Douala: sur les traces des déplacés de la crise anglophone

Mboppi Douala Street Road Des affrontements dans les régions anglophones ont fait plusieurs déplacés

Thu, 12 Oct 2017 Source: camer.be

Parties du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des personnes jadis établies dans ces régions ont du mal à s’intégrer à Douala.

Mardi dernier, Peter Ewane s’est définitivement installé à Douala. Cet ancien résidant de Buea est parti du Sud-Ouest avec toute sa famille et s’est établi sur les berges du Wouri, afin d’éviter les secousses de la crise sociopolitique qui traverse les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis près de douze mois.

Il dit avoir pris la décision de quitter la capitale régionale du Sud-Ouest après avoir sérieusement fait les frais de cette crise qui commence à trop durer. Avant Peter Ewane, de nombreux autres habitants de ces régions du Cameroun n’ont pas attendu que la situation s’enflamme pour aller s’abriter ailleurs.

En quittant Bamenda, ville où il était installé depuis quelques années pour se trouver une quiétude à Douala au mois de novembre 2016, Danielle Tchamba ne s’imaginait pas que son séjour dans la capitale économique serait aussi long. Etudiante à l’université catholique de Bamenda, elle vient de passer une année blanche du fait des revendications en cours. « Mon aménagement soudain à Douala depuis novembre 2016 n’était pas facile.

Après avoir pleuré pour l’année académique perdue, j’ai décidé de m’occuper en faisant des stages académiques », raconte, la mort dans l’âme, Danielle Tchamba. A l’en croire, certaines de ses amis et camarades d’université avec qui elle a fui Bamenda ont trouvé refuge à l’étranger pour y poursuivre leurs études ; d’autres ont demandé et obtenu un transfert pour s’installer définitivement à Douala.

Nouvelle vie

A l’instar de ces étudiantes, la plupart des personnes ayant quitté les villes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans la foulée des manifestations inédites en cours pour s’établir à Douala se recrutent parmi les élèves et les étudiants. Et pour ces personnes, l’adaptation n’est pas facile. C’est une nouvelle vie qui commence. Toutefois, l’équation paraît beaucoup plus compliquée à résoudre pour les chefs de familles et ceux des déplacés de la crise anglophone qui étaient déjà dans la vie active dans leurs villes de résidence respectives. « Je suis mécanicien et je vends également des véhicules. J’entends continuer mon activité ici [à Douala, Ndlr].

Certaines personnes me connaissent et m’appelleront quand elles auront besoin de mes services. Mais, je sais que ce ne sera pas facile. Il faudra du temps pour que je trouve la stabilité que j’avais à Buea », se convainc Peter Ewane.

Tous les parents (ou presque) ayant quitté les zones sus nommées l’ont fait dans le but quasi-ultime d’éviter une année scolaire blanche à leur progéniture. Reste que, même installés à Douala, de nombreuses personnes repérées dans ce cadre-là sont encore nostalgiques. « Il y a des difficultés liées à l’intégration. Au-delà de la langue [le français, Ndlr] qu’il faut apprendre, relancer son activité à Douala n’est pas facile », explique Zakarine, partie de Bamenda.

La plupart ne se prononce pas sur un éventuel retour. Et plus la situation va perdurer, plus va s’éloigner le rêve de rentrer au « bercail ». Il faut noter qu’à l’approche du 1er octobre, date retenue par les sécessionnistes pour proclamer l’indépendance d’une certaine « Ambazonie », République qui regrouperait les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, celles-ci ont enregistré des départs massifs de leurs populations.

Source: camer.be