Un fleuve
C’est un dimanche noir, ce 18 août 2024, à Mipouguè. Le quartier pleure deux de ses enfants. Les corps de Junior, 14 ans et Nathan, 10 ans, en état de putréfaction avancée, ont été découverts dans un filet trempé dans la Kienké, la rivière qui traverse Kribi venant du côté Est de la ville pour l’Océan atlantique.
D’après les témoignages, les défunts étaient portés disparus depuis quatre jours. On raconte qu’après une partie de football au quartier, Junior, Nathan et un autre compagnon se sont rendus à la rivière pour se baigner.
Vers 18h30, Nathan, le plus jeune du trio, est emporté par le courant. Junior, le plus âgé, va à son secours. Malheureusement, les deux enfants vont se noyer. Le troisième, 12 ans, rentre chez lui et se couche sans rien dire du drame vécu à la rivière. Les parents des deux disparus se lamentent. Ils sont loin de s’imaginer que leur progéniture est dans les eaux calmes de la Kienké. C’est au soir du deuxième jour de recherches que la langue de l’unique témoin du drame se délie. Les populations vont à la rivière. Les meilleurs nageurs sont dans l’eau. C’est dans l’après-midi du quatrième jour qu’on retrouve dans un filet de pêche abandonné les corps de Junior et Nathan.
En l’espace de 20 jours, l’on a déjà retiré des eaux de la Kienké cinq corps des suites de noyade. Il y a trois mois, au quartier Dombè, c’est une jeune fille de 23 ans qui s’y était noyée. Elle faisait la lessive et puis, son savon est tombé dans l’eau. Voulant le récupérer, la jeune mère est emportée par le courant, laissant au bord de la rivière sa fillette de trois ans.
