La prostituée voulait rembourser moins. Au moment où la police intervient pour la tirer d'un mauvais pas, dans la nuit de dimanche à lundi dernier à Bonabéri (arrondissement de Douala IV), lieudit Ngwele, la jeune femme n'a pas de carte d'identité.
Elle dit se prénommer Martine, avoir 26 ans et déclare être partie de son village pour Douala afin d'y trouver une vie meilleure. Le mauvais pas dont il est question est lié à la vie qu'elle a donc « trouvée ». Ou, du moins, qui lui a été proposée par Brigitte, une sœur déjà installée dans la capitale économique, et active dans le domaine que Martine embrassera : la prostitution.
Environ trois semaines après son arrivée à Douala, Martine, aiguillée par Brigitte, prend ses marques. Et déjà se constitue une garde-robe, en attendant mieux. Dans la nuit de dimanche à lundi donc, les hasards de la « chasse » la conduisent à Bonabéri « Quatre Etages », où elle est invitée par un client. La belle consomme un chawarma (sandwich garni de viande épicée), deux bières, puis le couple prend la direction de Ngwele, pour une auberge appelée « Dedans », ou l'homme, prénommé Claude et surnommé dans le secteur « BP » (pour «Bon payeur »), a apparemment ses habitudes.
Ils prennent une chambre et Martine reçoit 5000 F en paiement anticipé. « BP » fait un tour dans la salle d'eau, s'y dénude et revient pour l'ouverture des hostilités. Mais Martine juge les proportions de l'adversité trop grandes et déclare forfait. Il n'y aura pas match.
Elle propose comme arrangement de remettre à Claude son argent, « moins mille francs pour le temps perdu ». Ce dernier ne l'entend pas de cette oreille. Pour digérer sa frustration, il veut les 5000 F mais aussi les 1000 F du sandwich et les 1000 F des deux bières. Soit, en tout, 7000 F. Martine n'a que cinq cents francs en plus du paiement susmentionné. Le ton monte du « Dedans » au dehors. La querelle attire l'attention, et quelqu'un finit par alerter la police (les Esir).
Pendant l'intervention, une passante s'enquiert de la situation... Edifiée, elle donne à Martine les deux mille francs requis pour boucler l'apurement de la « créance » exigée par Claude. La dame conseillera ensuite à la jeune femme de sortir de la prostitution, lui proposant d'ailleurs son aide pour le retour au village.