par un orphelinat de la place. J’y subissais des tortures, et j’ai préféré partir de là pour la rue. C’est depuis ce jour là que je suis devenu méfiant vis-à-vis des associations caritatives », ajoute un autre enfant de la rue. Apparu en Afrique depuis les années 1980, le phénomène des enfants de la rue est devenu mondial et il est sensible dans la capitale économique.
Ces enfants s’y comptent par milliers, raison pour laquelle la jungle est leur crédo «Dans la rue, on se fait facilement et librement de l’argent mais c’est grâce aux pratiques bizarres. Ici pour réussir, il ya des règles à suivre. Je n’ai plus de dignité car, je suis prêt à tout pour survivre. C’est à cause de ma triste enfance que je suis ce que je suis aujourd’hui», désole Japhet.