Douala : le père affamé se mue en pyromane

Violent Incendie Le père n'en pouvait plus

Mon, 3 Jun 2024 Source: Cameroon Tribune

Jonas K., 59 ans, a mis le feu à sa demeure mercredi, après une mésaventure sur fond de famine aiguë.

C'est grâce à un puits proche que des riverains de Jonas K., au quartier Song Mahop (Douala III), ont pu éteindre l'incendie survenu mercredi au domicile de ce machiniste retraité de 59 ans. Un incendie allumé par le concerné lui-même, à bout de nerfs au terme d'une journée difficile, selon ce qu'apprendra la gendarmerie territoriale de Nylon - alertée par le chef de bloc.

Ce 22 mai au matin, Jonas K. donne deux mille francs à Miranda, sa fille aînée (24 ans). La jeune femme doit faire du riz sauté. La cuisson est en cours quand le chef de famille sort, laissant une recommandation à la cuisinière: si le repas n'est pas consistant, la maisonnée (une femme et cinq en fants) pourra le consommer en totalité. Lui, il a rendez-vous chez son ami André au quartier Tergal, où un plat de koki lui a été promis. Papa Jonas promet même d'en rapporter si possible.

Arrivé sur place, Jonas K. apprend que son ami et sa femme sont sortis pour une urgence: leur fille a eu un accident de moto en accompagnant son enfant à l'école à Pk 12. Le machiniste retraité décide d'attendre. Il a au moins deux bonnes raisons pour cela: l'épouse de son ami a effectivement trempé du koki, et ce dernier lui avait promis un << dépannage >>. Il faut croire que le problème qui a fait sortir André et sa dame est sérieux, parce que le couple tarde à rentrer.

Jonas K. patiente jusqu'à presque 18h, puis doit se résoudre à s'en aller. A pied, l'estomac dans les talons.

Chez lui, les enfants ont le ventre plein, en revanche. Ils ont mangé deux fois. Quand sa mère l'interroge sur le pourquoi du second service, alors que la part du chef de famille n'a pas été retirée, Miranda l'informe sur ce que son père lui a dit en sortant. Sauf qu'à son retour, Jonas K. demande à manger. « Le riz est fini», répond Miranda, rappelant à son géniteur leur échange du matin. Elle ajoute: << Où est le koki? >>.

Puis tout le monde comprend tout, à commencer par Julienne, l'épouse de Jonas, qui se moque de lui: << Tu es toujours comme ça ! Tu comptes sur quelque chose que tu n'as pas encore eu. Voilà que même le petit riz, tu as perdu!», lance-t-elle, railleuse. Chez les enfants, on se met à rire aussi. Jonas K. menace alors de <<<< faire quelque chose >> qui pourrait amener tout le monde à << rentrer au village >>. Sa femme en remet une couche: <
Ici au moins tu as une maison >». C'est la goutte d'eau de trop. Jonas fonce vers la réserve de pétrole (cinq litres). Sous les yeux incrédules des siens, il en asperge des pans de la maison, puis craque une bûchette d'allumette. Le feu prend. Les rires ont cessé, des cris leur succèdent. Les voisins inter viendront vite, évitant tout drame. Interpellé pour pyromanie, Jonas K. était toujours détenu hier, aux dernières nouvelles.

Source: Cameroon Tribune