Depuis la nuit des temps, la ville de Douala est considérée comme la « porte d’entrée » du Cameroun, le « poumon économique » du 237, la ville « la plus cosmopolite » du triangle national, ou même encore et sans fioriture, « le Cameroun en miniature ». Excusez du peu. Affublée de telles étiquettes bon marché qui font rêver, la capitale régionale du Littoral ne peut qu’apparaitre tel un El Dorado, où la vie se la coule douce. D’une beauté féerique. Sans chauvinisme exacerbé, il faut reconnaitre que ce fût le cas il y a quelques décennies. Les vacances à Douala, pour ne parler que de cet aspect de la vie, étaient du lait à boire sans retenue pour les enfants. Les rues étaient belles, propres. La circulation était d’une fluidité déconcertante.
Un nostalgique dirait qu’on pouvait alors laisser tomber son repas sur le sol n’importe où, le ramasser, et le déguster sans risque de choper un choléra mortel. Au point de donner un autre nom de baptême à cette ville : « Petit Paris ». La population flirtait alors avec la moitié du million d’habitants. Pour une superficie de 20.000 ha diton. Mais c’était sans compter avec le dicton qui stipule que « la nature a horreur du vide ». Les ancêtres de cette contrée, tout comme les dirigeants du pays tout entier n’avaient malheureusement pas vu loin, ou alors, n’ont peut-être pas su anticiper sur ce qui est aujourd’hui leur pire cauchemar. Car il est foncièrement impossible de se voiler la face : Douala est aujourd’hui le Far West camerounais, où tous les coups sont permis. Comme dans le pays de l’Oncle Sam.
Cette région des Etats-Unis est mondialement réputée pour sa dangerosité et son instabilité socio-économique, dans laquelle se développe une société originale, atypique, où se croisent des individus d’origines et d’horizons diamétralement opposés. N’ayant quasiment aucun respect pour les lois en vigueur. Où la consommation des stupéfiants de toute sorte devient le sport le plus pratiqué. Avec un taux de criminalité chaque jour grandissant. Sans parler de l’anarchie virale observée quant à l’occupation des espaces. Douala aujourd’hui, selon certaines sources, c’est une population de 4.063.000 d’habitants. Peut-être faudrait-il prendre cette statistique avec des pincettes. Mais ce qui est évident, c’est que nous n’en sommes pas très éloignés. Douala étouffe. Douala suffoque. Douala est victime de son cosmopolitisme. Non pas pour dire que les compatriotes venus des autres régions n’ont pas le droit de s’y installer. Ils ont ce droit. Chaque camerounais doit se sentir à l’aise partout où il se trouve. Sans discrimination. Surtout lorsque le pronostic vital est engagé. Un combat quotidien, « qui ne laisse personne ».
Il est tout simplement impossible aujourd’hui de faire un quelconque rétropédalage en renvoyant chacun dans sa région d’origine. Pure utopie. N’en déplaise à ceux qui voient d’un œil malveillant la présence « massive » des compatriotes qualifiés « d’allogènes ». Surtout en ce moment où le « vivre ensemble » est plus que jamais de rigueur. Et notamment pour ceux et celles s’étant déjà installés sur les berges du Wouri depuis plusieurs décennies. Parfois de manière totalement légale. L’actualité est focalisée ces derniers temps sur les dégâts causés par les intempéries. Occasionnant des éboulements meurtriers d’habitations, des inondations dévastatrices, et autres noyades, poussant ainsi les autorités compétentes à prendre des mesures dites « fortes », allant des déguerpissements forcés, aux destructions de bâtiments à risque. Ont-elles pris les bonnes décisions ?
Les avis sont très partagés. Mais quelque chose doit être fait, si nous voulons revoir une ville de Douala rayonnante comme à une certaine époque. Et ça, ce n’est pas une utopie. Aujourd’hui, il faut réfléchir et trouver des solutions définitives contre la prolifération des drogues au Cameroun en général, à Douala en particulier, contre le taux de criminalité et d’agressions chaque jour grandissant dans la capitale économique, où l’insécurité grandissante a dressé son lit. Personne n’est à l’abri du pire. Pas même les opérateurs économiques de tous les acabits, qui pullulent dans cette métropole, où bon nombre de Camerounais espèrent trouver leur compte, et vivre ainsi une vie plus paisible. Il faut plus que jamais éviter les erreurs du passé, et savoir anticiper. C’est largement faisable. Et ce, sur l’ensemble du territoire. Aujourd’hui c’est Douala. Demain ce sera une autre ville. Ce qui n’est pas souhaitable.
Douala, capitale économique du Cameroun. Douala, Cameroun en miniature... On pourrait attribuer à cette ville les surnoms les plus enchanteurs, les plus rêveurs, les plus reluisants... Entre l’imagination virtuelle et communautariste il y a la réalité. Impitoyable. Implacable. Cette ville a perdu de sa verve, de sa beauté, de son rayonnement, de sa magie, de sa lueur, de sa douceur, de son odeur, de sa valeur, de sa candeur... Et quand Douala souffre, c’est tout le Cameroun qui peine. Qu’on le veuille ou non. Le Far West camerounais existe. Avec ses images choquantes et tristes. Les communautés locales, aujourd’hui largement minoritaires, sont les premières à en souffrir certes. Mais c’est tout le Cameroun qui est le grand perdant. Le rayonnement de l’Afrique en miniature dépend indubitablement de la renaissance de Douala. Moteur ! Action ! ..